Question

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« Nathalie ? Y a-t-il une chose pour laquelle vous tueriez, sans hésiter ? »

La brune releva les yeux de sa tablette, les sourcils froncés. Cette question était étrange, surtout compte tenu de la formulation.

Et son patron l'avait posée sans aucun préambule, sans discussion pour l'amener, comme une idée qui lui aurait soudainement traversé l'esprit.

Son regard bleu s'égara une seconde sur les gants blancs qu'il portait.

Oui, il y avait une chose, une cause, pour laquelle elle aurait tué, malgré toute la valeur qu'elle accordait à la vie de l'autre.

« Oui. »

Sa réponse était très simple. Elle ne voulait pas dire plus, même si il était certain qu'il ne s'en contenterait pas.

Avec ce simple mot, cette minuscule syllabe, elle lui avouait déjà que, depuis leurs voyages, sa vision du monde avait été profondément bouleversée. À l'époque, jamais elle n'aurait tué. Et elle n'aurait jamais répondu une telle chose.

« Laquelle ?

— Ai-je le droit de ne pas répondre ?

— Vous n'êtes pas un kwami, je ne peux vous forcer à rien. Mais je me demande ce qui peut à ce point vous déranger que vous abdiquiez une des choses auxquelles vous teniez le plus, quand nous avions vingt ans.

— Il faut savoir se distancer des héritages.

— Vous ne parlerez pas ?

— Je ne sais pas à quoi ça servirait.

» Dites-moi... Pouvez-vous lire mes émotions ?

— Je me le suis interdit. Je perçois qu'elles sont presque toujours négatives, mais je ne peux pas savoir le détail.

— Vous faites cela ?

— Pourquoi cela vous étonne-t-il ?

— Je pensais que Monarque ne se priverait pas d'une proie potentielle.

— Je ne vous akumatiserai jamais contre votre volonté, Nathalie. Je ne vous utiliserai pas ainsi.

— J'aimerais vous croire, mais je n'y arrive pas. L'homme qui se tient devant moi a abdiqué son humanité à des pouvoirs trop grands. »

Il ne répondit pas, son regard retombant sur l'écran où il dessinait depuis une demi-heure. Elle ne savait pas comment interpréter ce silence. Doutait-il ? Niait-il intérieurement ses paroles ? Ou reconnaissait-il en silence qu'elle disait vrai ?

Elle le vît effacer des traits, corriger, tracer, son stylet semblait se battre sur l'écran. Il était troublé.

Elle soupira. Bien sûr, il n'y avait pas de choix. La conversation était trop engagée et la manière dont elle l'épiait parlait assez d'elle-même.

Comment peut-il ne pas sentir mes émotions ? Même s'il se l'était interdit au départ... Monarque aurait supprimé cette barrière...

« Vous revoir, déclara-t-elle finalement d'un ton froid et distant, que vous redeveniez comme avant. Si l'on m'assurait que le Papillon disparaîtrait à jamais de votre esprit, que vous redeviendriez vous-même, à condition que je tue, je le ferais. Sans hésitation. Pas seulement parce que je tiens trop à celui que vous étiez avant la folie du pouvoir, mais aussi parce que c'est définitivement la meilleure chose à faire. Même Anne-Lise approuverait, au moins une des rares choses que j'aurais faites sans elle qui lui plairait...

— Anne-Lise ?

— Ma mère adoptive. Elle m'a tout appris et m'a ouvert le monde, elle m'a montré comment être et aider les autres à être. Parfois, elle me manque encore, mais... Je sais que je ne la reverrai plus. Et je suis pratiquement certaine que la plupart de mes décisions lui déplairaient, même si elle comprendrait.

OS MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant