OS Miraculous

In Real Life ?

Assise sur son lit, Lila ferma l'application Instagram avec un soupir. En ligne sur les réseaux, là où tout le monde mentait, c'était le seul endroit où elle jouait la carte de la franchise.

Parce que le mensonge qui peuplait sa vie hors du virtuel lui pesait secrètement. La jeune fille aimait se mettre en scène devant les autres et ses camarades, devant ses parents et les adultes, parce qu'elle ne supportait pas d'être de côté, encore, alors que, malgré tout leur amour, ses parents ne savaient pas l'entendre.

Elle, elle mentait pour avoir l'attention. Mais c'était dur d'inventer une vie en permanence, et pour faire face aux inconnus elle ôtait le masque. Sa vraie vie, la mécanique de ses mensonges, sa misère et à quel point elle se trouvait ridicule, tout était exposé, dévoilé, déchiqueté volontairement sur ses dizaines de posts, ses historiques et ses stories, ses commentaires, même dans ses likes.

Piétiner la nuit ce qu'elle construisait le jour. Pour y échapper, prisonnière de sa prison.

Sur la toile, les gens lui souriaient pour qui elle était, la soutenait, l'encourageait à parler, à se révéler, montrait une confiance inébranlable. Ils étaient ses psys. Ils se révélaient ses amis.

Son téléphone vibra. Un message privé, d'un abonné muet qui ne faisait que liker, mais likait tout.

Et qui prenait enfin la parole.

De @FGmauvaisnom:

Tu sais, je suis comme toi. Un menteur. Sauf que moi c'est pire. Je joue l'illusionniste, et je me dis magicien... J'aimerais bien discuter avec toi !

Lila ne pût retenir un sourire. Ça faisait un moment qu'elle se demandait pourquoi cet abonné était si attentif à tout ce qu'elle postait sans jamais rien dire. Elle commença aussitôt à taper sa réponse

De @L_îleRouge :

Avec plaisir ! Tu as une envie particulière pour notre première discussion ?

Quand il répondît qu'il aurait voulu savoir comment elle faisait pour concilier les mensonges permanents dans sa vie « réelle » et sa soi-disant honnêteté, Lila hocha la tête. Elle expliqua que c'était un besoin. Besoin de révéler ses mensonges et besoin de mentir. La double-vie offerte par le virtuel lui était vitale pour éviter la folie.

Son interlocuteur déclara qu'il comprenait, puisque lui aussi avait besoin de ces jeux troubles avec la vérité, il en avait toujours eu besoin, mais encore plus depuis la mort de son père, deux ans auparavant.

Lila déclara qu'elle était désolée, ça devait pas être facile, avec un vrai pincement au cœur. Elle le sentît presque hausser les épaules alors qu'il répondait que, de toute façon, ils n'avaient jamais été proches.

Les deux jeunes continuèrent d'échanger, de plus en plus facilement au fil de la nuit, se découvrant avec plaisir.

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Deux mois plus tard.

Lila rît d'une plaisanterie de son ami virtuel. Félix, au fil du temps, était devenu un véritable ami, son confident, son camarade, celui à qui elle disait vraiment absolument tout et qui le lui rendait. Ils avaient rapidement échangé leurs noms, leurs numéros, se dévoilant avec bonheur.

Le temps leur manquait parfois dans une seule nuit pour tout dire. Ils s'étaient appelés, avaient même échangé des appels vidéos, mais ils n'avaient jamais osé franchir le pas : essayer de se voir.

Pour Lila, l'amitié avait fini par évoluer en... Autre chose. Elle se refusait à poser un mot sur ce sentiment, mais elle savait que, malgré ses dénis, Adrien avait perdu tout intérêt au profit de son mystérieux interlocuteur de la nuit.