Les clés

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Nathalie entra dans le bureau avec un sourire. Elle était presque rétablie, et avait de nouveau le droit de travailler avec Gabriel Agreste.

En poussant la porte, elle eût la surprise de voir son patron venir l'accueillir avec un franc sourire.

Il avait manifestement quelque chose à lui dire, et elle se mît aussitôt à rechercher ce qu'elle avait fait de travers, craignant d'avoir laissé passer une erreur.

Mais le sourire de Gabriel lui indiquait qu'elle n'aurait pas dû craindre. Et quand il prît la parole, lui tendant un trousseau de clés, elle resta interloquée.

« J'ai pensé qu'il serait bon que vous les ayez.

— C'est... Ce sont les clés du manoir ?

— En effet, répondît-il avec un léger sourire.

— Mais... »

Mais même Émilie ne les a jamais eues.

Nathalie était bouche bée. Comment avait-elle pu obtenir ce que personne au manoir n'avait jamais pu récupérer, pas même Emilie ?

Gabriel tenait énormément à ses clés, leur accordait une valeur extrêmement importante, parce qu'elles étaient symboles de ses efforts et de sa réussite dans son domaine, le manoir était quelque part le couronnement de sa vie. Lui qui était parti de rien, il avait bâti un empire dans la mode, à la sueur de son front. Et avoir pu créer, à l'intérieur de la capitale, une sorte de château comme il en avait rêvé longuement, c'en était le signe.

Les clés du manoir devenaient alors pour lui les clés de son histoire, de sa vie, de son identité.

Et il n'avait jamais pu se résoudre à les confier à sa femme, malgré tout l'amour qu'il lui portait, malgré la confiance qu'il lui accordait, malgré leur proximité.

Alors Nathalie restait bloquée sur cette unique pensée. Gabriel lui offrait sans qu'elle l'ait demandé ce que personne n'avait pu obtenir, jamais.

Gabriel lui offrait ce qu'il considérait comme le symbole de sa vie.

Gabriel lui offrait ce qu'ils avaient identifiés comme son « objet à akuma ».

Comment diable était-ce possible ? Avait-il oublié ? Ou était-ce réel ?

Les pensées tourbillonnaient dans la tête de Nathalie, tournée vers ce trousseau de clés qui l'hypnotisait.

Elle sentît Gabriel s'approcher, poser la main sur son épaule.

« Ne soyez pas si surprise, vous avez volé des clés plus difficiles à obtenir.

— Pardon ? Ça n'est pas possible, c'est...

— Je vous assure. Et si je vous confie mes clés, c'est parce que vous l'avez fait sans même que je m'en aperçoive.

— Que... Qu'est-ce que vous voulez dire ?

— Vous ne comprenez pas ? »

Nathalie secoua la tête. Elle avait bien une idée, mais elle ne pouvait pas y croire, elle ne pouvait pas imaginer le bonheur que cela aurait signifié.

Gabriel ferma les yeux. Il savait qu'il n'avait que ce qu'il méritait après des mois à ignorer ses sentiments, à nier la réalité. Mais ça rendait les choses tellement plus compliquées, qu'elle l'imite, qu'elle ne voit pas non plus, ou plutôt qu'elle refuse de voir.

Il s'éloigna, d'un pas à peine, rouvrît les yeux, plongea son regard dans celui de sa partenaire. Son amie la plus proche, et maintenant celle qu'il aimait. Si elle l'aimait, seulement... Ou même si elle ne le repoussait pas définitivement. Alors il serait heureux.

Mais il devait se jeter à l'eau pour cela, et c'était difficile, beaucoup plus que prévu.

« S'il vous plaît, Nathalie, ne fuyez pas, ne refusez pas ce que vous entendez, j'ai tellement besoin de vous. Je vous aime, je ne sais pas depuis quand exactement, mais je vous aime, même si je l'ai nié, même si je ne sais pas pourquoi c'est si dur à dire, pourquoi c'est si compliqué à admettre. J'ai besoin de vous.

» J'ai besoin de toi, tu comprends, murmura-t-il encore. »

Puis il se tût, s'éloigna, fuît, lui tourna le dos, ne voulant plus affronter sa réaction.

Nathalie écarquilla les yeux. Alors c'était vrai. C'était possible. C'était vraiment des clés de son cœur qu'il parlait tout à l'heure. Elle en aurait pleuré de joie, si elle avait su s'exprimer. Mais elle restait de marbre, incapable de réagir.

Elle savait qu'elle ne pouvait plus faire confiance à son esprit rationnel, alors elle choisit seulement de renoncer et de laisser pour une fois les commandes à son cœur.

Alors elle trouva la force de s'approcher, de prendre les mains de Gabriel, de les serrer maladroitement, de le regarder, de laisser enfin s'exprimer le cœur qu'elle taisait depuis toujours.

Les yeux fixés dans ceux de Gabriel, Nathalie prît à son tour la parole, pour le rassurer.

« Oui, je comprends. Je comprends tout à fait comment tu as besoin de moi, Gabriel.

» Je comprends parce que moi aussi je t'aime, et si je ne l'ai jamais nié, j'ai nié l'espoir pendant des mois.

» Je t'aime, Gabriel, quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, quoi que tu fasses. Tu as mes clés depuis plus longtemps que je ne sais dire, mais pas devant elle. Depuis qu'il existe des clés à ce cœur, Gabriel, tu les possèdes.

» Et aujourd'hui, quand tu me tends tes clés, je n'arrive même pas y croire...

— Y croirons-nous un jour ? Nous qui avions renoncé à la Rédemption, la voilà qui s'offre à nous, dans l'autre. Tu es mon trésor, Nathalie, et je veux croire avec toi.

— Je te suis Gabriel, tu seras ma carte dans la vie, et je croirai avec toi. »

Ils se sourirent, d'un sourire pur, franc, bienveillant, juste heureux. Ils se promettaient un avenir pur et simple, dans ses sourires, l'avenir rêvé de l'amour et des enfants.

Gabriel se pencha naturellement vers Nathalie, cueillant son sourire, unissant leur joie, leur bonheur, leur vie, en un baiser pour l'éternité.

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934 mots. Ça, c'est court!

Autre OS inspiré pendant l'adoration du 08 juillet.

Ils sont chous mes pitchoune préférés, non ?

Aussi, je me suis aperçue à ce moment-là que pour moi ça tombait sous le sens que personne n'avait les clés du manoir. Alors que c'est pas dit...

L'OS vous a plu ?

Bises,

Jeanne.

(24/07/2021)

OS MiraculousWhere stories live. Discover now