Revenez !

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Alors, si mes calculs sont à peu près corrects, Nathalie va courir sur un kilomètre et demi, donc huit minutes. Et ça donne, grosso modo, un quart d'heure de marche.
(vous comprendrez plus tard)

**************

Gabriel s'éveillât en sursaut. Il ressentait comme un vide étrange, un vide qu'il expliquait difficilement.

Comme si une part de son âme avait brusquement été arrachée.

Il se leva, inquiet. La seule fois où il avait éprouvé quelque chose de semblable avait été le jour de la mort d'Émilie.

Pourvu que Nathalie soit saine et sauve. Je ne me pardonnerais jamais qu'il lui arrive cela.

Un léger grincement l'attira à la fenêtre. Ouvrant les rideaux, il aperçut le portail entrouvert et une silhouette qui s'éloignait en courant.

Gabriel avala sa salive. C'était forcément Nathalie. Il traversa sa chambre à grandes enjambées, saisît son téléphone portable, et, se rapprochant de la fenêtre, appela son assistante.

« Nathalie ? Où allez-vous ?

— Monsieur, s'étonna-t-elle en s'arrêtant, pourquoi...Je ne vous ai pas réveillé ?

— Pas vraiment. Je me suis réveillé de moi-même. Avec le même sentiment de vide que le jour où Émilie est morte.

» J'ai eu très peur pour vous. Mais vous allez physiquement bien, manifestement...

— Pardonnez-moi, murmura-t-elle.

— Ce n'est pas votre faute. Où allez-vous ?

— Je ne sais pas. Loin. Le plus loin possible.

— Pourquoi ?

— Je ne peux pas rester. Je vous aime. »

Gabriel sentît son bras tomber le long de son corps, tandis que sa mâchoire se décrochait.

Il regarda la silhouette de Nathalie, dans la rue. Ce n'était pas tellement une surprise en fait, au fond il s'en était toujours douté. Mais il ne pouvait plus le nier à présent.

« Nathalie, murmura-t-il dans le combiné, vous ne pouvez pas...S'il vous plaît.

— On ne choisit pas ses sentiments, Monsieur. Je m'en serais passée, si j'avais pu. »

Il hocha la tête. Bien sûr qu'elle ne souffrait pas volontairement, bien sûr qu'elle n'avait pas demandé à éprouver ce sentiment.

Mais comment lui dire qu'il n'avait jamais voulu cela, qu'il souffrait à l'idée de la rejeter, comment transmettre le désarroi mêlé de bonheur où la déclaration le plongeait ?

Il l'entendît raccrocher, et il vît sa silhouette disparaître dans l'obscurité de la rue.

Non ! Je ne peux pas accepter ! J'ai tellement, tellement besoin d'elle...

Cette phrase, cette évidence, le désordre de ses sentiments, la cacophonie de ses émotions assourdirent tout le reste.

Sans une hésitation, il renonça au Miraculous du Papillon, l'arrachant de son vêtement.

Puis il se précipita dehors, tentant encore et encore de rappeler Nathalie tandis qu'il enfilait des chaussures.

Gabriel se glissa dehors, dans la lueur grisâtre de l'aube, remonta la rue le plus vite possible, mais silencieusement.

Loin devant lui, il entendait les pas de Nathalie, heurtant brutalement le trottoir. Il se guidait à l'oreille pour la retrouver, la rattraper...

Il finît par l'apercevoir, encore cinquante mètres devant lui. Il arrêta de courir un instant, l'appela dans un souffle.

OS MiraculousWhere stories live. Discover now