Chapitre 10.4

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Je sursautais, passais de l'un à l'autre en secouant la tête, éberluée. Quoi ? Est-ce qu'ils... Mon cerveau venait de bugger.

— Vous... C'est... Pourquoi ?

Ils retenaient visiblement leurs rires, attendant que j'arrive à formuler une phrase complète. Je ne rêvais pas, ils venaient de me donner les clés d'un appartement. La bouche entrouverte, je fixais l'objet trônant au milieu de ma paume, totalement débordée d'émotions.

Une main amicale vint effleurer mon bras, me sortant de ma transe.

— Alors ? Notre surprise te plaît ?

Je riais à travers mes larmes.

— Vous êtes fous, vraiment. C'est... trop. Je...

— Respire Aylyn, me conseilla Antonh tout en ébouriffant doucement mes cheveux. Tu es de la famille maintenant. Et on prend soin de notre famille.

Ces simples mots, ajoutés à son geste me firent éclater en sanglots. Désormais ils étaient tout pour moi. Ils m'offraient beaucoup plus qu'un lieu où me poser. Tellement plus. Je n'étais pas habituée à recevoir autant des autres. Je me retrouvais à demi écrasée entre les deux amis, entourée de leurs bras réconfortants. Je finis par leur demander de me laisser respirer entre deux éclats de rire. Mes nouveaux amis, capables de me faire passer des larmes au rire en un moins de deux secondes. Une fois l'émotion retombée, je découvris les lieux.

Petit, mais cosy, l'atmosphère accueillante donnait envie de s'y poser. Le studio se composait d'une pièce unique, mais chaque espace était délimité. Le coin salon avec son petit canapé au doux ton gris faisait face à une petite table basse en bois brut, derrière, un petit coin-cuisine souligné par un bar, puis la chambre dont un rideau protégé l'intimité. Adjacente, une salle de bain contenait une douche et un lavabo. Il n'y avait rien de superflu, mais le tout suffisait amplement à mes besoins et l'on s'y sentait bien. De vastes baies vitrées occupaient tout un pan du mur, laissant entrer la lumière à flot.

Je n'arrivais pas à m'expliquer la sensation curieuse qui me saisit alors que je faisais le tour de la pièce, comme une présence imprégnant les murs.

— Qui habitait ici ? demandais-je tout en étudiant les reproductions accrochées au mur.

Il y eut un raclement de gorge. Je me retournais vers les deux hommes en attendant leur réponse. Je crus discerner une gêne dans leur expression, avant que Doc ne prenne la parole.

— Une personne qui nous a malheureusement quittés.

Je remarquais les traits crispés d'Antonh, son regard fuyant, ses doigts effleurant la tranche des livres posés sur les tablettes. La personne en question avait compté pour lui. Je me sentis mal à l'aise de prendre possession de lieux leur rappelant une perte.

— Je peux me débrouiller pour trouver autre chose, commençais-je.

Antonh releva les yeux sur moi.

— Tu seras très bien ici. Ces lieux sont vides depuis bien trop longtemps.

— On a amené tes affaires, intervint Doc, en profitant pour changer de sujet. Toutes celles de ta chambre étudiante. Arenht a fait le dernier voyage pendant que ta coloc était en cours. On a bien sûr laissé un petit mot pour lui expliquer ton départ. Enfin... une explication pour la rassurer.

Bien entendu. Les vraies raisons s'apparentaient plus à un mauvais film, presque trop délirant pour être plausible. L'idée de l'appeler et tout lui raconter avait effleuré mon esprit. Quelques secondes à peine. Toutes les raisons pour lesquelles c'était inenvisageable me tombèrent vite dessus. Je risquais de la mettre en danger, sans parler de l'énormité de la nouvelle. Moi une... louve-garou. Vu ma propre réaction à l'annonce de ma vraie nature, je n'osais imaginer celle de Cassie.

— Alors ça te plaît ?

La question de Doc me fit revenir au présent.

— J'adore, lui assurais-je. Je ne sais pas comment vous remercier...

— Fais-nous un petit café, proposa-t-il l'air de rien. On t'a aussi mis les denrées de bases. Thé pour toi et café pour tes invités, ajouta-t-il.

— OK, je vais préparer ta dose, le taquinais-je. Antonh, même chose ?

Je m'empressais de prendre possession du petit coin cuisine. Je sentais que j'allais me plaire ici. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant