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Reviens-moi (Halloween 2023)

31 octobre 2016.

Adrien ajusta le col de sa cape de vampire, tentant de réprimer un cri d'excitation. Ce soir, c'était Halloween, et il avait réussi à convaincre son père et Nathalie de venir jouer à « un bonbon ou un sort » dans le quartier avec lui. La brune avait tout de suite accepté, le styliste avait été plus difficile à convaincre, mais après des discussions et des suppliques sans fin de la part de l'adolescent, il avait fini par céder.

Saisissant un large seau décoré d'un palais sinistre sous une pleine lune blafarde, le blond sortît de sa chambre en essayant de ne pas courir, atterrissant dans le hall dans une flamme d'excitation, attendant ses parents avec un sourire enfantin. Avant, il n'avait jamais eu le droit de faire ce jeu, et ces derniers temps, ça avait été comme si ses parents s'éloignaient chaque jour, mais ils allaient jouer ensemble...!

« Adrien, tu es prêt, interrogea son père en apparaissant en haut de l'escalier, un léger sourire aux lèvres.

— Ouiiii !!!

— Respire, sourît l'adulte en descendant les marches, je suis content de pouvoir te faire plaisir.

— Merci, Père ! Merci d'avoir accepté ! Votre costume est magnifique.

— Merci Adrien. »

Le styliste portait un ensemble blanc déchiqueté aux articulations, des flammes et de fausses déchirures d'obscurité envahissant la clarté du vêtement, des ailes abîmées perchées de travers dans son dos, une auréole fissurée attachée autour de son front. L'ange déchu, caché derrière un masque vénitien blanc cassé recouvert d'esquisses de toiles d'araignées. Une dissimulation théâtrale qui jouait sur ses ombres réelles, il le savait. Mais devant Adrien, c'était juste un costume très poussé confectionné longuement pendant que l'adolescent cherchait un costume noir un peu trop grand, une chemise blanche au style du dix-neuvième siècle, une longue cape noire sur l'extérieur, rouge sang à l'intérieur, et de fausses dents pointues accentuant ses canines lorsqu'il souriait.

Le garçon vampire regardait son père ange avec curiosité, comme s'il devinait les non-dits derrière l'habit, se demandant s'il y avait un risque que son père, actuellement si ouvert, puisse redevenir la muraille de froideur et de colère qu'il était parfois... De la tête il chassa l'idée, se promettant que tout irait bien. Tout se passerait bien. Si Monarque n'avait pas l'obscure idée d'attaquer pendant la soirée, ce serait parfait.

« Père ? Vous savez dans combien de temps Nathalie arrive ?

— Elle m'a dit qu'elle avait besoin d'encore un peu de temps pour se préparer. Ne t'inquiètes pas, elle ne va pas tarder. »

Et en effet.

À peine Gabriel avait-il terminé sa phrase que Nathalie apparaissait en haut de l'escalier, ses longs cheveux noirs coulant dans ses épaules, ses yeux dégagés de ses lunettes et artificiellement cernés, éclairant son visage encore plus pâle qu'à l'habitude, ses pieds dissimulés derrière la longue robe au style visiblement ancien, tissée dans un tissu caméléon se fondant dans le décor, recouvrant la quarantenaire du menton aux orteils.

En l'apercevant, le styliste eût un mouvement de recul, l'illusion parfaite le glaçant. Elle avait vraiment l'air d'une morte relevée, d'un fantôme qui hantait les couloirs et les rues, terrifiant d'une étreinte gelée les vivants, et le choc de la voir ainsi l'effrayait.

« Monsieur ? Tout va bien ?

— Ou... Oui. C'est seulement que votre costume est... très réussi...

— Merci. Allons-y, suggéra-t-elle en apercevant l'éclat d'impatience dans les yeux d'émeraude qui lui faisaient face.

» Et Gabriel, avant que vous me demandiez, je vois parfaitement, j'ai des lentilles. Et je suppose que vous en avez aussi...