Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 29.3

La voix de Lahra s'estompa au fur et à mesure qu'un bourdonnement résonnait dans mes oreilles. Je ne me sentais vraiment pas bien. La photographie me narguait. Le parking souterrain, la cave de l'immeuble... Agrippant le verre d'eau posé devant moi, je le vidais d'un trait. Arenht me fixait de l'autre côté de la table, inquiet. Pourquoi me regardait-il ? Qu'il prête plutôt attention à Lahra. Elle adorait être le centre de l'attention elle. J'essayais d'écouter la suite malgré tout.

- Dans ces lieux, ils retenaient leurs prises et leur soutiraient des informations...

Je frémis violemment. Mes cauchemars venaient de resurgir. Repoussant ma chaise, je m'excusais avant de sortir en trombe de cette pièce, la respiration fébrile. Dans le couloir, je m'appuyais contre le mur, nauséeuse, le front contre la fraîcheur de la pierre. Inspirer, souffler, inspirer, souffler. Lentement les tentacules cauchemardesques lâchèrent leur emprise, s'estompèrent de mon esprit. Des pas se firent entendre, martèlements des chaussures sur le sol résonnant jusqu'à moi. Je fermais les yeux, espérant ainsi devenir invisible, disparaître juste quelques minutes. La personne s'arrêta à l'entrée du couloir. Arenht ? Antonh ? Qui m'avait suivi ? Alors même que je souhaitais rester seule, la curiosité mordante me poussait à me retourner pour voir qui se tenait derrière moi. Finalement, je n'eus pas à céder.

— Petite louve. Ça va ?

À ces quelques mots, je reconnus mon grand frère de cœur. Toujours la tête contre le mur, je secouais la tête, continuant à faire refluer la panique.

— Sortons un peu. L'air frais te fera du bien.

Me retournant, j'acquiesçais, soulagée que cela soit lui et en même temps, déçue que cela ne soit pas son frère. Longeant le long couloir, nous empruntâmes les escaliers avant de déboucher dans l'immense cour intérieure du complexe.

— Les photographies... C'est là qu'ils...

Je hochais la tête. Je me laissais tomber sur l'un des bancs, les jambes cotonneuses. Il me prit dans ses bras.

— Declan l'a incendié dès que tu as quitté la pièce. Apparemment elle a pris quelques libertés avec le programme prévu. Je ne la sens pas cette fille, ajouta-t-il à mi-voix.

— On est trois alors. À part Doc, les autres n'ont pas l'air de la trouver louche.

— Je vais mener ma petite enquête. Tu viens avec moi voir le doc ?

— Oui. J'ai mon checkup quotidien à faire.

Être avec mes deux meilleurs amis, le meilleur remède pour enrayer une crise de panique. On discuta du voyage d'Antonh, des paysages découverts. On parla de tout et de rien, veillant à ne pas évoquer les sujets trop sensibles. Cette parenthèse me fit du bien. Je les laissais pour aller m'entraîner. Malgré un manque de justesse dans mes lancés, je continuais plus d'une heure autant pour travailler mes gestes que pour évacuer la tension. Au moment où je rangeais mon matériel, je reçus un message d'Antonh m'invitant à le rejoindre à la cuisine. Je pris une rapide douche avant de m'y rendre.