Chapitre 21.2

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Nous descendîmes après un rapide déjeuner. J'avisais aussitôt mon chauffeur attitré. D'un regard, Doc jaugea celle qui m'accompagnait. Après une douche, une nuit de repos et des vêtements propres, elle avait plus d'allure que la veille. Vraiment plus d'allure. Je repoussais ce petit pincement désagréable dans ma poitrine.

— Doc, Laura.

Un simple hochement de tête avant d'ouvrir les portes et de s'installer au volant. Son attitude me surprit. Je le connaissais plus sociable. Quelle mouche l'avait piqué ? Je comptais bien avoir une petite conversation avec lui dès que nous serions arrivés.

Après un trajet où régna un silence de plomb, la voiture stoppa une fois garée dans le sous-sol. Tiens, un nouveau truc qui me chiffonna. Pourquoi ne pas s'être arrêtés en face du perron ? Ce fut donc par l'ascenseur que nous débouchâmes au rez-de-chaussée, près d'une salle à peine meublée. C'était la première fois que je la voyais. Doc nous fit signe d'entrer et indiqua que Declan allait arriver sous peu. Je le regardais partir, sidérée. À quel jeu jouait-il ? Me tournant vers Lahra, j'affichais l'air le plus serein possible. Je ne voulais pas l'effrayer davantage. Heureusement Declan apparut rapidement. Il me pria de le laisser avec la jeune femme. Je m'esquivais donc, fonçant aussitôt vers le bureau de mon ami lunatique.

Dépassant la petite pièce où il nous recevait pour les soins, je trouvais la porte de son bureau entrouverte. Habituellement, je ne franchissais jamais ce seuil. Cette fois, je poussais le battant et stoppais net devant la scène. Une montagne de feuillets épars jonchée le bureau, la table arrière accueillait un amas de tubes étiquetés dont la plupart étaient remplis d'un liquide rouge. Mes prélèvements, devinais-je en continuant de balayer les lieux.

— Aylyn.

Je sursautais, n'ayant pas décelé sa présence avant. Je le découvris, affalé sur sa chaise, dans le coin près de la porte. En le regardant bien, je notais les cernes ombrant ses yeux bleus, ses cheveux décoiffés par les passages répétés de sa main. Il semblait exténué.

— Doc... Tu...

— J'ai une tête de déterré, hein ? Les nuits blanches ont leurs revers, même pour nous.

— Ne me dis pas que tu travailles non-stop sur ce sérum ?

Il se contenta de hausser les épaules. Il allait se tuer à la tâche. Je m'approchais de lui.

— Ce n'est pas comme ça que tu vas m'aider. J'ai besoin de vous pour me soutenir, de votre force. Si tu ne te reposes pas, ton cerveau ne suivra pas, tu le sais. J'ai confiance en toi, Doc. Pas besoin de jouer au héros, pas de cette façon-là.

Il se redressa sur son siège et essuya mes joues, un sourire contrit sur les lèvres. Tiens, je pleurais.

— Désolé, ma Belle. Tu as raison. Je te promets d'être raisonnable. C'est juste que tout ça, ça m'empêche de dormir. De savoir que ce truc te détruit de l'intérieur...

— Je sais, soufflais-je. Moi c'est d'être mis à l'écart qui me rend dingue. Je comprends pourquoi, mais c'est dur à digérer. Enfin... Ne me fais plus de frayeur pareille. Tu étais vraiment trop bizarre. Pour la mise à l'aise de la nouvelle, c'était raté.

— Ah oui, la protégée d'Ethan. Des nouvelles complications dont on se serait bien passé.

— Elle a presque vécu la même chose que moi.

— Declan fera le nécessaire pour l'aider, conclut-il en se relevant. Bon, je vais ranger un peu ce fouillis avant d'aller me reposer.

— OK. Attention, je t'ai à l'œil !

Il secoua la tête en riant. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora