Head above water (OS Musical)

120 13 48
                                    

Seize octobre 2014.

Félix était allongé dans son lit, des larmes irrépressibles coulant dans la musique qui l'entourait.

Les morts de son père et d'Emilie, quelques longues semaines auparavant, le tourmentaient encore. Malgré les efforts pour s'en remettre. Il y avait un creux extrêmement profond en lui.

I've gotta keep the calm before the storm...

Même d'aussi loin, il était touché par l'absence de sa « tante ».

Et garder le calme, ne pas surréagir, rester calme sinon Amélie allait exploser elle aussi.

Il devait la consoler, la protéger, Émilie avait été si importante pour sa sœur.

Respirer, cacher les larmes toujours.

Yeah, my life is what I'm fighting for...

Se battre pour sa vie. Absolument.

Malgré l'envie de mourir.

Malgré la destruction de la nouvelle.

Malgré la crainte d'être en de nouvelles mains.

Malgré l'isolement.

Malgré les risques.

Les larmes coulaient, inondaient ses cheveux blonds.

Dans son esprit, des plans, des idées se dessinaient pour rester libre.

Toujours, il cherchait.

Il devait la récupérer, le récupérer, diriger son énergie vers la liberté et la sécurité.

Et sa mère ne pouvait sans doute pas l'aider, il était seul face à l'océan de complexité qu'était Gabriel Agreste.

Escroquer, voler et combattre un homme froid qu'il connaissait à peine. Penser atténuait un peu la douleur et le désarroi.

I'll meet you there at the altar, as I fall down to my knees...

Le jeune homme se redressa.

Il pleurait toujours, il ne pouvait pas s'en empêcher, son père lui manquait énormément et la peur le tétanisait absolument.

Mais réfléchir à un moyen de rester en sûreté le calmait.

Effondré, à genoux pour une prière sans destinataire, il regarda le ciel, avalant un peu de larmes.

Peut-être avec Adrien... Peut-être pourrait-il l'aider...? Quoique... Le prodige parfait était malheureusement borné. Et ignorant.

Avec les attaques de Papillon, son oncle, il y avait peut-être à voir...

Ladybug... Mais elle voudrait la broche pour elle...

« Félix ? Est-ce que tu vas bien mon chéri ?

— Ça va aller, Maman, ne t'inquiètes pas... »

Et mentir pour la garder elle à flots, parce qu'entre la mort de son mari et celle de sa jumelle, Amélie, malgré son masque d'impassibilité, était profondément dévastée. Félix, exercé à être courageux dès l'enfance, n'ayant pas une grande expressivité, avait appris à toujours lui sourire pour que la fragilité de sa mère ne s'inquiète pas.

Ça faisait beaucoup à gérer, au fond.

God keep my head above water, don't let me drown!

Un pâle sourire vînt éclairer le visage de l'adolescent.

Quelqu'un d'autre, là dehors, avait l'impression de se noyer dans une tempête intérieure et appelait à l'aide.

Contrairement aux apparences, il n'était pas si seul.

Noyé dans des émotions contenues et tues, Félix avait presque oublié comment respirer.

Peur de Gabriel Agreste depuis août.

Douleur et tristesse de la mort depuis début septembre.

Pression du sourire et du soutien depuis presque toujours.

Et l'implosion de son cerveau à force de réflexions infinies.

Les larmes ralentissaient leur course, alors que le jeune homme commençait à fredonner la mélodie qui l'autorisait à craquer aujourd'hui.

And I can't see in the stormy weather, I can't seem to keep it all together...

Dans l'orage, dans la tempête, dans la nuit, il était impossible de voir, la chanteuse disait vrai.

Et au creux de la vague, quand le monde entier semble décidé à vous briser, garder le masque et maintenir tout en place se révélait compliqué.

Il ne voulait plus faire semblant.

Il en avait assez d'être si fort... Mais si seul.

La vérité pourrait l'aider, il le savait. Il allait parler avec sa mère, mieux. Ils partageraient leurs faiblesses, mais cela permettrait de mettre en commun leurs forces.

Il ne voulait pas se noyer, rester prisonnier de l'océan.

God, keep my head above water!

Et il demanderait de pouvoir trouver des amis, aussi. Il savait que son cousin l'avait fait, et il comprenait parfaitement que, même sans un dieu dans le ciel, il fallait quelqu'un pour donner la force de nager jusqu'à l'autre rive.

Jusqu'au bonheur qui devait bien se cacher quelque part derrière la tempête.

Don't let me drown...

« Ne me laissez pas me noyer ».

Parce qu'il reconnaissait, dans la fin de la chanson, que parfois, ces derniers temps, il avait bien eu envie d'abandonner.

Mais abandonner, ce n'était pas lui. Il se battrait, il ferait en sorte que les autres refusent qu'il se noie dans la négativité et la tristesse.

 ************

 695 Mots.

 Je l'ai écrit pour voir si j'arrivais à avoir pitié de Félix comme ça avait été le cas pour Lila en écrivant "Jealousy, jealousy". Suite à la combinaison des commentaires de @Sacha-Blanc et @Renars3107 sur ce dernier, d'ailleurs.

 La réponse est oui.

 Pauvre gamin, va... J'm'excuse d'avoir tué ta mère pour des raisons scénaristiques...

 (Dans les Héritiers)

 Ceci étant... C'était pas évident... J'avais envie d'écrire sur cette chanson. J'avais pas envie de mettre Marinette en dépression pour la énième fois. Et je voulais faire le test d'écrire sur Félix. Voilà comment c'est venu. J'aime bien la manière dont je l'ai tourné...

 Et vous, vous avez aimé ? C'était bien ? Pas trop triste ? Dites-moi tout,

 Bises,

 Jeanne.

 (09/10/2022)

 


OS MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant