Jacques a dit (OS Musical)

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Vous savez...

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Gabriel était effondré sur son lit, noyant sa tristesse personnelle dans les notes qui lui parvenaient. Elles étaient déchirantes.

Je suis un oiseau qui est... Tombé de haut.

Je traîne ma peine...

La musique diffusée par la radio, allumée pour noyer son propre tourment dans les mots des autres répondait durement à ses sentiments. La maladie d'Émilie semblait avoir atteint son paroxysme, sa vie ne tenait plus, il allait s'effondrer.

Ils savaient qu'elle ne survivrait pas, ils connaissaient les risques depuis longtemps mais il n'avait jamais voulu croire à leur réalité. C'était si dur à admettre. Si absurde...

Du bonheur j'en ai pas, y en a qu'pour Pierre et Paul.

Émilie, après la naissance d'Adrien, avait été heureuse avec son mari pendant quelques temps. Mais rapidement, la détresse et la jalousie de sa jumelle stérile l'avaient touchée au cœur. Et elle avait décidé de lui apporter son aide.

Jacques a dit aime, j'ai beau t'aimer tu pars quand même...

La phrase était criante de vérité. Malgré l'amour et les luttes, Émilie s'était sacrifiée...

Gabriel l'avait suppliée de n'en rien faire, disant qu'une telle manipulation des forces de la nature aurait forcément des conséquences. Mais la jeune femme était trop dévouée, trop compréhensive et surtout trop têtue pour changer d'avis.

Jusqu'au douze ans de Félix et Adrien, tout allait bien. Les Graham de Vanily habitaient à Paris, dans une demeure voisine, le fardeau était réparti entre Émilie et Raphaël, personne ne souffrait de la présence du sentimonstre...

Qui traîne encore... Je ne sens plus le vent dans mes voiles, dis-moi, à quoi me sert mon étoile...?

On lui avait souvent dit que pour avoir réussi ainsi, il devait avoir une bonne étoile, un bon génie. Depuis le départ de sa belle-famille en province, il en doutait sérieusement. Impossible de savoir si c'était dû à l'éloignement avec le sentimonstre ou à l'arrêt du partage de charge, mais Émilie était brutalement tombée malade, indéniablement à cause de son Miraculous.

Quelques mois plus tard, quand il l'avait pris pour tenter d'assumer son rôle, Raphaël avait lui aussi été atteint de la sombre maladie.

Le pendentif, comme ne supportant pas le trajet, s'était fendu, annihilant tout espoir de l'utiliser sereinement.

La vie des six personnes gravitant autour s'était alors considérablement attristée, marquée par l'ombre de la mort qui rôdait dans les environs.

Jacques a dit marche, Jacques a dit rêve, me fait tant marcher que j'en crève.

Ils s'étaient raccrochés à leurs rêves, à leurs semblants de bonheur, à une vieille comédie grimaçante pour chasser le spectre toujours présent à leur esprit. Pour avoir rêvé, ils avaient rêvé. Et imaginé un nombre incalculable de solutions farfelues et irréalisables, ensemble, cherchant à lutter contre ce qui apparaissait de plus en plus comme une malédiction, mais refusant tous de faire disparaître Félix, cause de tout ce bazar.

Jacques ne sait pas ce qu'on vit, Jacques ne sait pas que c'est tout gris...

Non, cette image d'homme ne savait pas, personne ne savait à quel point, derrière les barrières de la richesse et de la soi-disant réussite, derrière le pseudo-bonheur, se cachait une détresse toujours plus grande, une tristesse folle et désespérée.

Jacques ne sait rien de la vie... La vie c'est tout... gris.

Moi j'ai grandi, mais rien ne change...

Malgré les efforts, malgré les sacrifices, malgré les douleurs, Gabriel était toujours confronté à la même ombre mortuaire à laquelle il avait cru pouvoir échapper en bâtissant un château sur le tombeau de son premier amour d'enfant.

Jacques a dit chante, si tu le veux, moi je déchante peu à peu. Jacques a dit, certes, je lui pardonne : Jacques est un rêve, pas un homme.

Dans les dernières notes de musique, Gabriel se confronta à cet amère constat : on peut toujours essayer de se construire mais la vie destructrice est bien plus forte, et si le destin ne t'aime pas, tu seras emporté dans les vagues...

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635 Mots + Note de début.

Et on continue dans la joie et la bonne humeur ! Sérieusement, faut que je me calme, mes textes sont hyper sombres en ce moment ! Fin c'est l'impression que j'en ai...

Aussi j'y peux rien si j'écris en musique et y a que des tristes qui retiennent mon attention !

A savoir que cet OS je l'ai juste pris en quarante minutes, ça faisait deux-trois jours que je m'étais arrêtée sur la chanson en me disant qu'elle collerait bien pour ce moment-là... Voilà.

Mais, je l'aime bien. Gabriel me fait vraiment pitié en ce moment... Putang, ils ont pas intérêt à lui infliger un deuxième deuil les scénaristes là-haut ! Il est suffisamment blessé comme ça !

Sinon, vous, qu'en avez-vous pensé ? C'était bien ? Donnez-moi vos avis !

Bises,

Jeanne.

(26/10/2021)

OS MiraculousWhere stories live. Discover now