Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 4.1

              La fraîcheur de la nuit me prit un instant au dépourvu, tranchant avec l'étouffante chaleur émise par les corps entassés et en transe des danseurs. J'inspirais pourtant avec délice, me débarrassant de la fumée et des parfums bon marché dont les effluves me collaient à la peau.

Mes yeux balayèrent la fiche horaire de l'arrêt et je réprimais un juron de dépit. Je venais d'en rater un. À cinq minutes près. Le prochain ne passait pas avant une bonne heure. Resserrant les pans de ma veste, j'examinais les abords de la discothèque. Pas question de rester dans le coin à attendre avec tous ces étudiants alcoolisés traînant là. Je ne voulais pas tenter le sort une nouvelle fois. L'idée de retourner à l'intérieur ne m'enthousiasmait pas non plus. Je suivis le plan du réseau du doigt, estimant la station vers laquelle me diriger.

Ce n'était pas la première fois que je parcourais North Bay, mais de nuit, mes repères étaient bouleversés. Perdue dans mes pensées, je dus rater une intersection et lorsque je regardais autour de moi, je m'arrêtais perplexe. Un vaste espace et des hangars s'étendaient devant moi. L'arrière d'un supermarché reconnus-je, peu rassurée par l'espace mal éclairé. Autant la journée le lieu devait grouiller de monde, autant là, le moindre bruit me faisait sursauter. J'hésitais sur le chemin à prendre, cherchant des yeux le nom de la rue pour me situer. Je choisissais de longer la rue jusqu'à la prochaine intersection. Alors que j'allais dépasser le parking désert, un bruit de grattement, suivi d'un léger grognement me fit instinctivement tourner la tête vers les poubelles entassées au fond. Un chien, songeais-je, croisant les doigts pour ne pas tomber sur un teigneux. Je retins ma respiration et allais reprendre mon chemin, ni vu ni connu quand une silhouette émergea derrière les bacs.

Je me figeais, incrédule. Je devais halluciner. Devant moi se tenait une scène toute droite sortie d'un cauchemar. Un loup me toisait, sa pâle fourrure grise entachée de sang dégoulinant de ses babines. La peur me submergea, sentiment traître qui me coupa l'usage de mes membres. Plantée sur place, je n'arrivais plus à réfléchir, mon cerveau en mode blackout total. Les pupilles dilatées, le souffle court, je sentis la sueur glisser le long de ma colonne vertébrale, laissant un filet glacé sur ma peau moite. Ce n'est pas possible pensais-je en déglutissant nerveusement, pas possible. Je me mordis violemment la lèvre pour ne pas hurler. La bête sembla se désintéresser de moi et retourna à son occupation. Elle tira le corps vers elle, me permettant de discerner sur quoi elle s'acharnait. Un corps. Humain. Les crocs claquaient bruyamment, coupant la peau, sectionnant les tendons, mordant avec voracité les muscles mis à nus. Incapable de détourner la tête, je sentis la nausée se frayait un chemin jusqu'à mes lèvres. Je la réprimais difficilement. Affairé sur sa proie, le loup ne déviait pas son regard.