Protège-moi - T.1 Pleine lune [Terminé]

Chapitre 14.1

Une matinée qui débutait comme les autres. Dès neuf heures je me trouvais devant les portes du Complexe, prête pour un nouvel apprentissage en tant qu'agent de terrain. Une fois dans la salle d'entraînement, je fis mes étirements habituels, préparant mon corps consciencieusement à plusieurs heures d'efforts. Je n'aurais jamais cru prendre tant de plaisir à tout ce côté physique. Être une louve garou me réconciliait avec le sport, surtout que ce n'était plus aussi difficile que par le passé. À cette heure-ci, je pouvais apprécier un calme complet. Les autres n'apparaissaient pas avant les dix heures passées. Ils n'étaient vraiment pas du matin. De toute façon, la plupart des missions s'effectuaient une fois la nuit tombée pour une question de discrétion. Il était normal qu'ils récupèrent. Quelqu'un venait d'entrer dans les vestiaires attenants à la salle. Saisissant une serviette pour m'éponger le front, je me redressais pour accueillir la personne. La haute stature de Declan apparut, un sourire étrange sur les lèvres. Je le saluais tout en trouvant suspect son air mystérieux. Il souriait assez rarement, son visage étant indéchiffrable la plupart du temps. Pour autant, il ne me mettait jamais mal à l'aise. J'éprouvais un calme serein en sa présence. Je ne pouvais m'empêcher de voir en lui une figure paternelle. Par bien des aspects, il me rappelait mon père. En remarquant ma réaction intriguée, son sourire s'élargit. Vraiment bizarre. Dommage que personne d'autre ne soit présent pour le voir.

— Je t'ai organisé une petite sortie aujourd'hui, commença-t-il.

— Une sortie ? Une sortie sur le terrain ? tentais-je de deviner sans arriver à percer à jour ses pensées.

— Non, pas tout à fait.

Il laissa passer quelques minutes sans rien ajouter, savourant apparemment mon impatience.

— J'ai pensé que tu aimerais récupérer certains souvenirs dans la maison de tes parents.

J'en demeurais muette. Je ne m'étais certainement pas attendue à ce genre de sortie. De ce côté, la blessure semblait toujours à vif, même si elle était enfouie sous plusieurs couches d'autres problèmes. Mes yeux s'embuèrent alors que je fixais Declan. Son attention me touchait sincèrement.

— Si tu ne veux pas y aller, pas de problème, assura-t-il en voyant les larmes glisser silencieusement sur mes joues.

J'inspirais pour me reprendre et essuyais maladroitement mes yeux.

— Non, je veux y aller. Merci, ça me touche vraiment.

— Ne me remercie pas. Je me doutais que tu aimerais y retourner, même si c'est difficile. La maison sera sûrement bientôt vidée et il ne faut pas traîner pour y faire un passage. Mon chauffeur va t'y conduire.

—J'aurai bien demandé à Arenht de t'accompagner, mais il est sur une mission importante. Après on peut attendre demain pour que l'un de nous t'accompagne. Il me semble que Doc ou...

— Non, pas de soucis, le rassurais-je. Ton chauffeur suffira.

Bon d'accord, j'aurais largement préféré être aux côtés d'Arenht pour affronter ce petit pèlerinage, mais j'étais trop impatiente d'y aller pour attendre. Je ne voulais pas remuer de douloureux souvenirs pour lui non plus.

— La voiture te prendra vers dix heures, ça te convient ?

J'acquiesçais, un grand sourire aux lèvres.

— Sois quand même vigilante là-bas, le groupe L est peut-être remonté jusqu'à tes parents et peuvent avoir mis la maison sous surveillance.

— Je serai prudente. Encore merci.

Je le serrais spontanément dans mes bras. Il me rendit maladroitement mon étreinte, n'ayant pas l'habitude de ces démonstrations d'affection.