Bonus 37 : la colère des Serpentard

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Lorsque Drago avait appris l'origine du malaise de Harry quand à l'enfermement, il avait senti la colère se répandre en lui.

Il n'avait rien dit, mais s'était crispé.

Il ne comprenait pas comment Dumbledore avait pu faire ça. Enfermer Harry après ce qu'il avait vécu. Le renvoyer encore et encore dans cette famille de moldus minables.

Il avait regardé autour de la table et il avait compris. Hermione et Ron savaient. C'était pour ça qu'ils entouraient Harry et qu'ils le surveillaient d'aussi près. Ils l'avaient toujours su.

Il crispa les mâchoires un peu plus pour s'empêcher de parler, de devenir désagréable. Il ne comprenait pas pourquoi personne n'avait réagi, pourquoi aucun des courageux Gryffondor ne s'était opposé à cette flagrante injustice.

Il était un Serpentard, et il se savait lâche et peureux. Mais il n'aurait pas pu laisser une telle injustice se produire.

Il croisa le regard des autres Serpentard, et il vit que ses amis avaient tous le même avis sur la question.

Blaise semblait sur le point de vomir, et il serrait la table entre ses doigts. Il était étrangement pâle, et lorsque ses yeux croisèrent ceux de son ami, Drago y lut la même révolte et la même colère qu'il devait y avoir dans les siens.

Blaise était effectivement à mi-chemin entre la nausée et la colère.

Il ne comprenait pas comment le héros du monde magique pouvait être traité ainsi et laissé livré aux ignobles moldus qui étaient sa famille restante.

Il avait une famille étrange de son côté, avec sa mère croqueuse d'hommes. Elle n'était pas Mangemort, mais elle avait eu des liaisons avec plusieurs d'entre eux.

Elle était toujours en voyage, de croisière en safari. Toujours avec des hommes riches et puissants.

Mais même avec une mère absente, il savait que jamais elle ne l'aurait laissé être maltraité. Et quand bien même, il avait des amis sur qui compter. Drago et Pansy. Même Théo, le silencieux et timide Théo, ne pourrait pas le regarder dans les yeux en sachant qu'il est malheureux et ne juste... rien faire.

Blaise quitta les yeux argent de Drago, qui semblaient liquides sous le coup de la colère. Il soupira et tourna les yeux, trouvant le regard de Pansy.

Pansy et ses yeux clairs qui s'étaient assombris sous la colère. Pansy, à la fois douce et piquante, délicate et rude. Pansy qui savait se montrer une peste et l'instant d'après cajoler avec tendresse.

Pansy était une sang-Pur, elle savait donc parfaitement masquer ses émotions. Et elle était maîtresse en la matière : quand elle décidait qu'elle ne devait rien montrer de ce qu'elle ressentait, personne ne pouvait la percer à jour.

Contrairement à beaucoup d'autres enfants de Mangemorts, elle avait vécu une enfance heureuse, entourée d'amour. Ses parents l'adoraient et la traitaient comme une princesse.

Pour autant, Pansy - comme beaucoup de Serpentard - était fidèle en amitié, au point de s'impliquer si nécessaire.

Si l'un de ses amis avait besoin d'aide, elle faisait en sorte de lui porter assistance.

Ainsi, elle avait réussi à inviter Drago à de nombreuses reprises chez eux pour lui permettre de passer des vacances au calme, loin de l'indifférence de sa mère et de la cruauté de Lucius.

Les parents de Pansy n'avaient pas hésité à engager des fiançailles entre les deux jeunes gens, leur promettant qu'au final ils seraient seuls juges, pour que Drago ait une excuse de fuir son quotidien sombre.

Pansy n'avait pas oublié l'aide de Harry. Comment il avait sauvé son Drago - son meilleur ami. Comment il lui avait tendu la main avec naturel, sans lui tenir rigueur de leur passé compliqué - elle savait si bien être une peste !

Comment Harry était arrivé après être parti à sa recherche après la mort de ses parents, et comment il avait su comment agir et quoi lui dire pour l'aider. Comment il l'avait aidée à remonter la pente, patiemment.

Comment il lui avait fait rencontrer Neville, lui permettant d'être heureuse à nouveau.

Harry Potter lui avait offert une nouvelle vie, sans rien lui demander. Il lui avait montré ce qu'était un véritable héros, et parfois, elle aurait aimé pouvoir parler plus de lui à ses parents. Elle aurait aimé que ses parents ne le rencontrent avant d'être tués, qu'ils connaissent le garçon pour lequel ils étaient morts.

Pansy n'était pas une idiote. Elle avait autant d'intuition que Hermione, et elle devinait sans peine la relation qui se profilait entre son meilleur ami et Harry. Et ces deux garçons méritaient d'être heureux après avoir autant souffert.

Pour autant, Pansy écumait de rage, stupéfaite à l'idée que Dumbledore n'ait pas hésité à torturer Harry de la pire des façons, pour pouvoir le garder près de lui.

Elle songea un instant qu'elle aurait aimé pouvoir envoyer Voldemort lui-même aux trousses de ces satanés moldus si ça pouvait permettre à Harry de se sentir mieux.

La jeune fille serra des dents pour s'empêcher de pleurer et détourna les yeux.

Puis, elle leva la tête pour voir que Théo la regardait l'air inquiet. Théo dont les yeux clairs étaient agrandis par l'incrédulité et où brûlait une haine farouche.

Théodore Nott avait connu les maltraitance depuis l'enfance. Sa mère était morte sous les coups de son père, et le petit garçon avait été éduqué "à la dure".

Il avait grandi en se faisant aussi discret que possible et avait gardé cette timidité permanente.

Lorsqu'il était arrivé à Poudlard, le petit Théodore s'était installé craintivement à la table Serpentard et s'était mis en retrait.

Si Drago, Blaise et Pansy ne l'avaient pas approchés, il aurait connu une scolarité bien morne.

Au lieu de quoi, il avait été entouré par les trois amis. Il était resté en retrait, parce que c'était dans sa nature, mais ils lui avaient suffisamment fait confiance pour lui offrir une chance en le présentant à Harry Potter.

Sur le moment, il avait pensé qu'ils espéraient quelque chose de lui. De l'espionnage, des informations.

Mais il avait découvert que c'était juste une main tendue, pour l'aider lui.

Et puis, il y avait eu Luna. Fantasque et étrange, ils s'étaient trouvés et accrochés l'un à l'autre. Ils passaient des heures ensemble, et Luna était la première à qui il avait tout raconté sur lui. Il s'était ouvert comme jamais, et sa jolie Serdaigle lui avait offert la paix intérieure.

Lorsqu'il avait entendu que Harry avait été enfermé dans un placard, et qu'il craignait les espaces confinés, il s'était approché de Luna et l'avait enlacé. La jeune fille avait posé sa petite main sur sa cuisse, lui faisant comprendre qu'il n'était plus seul.

Il nota les regards furieux de ses amis, les regards honteux des Gryffondors.

En voyant Pansy au bord des larmes, Théodore pour la première fois de sa vie fut celui qui prit l'initiative.

- On doit faire quelque chose.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant