Chapitre 26.2

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              Je suffoquais. Les murs étaient si proches de moi, trop. J'étouffais, mes doigts griffant les parois. Je devais sortir d'ici, j'allais manquer d'air. Sa voix résonna autour de moi, se délectant de ma panique.

 « On te tient. Nous attendions ces retrouvailles avec impatience. »

 La nausée me tordit l'estomac. Je me plaquais contre un des murs, me recroquevillais sur moi-même, les mains plaquées sur mes oreilles pour ne plus l'entendre. Lorsque je sentis des doigts se poser sur moi, je sursautais violemment et tentais de m'enfuir, de trouver une arme, n'importe quoi pour me défendre. Je ne voulais pas revivre cette douleur. Mes mouvements désordonnés furent contenus sous une poigne ferme, mes poignets bloqués.

— Aylyn. Aylyn !

Je me débattais, prisonnière de mon cauchemar. Ils m'attachaient de nouveau, la dureté du cuir râpant mes poignets. Je n'arrivais plus à reprendre mon souffle, totalement paniquée. Pour autant je n'arrêtais pas de lutter, refusant de voir ce liquide bleu atteindre mes veines. L'aiguille était si proche...

— AYLYN !

Mon prénom, crié à mes oreilles, perça le brouillard de panique, desserra l'emprise du cauchemar sur mon esprit. J'ouvris brusquement les yeux, haletante, perdue, avant de croiser deux prunelles d'ambre. Interdite, je le fixais.

— Arenht ? balbutiais-je.

Il glissa ses doigts dans mes cheveux, dégageant mon visage. Ses gestes étaient doux, tendres, en total décalage avec l'état dans lequel je me trouvais. Mon rythme cardiaque s'emballa. Il était si proche.

— Désolé d'avoir crié, s'excusa-t-il, contrit, mais je ne savais pas réagir. Tu avais l'air d'avoir si peur et...

— Merci, murmurais-je. C'était... J'avais l'impression d'y être, c'était si réel. La sensation d'être sans défense alors qu'ils...

Je bloquais sur les derniers mots, la panique rampant de nouveau en moi. J'aspirais une goulée d'air avant de me sentir doucement attiré contre quelque chose de solide et chaud. Son torse. Mes joues s'échauffèrent, mon corps se tendit, incapable de savoir comment réagir. Ses bras m'entourèrent.

— Tu es en sécurité ici.

J'étouffais un soupir tremblant contre son tee-shirt et me laissais aller à son étreinte. J'osais l'enlacer à mon tour, faisant glisser mes mains jusqu'à son dos. J'inspirais avec délice son odeur, bercée par le rythme hypnotique de son cœur résonnant à mes oreilles. Il se contenta de m'offrir sa présence, sans rien me demander. Je finis par m'endormir dans ses bras, mes démons s'étant assez éloignés pour que je me laisse aller au sommeil.

À mon réveil, j'étais seule. Je profitais de cet instant pour me replonger dans le souvenir de cette parenthèse avec Arenht. Dans ses bras, tout s'était effacé, les dernières heures, l'éloignement entre nous. Mais je ne me faisais pas d'illusions. Doc avait raison, je lui devais une explication.

Repoussant la couverture, je balançais mes jambes hors du lit, grimaçant sous les tiraillements dans mon dos. Je les avais presque oubliées, ces cicatrices témoins de cette nuit de cauchemar. J'enfilais le gilet posé sur une chaise et avec prudence je sortis de l'infirmerie et me dirigeais vers le bureau attenant. Avec soulagement j'y trouvais mon ami, seul.

— Hey, l'interpellais-je avec autant de décontraction que possible.

— Ma patience préférée a l'air de mieux se porter.

Il ne fut pas dupe de mes coups d'œil discrets aux alentours.

—Arenht vient de partir, m'informa-t-il. Declan l'a fait appeler. Il n'avait pas l'air très enchanté de te laisser.

Je réprimais un sourire timide. J'avais encore à l'esprit la chaleur réconfortante de ses bras autour de moi. De savoir qu'il n'était pas parti de son plein gré me soulageait et me touchait.

— Une tasse de thé ?

J'acceptais l'invitation et le suivis jusqu'à la cuisine, le pas hésitant. J'appréhendais de tomber sur les autres. La nouvelle avait dû faire le tour, celle de mon inconséquence. Je redoutais leurs reproches tout en les sachant mérités. Personne dans la pièce.

— Ils sont en réunion, m'indiqua Doc.

— Je suis si transparente que ça ?

Il opina en souriant. Je me glissais sur une chaise avec précautions.

— Tu veux en parler ?

Mes mains agrippèrent la tasse. Je lui devais bien ça. Peut-être qu'en lui racontant, ça serait plus simple ensuite avec Arenht. D'une voix hésitante, je lui retraçais mon périple à Toronto, non sans m'arrêter de temps à autre quand l'émotion me comprimait la gorge. Il vint me prendre dans ses bras tout en me promettant qu'ils paieraient. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Where stories live. Discover now