Chapitre 24.2

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— Mes amis vont apprécier le petit cadeau que je vais leur faire.

J'avalais une gorgée pour me donner une contenance, lui retournant un regard incertain. Je n'avais pas prévu qu'il ne soit pas seul. Lorsqu'il se pencha tout près de mon visage, m'effleurant de son souffle chaud, je me tassais un peu plus sur l'assise du fauteuil.

— Qui eut cru que l'un des vôtres se jetterait de lui-même dans la gueule du loup ? Excuse-moi du jeu de mots. Je m'interroge... Es-tu là de ta propre volonté ou juste un appât ?

Mes pupilles se dilatèrent sous l'effet de la peur. Il m'avait percé à jour. Comment ? Mes doigts se crispèrent sur le verre délicat alors que mon cerveau passait en revue les options dont je disposais. La marge de manœuvre était quasi nulle. Je me levais brusquement, prête à prendre la fuite.

Le coup me prit totalement par surprise. Je m'affalais sur le sol avant de comprendre ce qui m'arrivait. Mes doigts vinrent effleurer la commissure de mes lèvres, là où le sang commençait à perler. Un grognement de douleur m'échappa. Ma louve montrait les dents, ruant contre les liens invisibles qui la maintenaient à l'intérieur.

— Ah, on montre les crocs. J'attendais de voir ce qui se cachait derrière cette façade de fille timide. Bien.

Il se frottait les mains de satisfaction, ses yeux brillants d'une lueur de prédateur. Mes ongles me rentraient dans la peau alors que je serrais les poings pour contenir la rage qui montait. La contrôler, mais non l'éteindre. Elle allait me servir, seule arme dont je disposais pour me sortir de ce pétrin.

Sa main me saisit par le bras et me releva avec brutalité, puis sans me lâcher, il m'entraîna vers le fond de la pièce. Je ne tentais pas de me débattre, sachant la chose inutile. Il était d'une force largement supérieure à la mienne et sur son terrain. Je devais réfléchir, garder autant que possible l'esprit clair alors même que les élancements à mon visage se faisaient plus vifs. Ne surtout pas perdre pied, laisser la panique m'envahir.

Il actionna un mécanisme invisible à l'œil nu. Une partie du mur coulissa en silence, laissant apparaître un renfoncement dépouillé au plafond duquel brillait une unique ampoule jetant une lumière blafarde sur les lieux. Je déglutis en comprenant que j'allais y être enfermée jusqu'à ce qu'ils arrivent. Il me rapprocha de son visage, son souffle me balayant la joue. Mon estomac se tordit de dégoût alors qu'il posait sa bouche contre la peau de mon cou.

— J'ai promis de ne pas abîmer la marchandise, mais jouer avec...

Ses doigts glissèrent le long de ma hanche, jusqu'à l'ourlet de ma jupe, puis remontèrent. Ma respiration se bloqua autant de répulsion sous ses attouchements que de peur panique qu'il découvre mon arme... Une sonnerie de portable interrompit son geste. Je faillis défaillir de soulagement. L'expression « sauver par le gong » n'ayant jamais pris autant sens qu'à ce moment.

Il jeta un coup d'œil à l'écran de son téléphone avant de soupirer.

— Les affaires m'appellent. Dommage.

D'une poussée, il m'envoya à l'intérieur du réduit et referma la porte. Je me laissais glisser à terre, me recroquevillant sur moi-même. J'entendis ses pas s'éloigner. Ma respiration se relâcha. Je pris conscience que je l'avais retenu jusqu'alors. Des tremblements convulsifs agitèrent mon corps, contrecoup de toute la tension accumulée. Aucun son ne sortit de mes lèvres. Ne surtout pas lui donner la satisfaction de m'entendre gémir ou hurler. Je les sentais à l'orée de ma gorge, prêt à jaillir. Hurlements de rage, de peur. 

Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]Where stories live. Discover now