Vous lui êtes nécessaire

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Un matin, dans la salle à manger du manoir.

« Adrien ? Pourrez-vous donner ceci à votre père, s'il vous plaît ? »

Le jeune homme regarda l'enveloppe que lui tendait Nathalie et secoua la tête.

« Non. Si vous voulez démissionner, vous vous débrouillerez seule.

— Pourquoi ?

— Je refuse d'être le porteur d'une telle nouvelle.
Mon père a besoin de vous, je n'irai pas l'achever en lui disant que vous l'abandonnez.

— Vous racontez n'importe quoi.

— Vous le croyez vraiment ? Je vais vous prouver que je dis la vérité.

— Bon courage, lâcha-t-elle avec un soupir désabusé.

— Pourquoi ne voulez-vous pas me croire ?

— Je ne peux pas. Et même si je pouvais, je pense que je me l'interdirais. Ne pas espérer limite la souffrance de la désillusion.

— Vous avez peut-être raison sur ce dernier point, murmura Adrien en pensant à Ladybug, mais je ne démordrai pas du fait que mon père a besoin de vous. »

Nathalie se mordît la lèvre pour ne pas rétorquer qu'elle aurait besoin de preuves tangibles nombreuses pour y croire, puisqu'elle le voyait se battre pour strictement le contraire.

Mais elle se tût. Elle ne pouvait pas le trahir. Même s'il lui arrivait de se dire que ça la servirait parfaitement.

« Nathalie ? Je sais que vous ne me croyez pas. Ou plutôt, vous refusez de me croire...

— Savez-vous pourquoi ?

— Je le crois. Vous pensez que si vous vous laissez croire que vous êtes nécessaire à mon père, vous croirez au bonheur.

» Et vous êtes persuadée que la seule chose qui ferait votre bonheur est absolument impossible à obtenir.

— C'est le cas.

— Non.

— Comment pouvez-vous dire cela alors que vous ne savez même pas...

— L'amour de mon père. Voilà ce que vous désirez. Et je maintiens que ce n'est pas impossible.

— C'est effrayant de constater la facilité avec laquelle vous devinez mes sentiments, murmura-t-elle.

— J'ai eu un très bon professeur. C'est vous qui m'avez appris à décoder les autres.

— Prise à mon propre piège, je vois...

» Dites-moi en quoi ce n'est pas impossible, alors.

— Je pense que c'est possible parce que vous l'aidez déjà à être heureux.

— Non.

— Je vous assure que si. J'ai croisé mon père plusieurs fois cette semaine. Et même si je n'ai pas pu lui parler, j'ai remarqué qu'il était heureux.

— Comment cela ?

— Vous savez comme il a refusé la vie après la mort de Maman. Il n'a plus jamais souri vraiment.
Enfin, pas devant nous. Je me trompe ?

— Non.

— Là, même si ça n'était que l'apercevoir, je sais qu'il était heureux, qu'il souriait... Enfin quelques instants au moins. Comme s'il apercevait le soleil et que ce dernier était aussitôt caché par des nuages, vous voyez ?

— Oui, à peu près. Enfin, je comprends ce dont vous parlez. On a tous des sourires éclipses par moments.

— Tous sauf mon père, répondît Adrien, lui quand il laisse parler un sentiment, ça dure longtemps. »

OS MiraculousWhere stories live. Discover now