Je t'aime

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Harry et Drago étaient cachés à l'orée de la forêt, près de la cabane d'Hagrid. Ils avaient choisi une position qui leur assurait la meilleure vue sur le parc de Poudlard.

D'où il étaient, ils verraient arriver les Mangemorts et pourraient même les prendre à revers, si une occasion se présentait.

Drago était drapé dans la cape d'invisibilité mais il ne s'en était pas entièrement recouvert, préférant profiter d'une légère brise. Ils ne savaient pas combien de temps pourrait durer leur attente.

Ils voyaient au loin les élèves les plus âgés se mettre en place, accompagnés des professeurs, des membres de l'Ordre et des Aurors. Malgré sa position de Ministre de la Magie, Lucius Malefoy n'avait pas pu interdire aux Aurors de venir prêter main forte dans la Bataille contre Voldemort.

Officiellement, il n'était pas un Mangemort, même si personne n'était dupe. Il s'était juste contenté de déployer un maximum d'Aurors devant Gringotts et au Ministère - soit disant pour protéger les intérêts du monde sorcier.

Harry recula un peu plus à l'ombre des arbres, entraînant Drago avec lui. Le Serpentard se laissa faire sans broncher.

En joignant leurs mains, Harry sentit que le blond était glacé, et il l'attira contre lui, dans ses bras, pour essayer de le réchauffer et de le rassurer.

Il savait pertinemment que Drago ne le dirait pas, mais il n'était pas dupe. Le jeune homme avait peur de ce qui allait se passer.

Ils avaient évoqué le sujet ensemble, et la possibilité que la prophétie puisse être vraie avait systématiquement été refusée par Drago. Il refusait d'envisager que Harry n'avait pas d'autre choix que de se sacrifier pour sauver le monde sorcier.

Si Drago craignait que Harry ne soit tué, l'inverse était vrai. Harry craignait que Drago ne soit tué par un Mangemort, voire même son père.

Tant que la bataille finale restait une probabilité future, un événement à venir, tant qu'il leur restait du temps, l'inquiétude avait été présente, mais étouffée.

Mais ce n'était plus un événement à venir. Ils y étaient. Le moment qu'ils avaient tous les deux redouté était en train de se produire, et ils ne pouvaient pas y échapper, ni l'un, ni l'autre.

Leur propre mortalité, la possibilité de voir leurs amis tomber sous les sorts ennemis, devenait bien plus qu'une éventualité. Ils étaient parfaitement conscients que beaucoup de sorciers allaient tomber sur le champ de bataille.

Ils se rendaient aussi compte qu'ils allaient devoir tuer pour s'en sortir. Ça ne serait plus simplement des sorts défensifs, ou de simples sortilèges inoffensifs. Ils allaient devoir défendre chèrement leurs vies en prenant d'autres vies.

Ils restèrent un long moment les yeux dans les yeux, enlacés. Ils essayaient de rassurer l'autre alors qu'ils sentaient la peur les envahir jusqu'à les noyer.

Ni l'un ni l'autre ne sut qui avait initié le geste, ils pourraient juste dire qu'ils en avaient eu envie tous les deux. Ils s'embrassèrent. Doucement au début, puis de plus en plus passionnément au fur et à mesure que l'urgence se faisait sentir. Ils arrivaient au dénouement, et ils avaient besoin de se rassurer comme ils le pouvaient.

Ils avaient parlé énormément tous les deux. Des heures de conversations pour deux ennemis qui auparavant ne pouvaient pas se croiser sans s'insulter.

Ils s'étaient raconté beaucoup de choses, ils avaient échangé sur beaucoup de sujets. Mais ils avaient évité avec soin l'essentiel. Et ils se retrouvaient face à face, au point de non retour, à regretter en silence ne pas avoir eu le courage de se livrer un peu plus.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant