Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 17.4

— Qu'est-ce qu'elle a ?

L'inquiétude perçait dans la voix d'Ethan. Sans daigner lui répondre, Arenht continuait de me parler à mi-voix comme pour me garder focalisée sur lui. Et c'est bien ce que je faisais. Alors que l'angoisse refluait, j'avais une conscience exacerbée de son corps autour de moi.

J'entendis Ethan batailler avec la portière. Il finit par jurer avant d'escalader le siège passager à l'avant. Je sentis Arenht se crisper, mais il resta silencieux. Moi qui m'attendais à l'entendre râler sur le jeune homme pour qu'il regagne l'intérieur du véhicule, j'en étais pour mes frais. Mon partenaire se détacha légèrement de moi, m'observant alors qu'Ethan s'approchait de nous.

—Ça va ? me demanda-t-il l'air dépassé. C'était quoi ça ?

La deuxième question s'adressait à mon coéquipier. Parlait-il du petit rodéo dont nous venions de faire l'expérience ou de ma crise ? Aucune idée, mais la réponse laconique d'Arenht s'appliquait à l'une ou l'autre sans distinction.

— C'est bon je gère.

Il me remit sur pieds après m'avoir scruté un moment. Je réussis à lui offrir un pauvre sourire, gênée de m'être encore ridiculisée. Il allait en avoir marre de mes faiblesses à ce rythme. J'étais loin d'être une partenaire fiable.

Il reprit le volant, se tournant de temps à autre vers moi. Heureusement, le Complexe était en vue, enfin. Après ce trajet sous haute tension, j'avais eu mon compte. À peine les roues s'arrêtèrent que je sortais de la voiture. J'ouvris la portière arrière, libérant le jeune homme. La silhouette de Declan émergea de l'entrée du bâtiment. Je me mordillais les lèvres. Comment allait-il réagir ? Arenht l'avait averti avant de prendre la route. Son visage gardait la même allure que d'habitude. Impossible de savoir ce qu'il pensait avant qu'il ouvre la bouche.

Ethan venait de se positionner à mes côtés, observant avec attention l'environnement. Je priais pour qu'il ne fasse rien d'idiot. La façon dont il m'avait abordé était loin d'être agréable. Je le surveillais du coin de l'œil, redoutant de le voir sortir une lame de dieu sait où. Arenht l'avait fouillé au préalable. En trouvant, la lame dans sa poche, celle-là même dont il s'était servi pour me menacer, le regard de mon partenaire avait viré à l'orage. Heureusement j'avais réussi à temporiser les choses. Ne pas mentionner son attaque en était une.

Arenht sortit à son tour du véhicule et se dirigea directement vers notre chef.

— Tu es prêt ? m'enquis-je, plus stressée que lui apparemment.

— Prêt à me jeter dans la gueule du loup.

— Ne me fais pas regretter, lâchais-je. Et évite ce genre d'humour s'il te plaît.

La vision de mon ancien camarade entouré de ma nouvelle famille, voilà une image que mon cerveau peinait à appréhender. J'étais tiraillée entre la nostalgie de l'époque où nous traînions ensemble avec Cassie et la peur de ce qui pourrait lui arriver. Il n'était pas en sécurité à mes côtés. Mais la résolution brillant dans son regard ne laissait aucun doute sur ses intentions. De toute façon, la balle était dans le camp de Declan à présent. Tous les membres présents du clan s'étaient agglomérés autour de lui dès qu'il avait franchi les portes du Complexe, puis Declan s'était isolé avec lui dans son bureau. Depuis une bonne heure déjà.

Les battants se refermèrent devant nous. Je sentis les regards intrigués du reste du clan s'attarder sur moi, mais aucun ne s'aventura à me poser des questions. J'échappais au moins à cela, pour le moment. Le couloir se vida, me laissant seule avec mes doutes. Je m'en voulais encore d'avoir mis Arenht dans cette position. Au-delà des conditions m'ayant conduite à ce geste, c'est sa déception envers moi qui me tourmentait. Même s'il m'avait rassuré lors de l'accrochage en voiture, il ne m'avait accordé aucun regard, aucune parole dès les portes du domaine franchies. Une courte conversation avec Declan puis il avait décampé. Message reçu, il m'évitait.

Je devais lui expliquer. Où se trouvait-il à présent ? Dans quel lieu s'était-il isolé ? Faisant confiance à l'instinct de ma louve, je lui laissais la voie libre. La transformation me demanda un effort inhabituel. Un souci de plus que je refoulais pour me concentrer sur mon partenaire. Mes pattes foulèrent le sol inégal de la forêt, je humais l'air à la recherche de la plus infime trace de son passage. Cette balade me permettait de prendre un peu de recul sur la réapparition d'Ethan et sur les conséquences inévitables de sa présence ici. Je ne pouvais me départir de ce sentiment réconfortant de retrouver une partie de mon ancienne vie, malgré les bouleversements qu'il apportait.