Reviens-moi (Halloween 2023)

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— Mieux que ça. Il y a des verres sur mon masque. Et je me doutais que vous ne partiriez pas sans y voir clair. »

Adrien leva les yeux au ciel et alla pousser la porte, considérant que, s'il ne partait pas, ils ne sortiraient jamais du manoir.

Et dès qu'il fût à l'extérieur, il se précipita dans les magasins voisins, suivi par les deux adultes qui discutaient calmement, événement devenant de plus en plus exceptionnel, mais c'était une bonne chose.

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Deux heures plus tard.

« Keu, eurf... »

Nathalie s'arrêta au milieu de la rue, tentant de retenir la quinte de toux pour ne pas inquiéter les deux autres. Son cœur pulsait violemment dans son crâne, ses mains tremblaient, sa respiration devenait plus chaotique de seconde en seconde, mais elle ne pouvait pas, elle se forçait à avancer, la tête le plus droit possible, tentant de reprendre le contrôle, sans rien laisser paraître du malaise qui l'agitait, qui pâlissait plus encore sa peau sous son maquillage fantomatique. Elle marchait en arrière, ils ne l'avaient pas vue, ça irait, elle pouvait tenir, elle allait tenir, toute la soirée, elle devait...

« Nathalie ! Est-ce que... »

Les mots moururent sur les lèvres de Gabriel, il s'était retourné pour s'assurer qu'elle ne se laissait pas distancer, il l'avait vue en train de s'effondrer, il l'avait rattrapée, et la serrait contre lui avec douceur mais fermeté.

« Je... vais... bien... »

Comment s'était-elle retrouvée dans ses bras, blottie contre lui, à souffler dans son cou son affirmation si fausse ?

« Non, vraiment pas... S'il te plaît, ne fais pas semblant de... Si tu as besoin de t'arrêter, de te reposer, ou même de rentrer... Dis-le, s'il te plaît...

— Je ne veux... keuf, keuf... Je ne veux pas gâcher la soirée.

— Nathalie, la soirée ce n'est pas grave, s'exclama Adrien, parce que si vous vous remettez, on pourra toujours en refaire, mais si...

— D'accord. Je peux continuer, je vous le promets. J'ai juste besoin de quelques minutes pour respirer. Ça va aller, promît-elle en glissant sur le banc où Gabriel s'était assis, ça va aller. »

Malgré leur inquiétude, les deux restèrent, attendant patiemment qu'elle reprenne son souffle et un peu de couleurs, une dizaine de minutes absolument infinies, avant d'accepter de repartir, elle devant au cas où elle ferait un nouveau malaise, où son souffle s'égarerait une fois de plus.

Les minutes s'écoulaient lentement, ils continuaient la chasse aux bonbons, les lancers de sorts improvisés, suivant le plan prévu par Adrien et son garde du corps, se rendant chez les habitants ayant accepté de se prêter au jeu, riant et discutant, profitant de la lueur claire de la lune pleine, se serrant la main, laissant leur joie d'être en vie, d'être ensemble étinceler dans la nuit. Une vingtaine de minutes passèrent ainsi, s'apaisant presque.

Quand soudainement, Nathalie eut l'impression d'étouffer, une étreinte gelée s'empara de sa gorge, elle se forçait à respirer profondément, mais le contact de glace s'accentuait, étouffant ses cris de détresse, son sang se figea dans ses veines, lui interdisant la fuite, jusqu'à ce que le monde se pare de brume, la noirceur prenait tout l'espace.

« Je suis désolée, murmura une haleine de neige à son oreille, je n'ai pas le choix... »

Puis plus rien, seulement les tremblements, l'immobilité imbattable des malaises, leur obscurité et le silence contre lequel elle luttait, tentant d'articuler un appel, mais le mur était impossible à percer.

OS MiraculousWhere stories live. Discover now