Jealousy, jealousy

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Assise à son bureau, Lila contemplait son téléphone où défilait, encore et toujours, des vies extraordinaires. La musique diffusée par son enceinte correspondait assez bien à ses sentiments.

Cuz all I see are girls too good to be true, with paper-white teeth, and perfect bodies...

La grimace qui vînt aux lèvres de la brune traduisait à quel point les paroles visaient juste. Elle n'était clairement pas la jolie poupée Barbie des réseaux avec sa peau mate, ses cheveux encore rebelles et ses yeux bizarrement colorés. Et sa vie, c'était juste déménager, déménager, perdre le contact, le recréer, essayer de garder des amis, essayer d'être bien vue. Toujours impossible.

Et à côté, les autres semblaient tous vivre des vies parfaitement heureuses à travers le prisme déformant des réseaux.

I think, I think too much, bout kids who don't know me... I'm so sick of myself...

La Franco-Italienne hocha la tête dans le vide.

Elle se rendait malade.

Le besoin d'être constamment bien vue par de parfaits inconnus puisqu'elle ne restait jamais plus d'un an au même endroit.

La jalousie envers ce qu'elle voyait étalé, les vies parfaites.

Et le mensonge pathologique qui venait avec, empêchant les autres de savoir qui elle était, d'où elle venait, ce qu'elle sentait.

Infernal et dégoûtant, mais elle ne voulait pas sortir de son cycle. Il était bien trop familier pour le changer.

And I see everyone getting all the things I want...

Des amis.

De la stabilité.

Des parents présents et pas seulement aimants à distance.

De la satisfaction.

Des délires.

Des heures de conversations franches.

Ça semblait si accessible pour les autres alors qu'elle en était incapable.

Their win is not my loss... I know it's true but I can't help gettin caught up in it all...

Le pire, en plus de savoir que le bonheur affiché des autres ne devrait pas l'empêcher d'être heureuse, c'était d'en déceler l'artificialité.

Elle mentait tout le temps à tout le monde, et s'il y avait bien un avantage à ça, c'était de savoir quand les autres mentaient, exagéraient, trafiquaient.

Et tout ce qu'elle voyait était en toc.

Mais une part d'elle y croyait, et jalousait. Et voulait faire comme si ça lui appartenait aussi, et créait les mensonges les plus invraisemblables. Plus c'est gros, plus ça passe.

My jealousy, jealousy... Yeah, all your friends are so cool, you go out every night...

Comment tuer cette part d'elle qui resurgissait au moindre détour, à la moindre pensée, à la moindre rencontre imprévue ?

Elle ne savait pas. Parfois elle essayait, elle échouait, elle retombait dans son cycle, de pire en pire.

All I see, is what I should be, happier, prettier, jealousy, jealousy...

Plus jolie.

Plus heureuse.

Plus épanouie.

Plus vraie.

Comment vivre autrement que jalousement avec cette pluie d'injonctions sur la tête ?

Comment vivre vraiment ?

Comment se détendre quand elle percevait naturellement le monde comme un combat de loups, ou plutôt, de renards affamés et malins prêts à tout pour leur objectif ?

And I'm so sick of myself ! I'd rather be, rather be, anyone, anyone else...

Elle voulait être quelqu'un d'autre pour arrêter d'être jalouse, arrêter de mourir dans la comparaison, mais elle se fuyait, se rendait tellement folle qu'elle ne savait pas qui elle était. Alors comment être quelqu'un d'autre quand elle ne savait même pas quoi faire pour être différente de qui elle était ? Quand elle ne savait pas comment elle était ?

Elle soupira.

Mentir.

Bizarrement, c'était la solution la plus logique pour elle.

En mentant, au moins, elle savait qu'elle était quelqu'un d'autre qu'elle-même. Alors elle peaufinerait son personnage jusqu'à le devenir, décida-t-elle dans les dernières notes.

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 579 Mots + Note de début

 J'ai réussi à me faire prendre Lila en pitié. Lila.

 J'aime tellement faire de la psychologie de personnages que je peux accepter n'importe quoi en excuse.

 J'ai été exploiter la mythomanie de Lila, qui, vue ainsi, s'explique assez bien. Si elle bouge tous les ans, si elle ne peut pas vraiment garder de contact, que le seul endroit où elle voit des gens c'est les réseaux, dont on sait tous qu'ils peuvent être toxiques et menteurs... C'est logique qu'elle réagisse en inventant une vie intéressante, non ?

 Aussi, pour le côté "pendant" à "The Nights" :

==> Alix est la sincérité, Lila le mensonge

==> Ca se passe dans le passé alors que The Nights était conjugué au futur

==> C'est aussi un personnage secondaire, dont on a de bons indices sur l'avenir : Bunnix l'héroïne de la dernière chance pour Alix, Lila sera probablement le Papillon du futur...

 ==> Et cherchez pas plus, ça m'a paru logique de les mettre en parallèle.

 La suite c'est LE Papyura qui est prévu, oui, y en a un... Puis, on revient à du narratif, vu que les prochains musicaux sur la pile à écrire, euh...

 Conscience : T'as renoncé à Complex ? Bieeeeeeeeen. Et les prochains c'est un "Lukanette" de dix minutes et un Chat Blanc de 7 minutes dooon ça prendra BEAUCOUP de temps, vous excitez pas...

 Moi : Allez écouter "Complex" de Katie Gregson-MacLeod, j'ai juste pas envie de finir en larmes à la fin du texte...

 En vrai j'ai très envie d'écrire sur chacune des chansons d'Olivia Rodrigo, mais j'ai pas d'idées.

 A part ça, l'OS vous a plu ? J'ai réussi à gagner des points à Lila ? C'était bien écrit ? dites-moi tout,

 Bises,

 Jeanne


OS MiraculousWhere stories live. Discover now