Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 11.2

Une vibration. Elle remontait le long de ma colonne vertébrale, s'y enroulait, longue ondulation. Le moment était venu. Effectivement je le sentais. Le phénomène s'intensifia, telle une vague de chaleur. Elle se déployait, s'infiltrait dans le moindre de mes os, incendiait mon sang. Je me retrouvais à quatre pattes, les muscles tendus, le souffle court, attentive à ce qui se déroulait à l'intérieur de moi.

« Ne lutte pas. Laisse-moi faire. Détends-toi. »

Elle me parlait. Ma louve, mon double animal. Se détendre. Facile à dire alors que mon corps se transformait littéralement. La pression se faisait de plus en plus forte. La douleur arriva. Je fermais les yeux, mes doigts agrippèrent les touffes d'herbes à ma portée. Des flashs rouges éclatèrent devant mes paupières closes. Je tentais de réguler ma respiration. La perte de contrôle amena un début de panique. La sensation d'étouffer s'intensifia.

« Lâche prise ! »

La voix éclata dans mon crâne, impérieuse. Mon corps y obéit avant que je puisse réfléchir. Je lui laissais alors le contrôle. Je perdis pied...

Une odeur familière m'accueillit à mon réveil. J'inspirais profondément, avant même d'ouvrir les yeux. Je cherchais la provenance, troublée par l'acuité de mon odorat. Je décelais la note boisée puis, plus discrète une odeur plus chaude, épicée. Mes paupières se relevèrent brusquement. Arenht. Impossible de me tromper. Cette odeur n'appartenait qu'à lui.

Je me levais, déstabilisée un instant par la souplesse de mes mouvements. Quelque chose clochait sans que j'arrive à mettre le doigt dessus. L'esprit un peu nébuleux, comme si je sortais d'un profond sommeil, je baissais les yeux vers le sol. J'aperçus des pattes posées sur l'herbe douce, le pelage d'une blancheur soyeuse. Des pattes de... loup ? Je fis un bond, effrayée. La patte suivit mon mouvement. Interloquée, je remontais le long des membres poilus. Mon cerveau peinait à comprendre, refusant le message que mes yeux lui envoyaient. Ça ne pouvait... Comment ? Je cherchais de l'aide sans en trouver. J'étais seule au milieu de ... Oh. Je percutais. La transformation... C'était... Déstabilisant, et encore le mot était faible pour décrire cette sensation plus qu'étrange de ne pas être dans son corps. J'agitais mes pattes, je fis jouer ma langue sur mes crocs, surprise par leur tranchant.

Un bruit me fit dresser l'oreille. Quelqu'un approchait. Ce ne fut d'abord qu'une ombre, à demi-dissimulée par le feuillage, puis un museau émergea, des pattes avancèrent avec précaution dans ma direction. Je me focalisais sur cette apparition, figée. Un pelage d'un noir velouté, des prunelles d'un ambre intense, braquées sur moi. Lui. Tout se télescopa. Mon esprit repartit en arrière, lors de cette nuit où tout avait basculé. Ce loup. Lui. Arenht. Une évidence.