Chapitre 20.4

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Devant l'appartement, je n'en menais pas large. Me pointer chez ceux que j'évitais depuis plusieurs jours ne me semblait plus une aussi bonne idée. Je sentais d'avance le malaise quand il me découvrirait sur le pas de leur porte. Avant de me dégonfler, j'appuyais deux fois sur la sonnette, puis encore une fois.

La porte s'ouvrit et je demeurais figée devant la silhouette qui s'en détachait. Les battements de mon cœur s'affolèrent. Son odeur satura l'air autour de moi. J'inspirais autant pour me ressaisir que pour m'enivrer de son parfum, telle une droguée en manque. Ma louve n'était pas en reste.

— Oui ? Ah... Aylyn. Tu es venue ?

Pendant quelques secondes, je restais muette, encore étourdie par sa présence. Pourquoi ne m'étais-je pas préparée à ce que cela soit lui qui ouvre ?

— Je... Oui. Je ne me sentais pas bien ces derniers temps, mais... ça va mieux, donc... Je ne dérange pas ? Je n'ai pas prévenu, je sais...

Sa main me saisit le bras et m'attira à l'intérieur, pendant que son rire grave vibrait à mon oreille.

— Tu nous manquais, Ayl. Tu es toujours la bienvenue ici.

Il avait insisté sur le « toujours ». Heureusement qu'il faisait froid dehors, mes joues rouges n'attireraient pas l'attention. À peine entrée, je me fis happer par Doc, puis Antonh. Je subis leurs embrassades en riant. Du coin de l'œil je notais la silhouette de Sheren légèrement en retrait, les bras croisés. Me dégageant doucement de mes deux pots de colle, j'ouvrais les bras dans sa direction. Un haussement de sourcil puis il me bondit littéralement dessus. Déséquilibrée, je tombais à moitié sur le canapé. D'une tape, je le sermonnais, un fou rire contredisant ma réprimande.

— Si tu leur sautes dessus comme ça, ne t'étonne pas qu'aucune fille ne reste avec toi. Quel bourrin !

— Ah, Lynee ! Elles n'ont jamais eu à s'en plaindre, c'est moi qui suis difficile.

Je levais les yeux au ciel tout en acceptant la main secourable tendue vers moi. Celle d'Arenht. Je frissonnais à son contact, mon fou rire s'éteignant dans ma gorge.

— Allez, les enfants. C'est l'heure de la pizza, lança-t-il.

Ils se précipitèrent tous au salon en se bousculant. Je me joignais à eux, le cœur plus léger. J'avais eu tort de me replier sur moi-même, avec eux je me sentais plus forte. Ma famille.

En fin de soirée, après avoir aidé à ranger, je cherchais Antonh pour le saluer avant de rentrer. Je le trouvais dans sa chambre, occupé à organiser son sac de voyage. M'avisant, il m'invita à entrer. Les gestes assurés, il rangeait son matériel photo, méthodiquement. Chaque pièce disposée sur la table pour ne rien oublier. Les différents objectifs me fascinaient. Il m'expliqua leur usage avec patience. J'écoutais avec intérêt, au début tout au moins. À un moment mon esprit partit à la dérive. Une fois parti, il ne reviendrait pas avant un bon mois. L'Amérique du Sud. Ma gorge se serra en songeant à quel point il allait me manquer.

— La tête ailleurs, Aylyn ?

Je sursautais, avisant Antonh qui m'observait le sourire aux lèvres.

— Hein ? Euh, excuse-moi. Tu disais ?

— Rien d'intéressant. Qu'est-ce qui te tracasse ?

— C'est long un mois, lâchais-je malgré moi.

Il vint m'ébouriffer les cheveux.

— On reste en contact et puis t'auras toujours Doc pour papoter, ajouta-t-il. Et mon frangin pour veiller sur toi.

J'acquiesçais. C'était puéril comme réaction. Mais il était difficile de se défaire de ses peurs. Ils représentaient ma famille désormais et le voir partir loin de moi faisait remonter l'angoisse qu'il lui arrive quelque chose. Il a l'habitude, je me le répétais en espérant me sentir mieux. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang