Je ne peux pas

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 Gabriel regardait le cercueil de sa femme, avec nostalgie. Si seulement il avait pu revenir aux jours d'avant, effacer l'année écoulée d'un geste.

Il dévisagea Émilie une dernière fois. Ça suffisait.

Inspirant profondément, il se pencha sur le cercueil et murmura quelques phrases.

« J'espère que tu me pardonneras, Émilie. Mais je ne peux plus continuer. Elle s'est condamnée, tu sais ? Mais je ne peux pas la perdre. Je ne le supporterais pas. Je n'en peux plus d'être perdu.

» Je t'avais promis de tout faire pour surmonter ta mort. Maintenant, je l'ai fait. Je ne pleure plus. Adieu, Émilie. »

Et il débrancha la machine.

Gabriel se sentît aussitôt soulagé d'un poids. S'être enfin fait à l'idée, avoir finalement compris et accepté qu'il ne reverrait pas sa femme, s'y être obligé pour redécouvrir ce que valait une vie, cela lui permettait d'enfin faire le point sur lui-même, ses sentiments, ses doutes.

Et il savait très clairement ce qui en ressortait. Il reconnaissait sa vie. Et il l'acceptait.

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« Monsieur ? Vous allez bien ?

— Oui, Nathalie. Je suis juste...étonné. Étonné de ce que j'ai fait, et surtout de la manière dont je l'ai fait.

— Qu'y a-t-il ?

— Elle est morte, répondît-il du ton le plus naturel.

— Vous l'acceptez enfin, murmura une Nathalie ébahie et n'osant pas croire ses oreilles.

— Je me suis rendu compte qu'il était temps de grandir. Temps que j'arrête de me voiler la face, que j'arrête de me mentir à moi-même, sur moi.

— Que voulez-vous dire, murmura-t-elle, la bouche soudainement sèche, une idée en tête.

— Exactement ce que je dis.

» Que jusqu'à présent, je me refusais à réfléchir, à douter, à réaliser mes actes.

» Mais qu'il m'a fallu d'un instant pour comprendre à quel point ils étaient vides de sens.

» Un instant pour faire taire la rage, les miettes de la douleur, la croyance au désespoir.

» Comprenez-vous ?

— Non. Je ne comprends rien. Mais ce n'est pas grave. Je comprendrai un jour...

— J'ai besoin que vous compreniez maintenant. J'ai besoin de vous. »

Besoin de moi ? Comment ça ? Que veut-il dire ?

Nathalie sentait le sang battre à ses tempes, de plus en plus fort.

Le monde se mît à tourner, tandis qu'elle se pliait en deux sous la violence d'une quinte de toux.

Un instant infini passa.

Elle était allongée sur un canapé, Gabriel à ses côtés, lui serrant la main.

Il y avait la plus grande inquiétude dans ses yeux. Elle se redressa, lui adressa un sourire rassurant. Je vais bien.

Il secoua la tête. Non, pas encore. Mais elle ne prendrait plus de risques pour lui.

Il la voulait auprès de lui. Il la voulait heureuse. Il voulait qu'elle vive avec lui.

Il l'aimait.

Le temps s'arrêta à nouveau. Elle écarquilla les yeux. Il le lui avait vraiment dit ?

Elle sourît à sa réponse positive. Pour lui, elle vivrait.

Puisqu'elle ne survivait déjà que pour lui.

Puisque chacune de ses actions se rapportait à lui.

Puisqu'elle l'aimait.

Les sourires qu'ils échangèrent alors éclairaient les cœurs.

La douceur vibra dans l'air, entraînant un écho.

Il y avait la vie, l'espoir, la peur, la séparation et la promesse réunis dans cet écho.

Il y avait tout le temps et l'espace concentré en un point.

Il y avait les émotions, les pensées, les chocs, les ruptures d'une année à se dissimuler.

Il y avait la mort et la vie.

Il y avait le désespoir et l'espérance.

Il y avait l'instantanéité et l'éternité.

Il y avait deux âmes dans le désert, se croisant à l'oasis.

Il y avait tous les sentiments, télescopés en un seul.

Il y avait trois mots qui résonnaient dans l'air et chassaient tous les autres.

Il y avait la beauté de l'instant et la merveille de l'éternité.

Il y avait l'amour, condensé et dispersé, resserré et étendu.

Il y avait l'amour.

Il y eu Gabriel Agreste aidant Nathalie Sancœur à se redresser.

Il y eu une caresse volatile, un baiser papillon sur les lèvres.

Il y eu un serment dans les regards.

Il y eu un baiser long et passionné.

Il y eu tout, car il y a toujours tout en nous.

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 707 Mots.

 Cet OS a été écrit le 11 Mars, et j'avoue que j'ai pas mal hésité à le publier.

 Parce que j'ai l'impression de pas l'avoir écrit.

 La première partie était sous contrôle, je l'ai écrite alors que j'étais à peu près réveillée (7h30 environ).

 Mais la deuxième s'est littéralement écrite toute seule. J'arrivais plus à aligner deux pensées cohérentes, il était 23h45, mais l'inspi s'est pointée toute seule. Du coup...J'ai l'impression que c'est pas du tout mon texte.

 Bref. Je le trouve à la fois classe et bizarre.

 Et vous, qu'est-ce que vous en avez pensé ?

 Bises,

 Jeanne.

 PS ajouté le 30 avril : plus je relis plus je l'aime...Si ça continue, il va dépasser "Cauchemar ou rêve" !!

OS MiraculousWhere stories live. Discover now