Brèche

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Nathalie fronça les sourcils. Le Gorille se tenait debout devant la porte du manoir, les sourcils froncés. Manifestement, sortir prendre l'air allait demander de faire appel à ses talents d'argumentation.

Elle s'approcha, et demanda poliment au garde du corps s'il pouvait la laisser passer.

Il secoua la tête, fermement.

« Pourquoi ? »

Il haussa les épaules puis signa rapidement que le patron lui avait demandé.

« Il me garde prisonnière, alors ? »

Il s'inquiète pour vous. Il ne veut pas qu'il vous arrive un problème.

« Et je ne peux même pas aller prendre l'air ? »

Il m'a demandé de vous en dissuader.

Nathalie poussa un soupir. Elle aurait dû s'y attendre après tout. Gabriel l'avait enfermée plusieurs mois dans sa chambre pour qu'elle se remette et maintenant qu'elle pouvait à nouveau marcher, aidée par son exosquelette, il était clair qu'il continuerait de vouloir la garder dans un périmètre de sécurité où il pourrait intervenir rapidement.

Elle ne s'aperçût qu'à-demi que ses mains posaient une question, et s'étonna encore plus de la réponse.

Elle avait, à-demi inconsciemment, demandé « Et si je voulais partir ? ». Et le Gorille avait simplement haussé un sourcil, puis signé qu'elle devrait demander, il doutait que Gabriel l'en empêche. Si elle voulait vraiment s'en aller.

« Pourquoi est-ce que vous ne parlez pas, Dario ? »

Le passé m'en empêche, j'ai enterré ma voix avec une vie dont je ne voulais plus.

« Je... Je vois. Vous croyez vraiment qu'il me laissera partir ? »

Oui.

Nathalie était perplexe. Au départ, elle voulait juste sortir, mais Dario l'en avait empêché et son inconscient lui avait soufflé l'idée de partir. Partir vraiment. Et, si elle ne savait pas vraiment d'où cette idée venait, elle sentait que s'absenter, au moins quelques jours, peut-être une ou deux semaines... Cela pourrait lui faire du bien.

Elle hocha la tête, remercia le garde du corps et tourna les talons vers le bureau de Gabriel, décidée à lui demander. A lui présenter une démission dont elle savait qu'elle ne serait jamais complète.

Quand il lui ouvrit la porte de la salle, elle aperçut une lueur d'inquiétude dans son regard, doublée de quelque chose d'autre, qu'elle n'arrivait pas à définir...

« Bonjour Nathalie. Comment allez-vous ?

— Bien, merci. Et vous ?

— Je vais bien. Vous voulez me dire quelque chose, devina-t-il en croisant son regard.

— Pourquoi ne puis-je pas aller prendre l'air ?

— Parce que je suis un idiot, murmura-t-il, vous auriez dû insister...

— Je ne veux pas avoir besoin de convaincre pour me promener, je ne veux pas avoir à demander pour me déplacer, je ne peux plus dépendre ainsi. Je veux être libre. Je veux partir. Pas forcément cesser de travailler avec vous, mais je ne veux plus habiter au manoir. »

Elle avait déclaré cela d'un ton neutre, le regard rivé à un point droit devant elle.

Gabriel en l'entendant, hocha la tête. Il avait blêmi imperceptiblement, et il tentait de ne pas remarquer le ralentissement des battements de son cœur, gelé par la demande. Il comprenait. Quelque part, il s'y attendait. Et il savait qu'il ne pouvait pas l'en empêcher.

OS MiraculousWhere stories live. Discover now