— Oui... Je ne sais pas pourquoi ça ne m'inquiète pas tant que ça... Et, attends, Lewis Carrol ? Tu sais que j'ai été nommée d'après son œuvre ?

— Vraiment ?

— Ma mère était une grande fan. L'idée de rêver d'autres mondes si facilement qu'on y était... Contrairement à mon frère et mon père, elle était assez terre-à-terre, et surtout, elle était aphantasique, elle n'arrivait pas à créer des images dans sa tête, enfin seulement des images très brouillonnes, imprécises et en noir et blanc. Elle était la seule à l'être dans la famille, je crois que c'est génétique. Et elle m'a donné ce nom en espérant que je sache rêver. Ça a plutôt bien marché, je projette très facilement, j'ai des images très précises et colorées à l'esprit à chaque instant, et pas vraiment les pieds dans la réalité...

— Oooh c'est intéressant.

— Merci. »

Le regard perdu sur la ville, la rousse profitait des jeux de couleurs, des lumières qui se reflétaient sur les toits et les flèches, s'assombrissaient et se teintaient de rouge contre les nuages, dispersant tout le spectre contre les gouttes encore suspendues de la dernière averse.

Soudain, ses sourcils se froncèrent, sa bouche esquissa une grimace inquiète. Le paysage coloré et lumineux comme ses fresques qu'elle contemplait une seconde auparavant s'était brutalement assombri, s'assombrissait encore d'instant en instant, les couleurs drainées vers un point indiscernable jusqu'à ce que le monde soit devenu si noir que ses yeux perçants ne pouvaient plus distinguer le bout de ses doigts. Un frisson de peur la parcourut.

Elle connaissait cette obscurité.

« Fluff. Il y a un problème. Un gros problème.

— De type ?

— Noir charbon.

— Alors nous devons agir.

— Oui. Fluff, transforme-moi. »

Un instant plus tard, Bunnix ouvrait un de ses terriers d'habitude si lumineux, mais dont l'éclat perçait à peine la pénombre autour d'elle. C'était grave. Très grave.

Ce noir, elle le connaissait. D'un jour où Marinette avait signé un cadeau déposé par Ladybug, d'une fois où sans Sass, le monde se serait écroulé sur lui-même dans un désir de pouvoir. Des jours où elle avait suivi une version plus âgée d'elle-même pour régler les problèmes.

Mais aujourd'hui, ici, elle était seule.

Avec inquiétude, elle observa toutes les fenêtres ouvertes chez les Parisiens, dans le monde, sur la journée déroulée, jusqu'à trouver une fenêtre ouverte plus petite, dont l'éclat était plus faible, clignotait. Un instant sur le point de disparaître.

L'héroïne s'en approcha d'un bond, déposa ses paumes sur l'image d'une chambre qu'elle connaissait pour y avoir observé la force d'Adrien, la folie de Gabriel Agreste, la résistance de Nathalie.

Nathalie qui effleurait une corde nouée largement accrochée au plafond, qui grimpait sur une chaise et passait le nœud coulant autour de son cou, rejetant du pied le soutien sur lequel elle se tenait. Entrée dans une sorte de transe en apercevant la scène, la rousse en fût tirée par un atroce bruit de craquement. Son cœur s'arrêta une milliseconde en comprenant ce que ce bruit signifiait, toutes les implications de ce geste, les répercussions sur Adrien qui venait de perdre son père, qui n'avait personne, le pouvoir de Chat Noir...

Oui. Il était évident que c'était cette seconde qui mettait le futur en danger.

Alors Alix remonta le temps, cinq, dix, quinze minutes avant la seconde fatale, face aux larmes de la mère d'Adrien, à ses gestes précis créant le piège où elle enfermait sa vie. Après une grande inspiration, l'héroïne entra dans la chambre.

OS MiraculousWhere stories live. Discover now