Chapitre 33.2

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Comprenant son allusion, je sentis la colère bouillir dans mes veines. Mon regard croisa celui d'Arenht. Mon dieu, non ! Pas lui.

— Je suis sûre que le spectacle va te plaire, enchérit Lahra tout en armant l'aiguille. Nous avons apporté quelques améliorations au virus. Il devrait être plus fulgurant désormais.

Je tirais de toutes mes forces sur les chaînes m'emprisonnant, ne me souciant pas de la brûlure que cela entraîna sur mes poignets. Impuissante, je la voyais se diriger vers lui, inexorablement. Des larmes de rage embuaient mes yeux tandis que je m'acharnais à lutter contre mes liens.

— Ne le touche pas sale vipère, crachais-je. Je te l'interdis !

Une lueur mauvaise éclairait son regard quand elle me toisa.

— Toi. Tu m'interdis ? susurra-t-elle. Je n'ai pas attendu ton accord pour le toucher à l'époque et je m'en passerais encore.

La pique fit mouche sur le coup, me paralysant. Près de moi, les chaînes d'Arenht tintèrent bruyamment.

— Ne l'écoute pas Aylyn. Cette cinglée prend ses rêves pour des réalités.

Les yeux de Lahra flamboyèrent littéralement de colère.

— C'est vrai que tu m'as repoussé. Peut-être que si tu n'avais pas fait le difficile, je t'aurais épargné. À présent, passons à la punition.

Évidemment, il ne se laissa pas faire aussi facilement. Quand elle vit que la chose ne serait pas aussi aisée que prévu, elle appela ses acolytes à sa rescousse.

— Attachez-le sur cette table et ne lésinez pas sur les entraves, c'est qu'il est encore sauvage celui-là.

Ils obtempèrent, n'hésitant pas à lui asséner un puissant coup sur la nuque pour le rendre plus docile. Il s'affaissa, sonné. La colère enflammait tout mon être, ma louve hurlant à la vengeance, assoiffée de leur sang.

L'acier de la chaîne grinça, craqua. Petits bruits secs, métalliques auxquels je ne fis pas attention tout de suite, trop occupée à tirer sur mes liens comme une forcenée pour les arrêter. Ils avaient placé Arenht sur une table et attaché telle une bête sauvage et j'étais obnubilée par l'aiguille s'approchant de son cou. Soudain, je sentis du leste au niveau de mes bras. Incrédule, je vis les mailles de la chaîne se distendre, sur le point de se rompre. Sans que j'en aie eu conscience, j'avais récupéré une partie de ma force. Je continuais d'exercer des pressions sur mes liens, en prenant garde qu'ils ne se rendent compte de rien. Je n'avais pas trop à m'inquiéter de ce côté-là, ils étaient tous absorbés par l'injection qui allait avoir lieu. Dans une dernière secousse, mes poignets furent libérés. Avant qu'ils aient pu réagir au bruit retentissant de l'acier claquant au sol, je me ruais vers mes lames avant de leur faire face. Le contact de l'acier froid et acéré entre mes doigts me remplit d'une force calme.

Le Décoloré fut le premier à s'avancer vers moi, sa main se posant sur le renflement de sa poche. Une arme à feu. Un sourire naquit sur mes lèvres alors que je faisais glisser le poli de la lame dans la paume de ma main. Il n'avait aucune chance, le temps de dégainer, je l'aurais déjà transpercé. Il n'apprécia pas ma mine enjouée.

— Qu'est-ce que tu crois faire quoi avec tes joujoux ? Sans tes capacités de loup, t'as aucune chance, ricana-t-il avant de lâcher un juron retentissant.

Il regarda sans comprendre le bout d'acier planté dans son bras. Déjà une tâche écarlate fleurissait sur sa manche.

— Ce n'est qu'un avertissement, lâchais-je d'une voix froide. Alors écartez-vous tout de suite d'Arenht où je vous épingle tous.

Les autres ne demandèrent pas leurs restes et déguerpirent. Lahra plissa les yeux, furieuse de voir ses plans bouleversés. Elle hésita un instant, l'aiguille à quelques centimètres de son but. Je déglutis nerveusement. En un geste, elle pouvait lui injecter le virus. Le risque n'était pas permis. Serais-je assez rapide et précise pour l'en empêcher si elle le tentait ? Armant ma main, je lançais vivement la lame. Celle-ci tourbillonna, éclair argenté, puis se ficha dans le mur. Retenant mon souffle, je vis avec un soulagement intense que la cible avait été atteinte. Incrédule, Lahra fixait sa main, qui quelques secondes plus tôt tenait la seringue. Celle-ci gisait sur le sol, brisée, percutée par la lame. Je ne pus m'empêcher de penser que Trenan aurait été fier de moi.

Elle s'écarta de la table, sans me lâcher des yeux. La peur se frayait un chemin en elle, je pouvais le sentir, de nouveau. L'effet du virus se dissiperait-il ? Son complice tenta une nouvelle fois de saisir son arme, cette fois à l'aide de son bras valide. Il n'eut pas l'occasion de l'atteindre. Un cri de douleur récompensa mon tir. Pour le calmer définitivement, deux autres lames partirent, s'enfonçant dans la chair de ses cuisses. Il tomba au sol en geignant. Un de moins à m'occuper. Les deux autres décampèrent vivement vers la porte de secours, sans demander leurs restes.

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Where stories live. Discover now