Chapitre 31.1

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Il me fusillait du regard. Je me dégageais de sa prise. C'était bien la dernière personne que je m'attendais à voir ici. Je me crispais en sentant son regard désapprobateur sur moi.

— Ne viens pas m'empêcher de m'amuser.

Il se rapprocha davantage, me toisant. Apparemment il en avait l'intention. Je soufflais.

— Je n'ai pas besoin que tu me colles, insistais-je. Pas besoin d'un grand frère protecteur.

Une lueur traversa ses yeux. De la douleur. Un éclair de culpabilité me noua la gorge. En vérité, je ne désirais rien d'autre que lui. Je désirais plus que je ne pouvais avoir de sa part et cela me détruisait, petit à petit, insidieusement. La présence de Lahra exacerbait cette douleur. Alors j'essayais de faire en sorte de passer au-dessus.

D'un mouvement brusque il reprit mon poignet et avança. Je fus dans l'obligation de le suivre. Mon partenaire de danse se garda bien de s'interposer face à son regard noir. Il m'entraîna dans le couloir menant aux toilettes. Je n'essayais même pas de me dégager cette fois-ci. Je ressentais sa colère de façon quasi tangible. Malgré mon propre énervement, je ne me sentais pas de taille à l'affronter. Les lieux étaient déserts, heureusement. Il ferma la porte, la verrouilla. Le cliquetis du verrou me fit tressaillir. Instinctivement je croisais les bras, comme pour me protéger. Je le vis se pencher au-dessus du lavabo, bras tendus, tête baissée. Je ne l'avais jamais vu dans cet état de tension. J'allais m'avancer vers lui quand il fit volte-face, plantant son regard ambré dans le mien.

— Tu faisais quoi là ?

— Je dansais.

— La dernière fois ne t'a pas suffi ? siffla-t-il.

— Je ne vois pas du tout...

— Excuse-moi de ne pas vouloir que n'importe qui te passe dessus, enchaîna-t-il.

Je tressaillis avant de bouillonner littéralement. L'accusation sous-tendant ses paroles me choqua. Me prenait-il vraiment pour ce genre de fille ? Je m'efforçais de ne pas montrer à quel point il m'avait blessé.

— ça ne regarde que moi, lâchais-je la voix vibrante de colère. Je ne suis pas une gamine, même si vous avez tous tendance à le croire.

— Ayl. Je ne t'ai jamais considéré comme une gamine, loin de là. Si seulement...

Il émit un rire amer.

— Cela aurait peut-être rendu les choses plus simples, termina-t-il comme pour lui-même. Regarde-moi s'il te plaît.

Je sentis son contact sur mon bras alors que je fixais le sol, les larmes prêtes à jaillir. Le ton douloureux de sa voix me broya le cœur. Je n'avais pas réalisé à quel point je l'avais fait souffrir avec mon comportement. Sa main relâcha son étreinte. Une affreuse sensation de vide m'oppressa alors. Je m'entourais de mes bras dans une dérisoire tentative de garder contenance.

—Tu medétestes à ce point ?

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Where stories live. Discover now