Bonus 38 : la réaction de Blaise

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Blaise était installé sur un fauteuil, et regardait Ginny Weasley.

Il était inquiet. Ginny - sa Ginny, Ginévra Weasley - regardait Harry d'un air sombre.

Son expression ne lui laissait aucun doute : elle se posait des questions, et elle était toujours attirée par celui qu'elle avait si longtemps attendu. Elle hésitait encore.

Blaise lui avait offert son amitié en premier lieu.

Mais il avait été attiré par la jeune fille, et il avait essayé de la séduire. Il l'avait entouré d'attentions, et il lui avait montré à quel point il la trouvait belle.

Elle s'était montrée honnête, elle lui avait parlé de son rêve de petite fille, de son amour inconditionnel pour le Survivant. Pas pour Harry. Pour le Survivant. Le héros qu'elle avait découvert dans les livres.

Il n'avait pas bronché, parce qu'il savait que s'il lui faisait remarquer qu'elle ne le connaissait pas si bien, elle se serait éloignée de lui.

En douceur, il lui avait montré une autre possibilité. Harry ne la voyait pas : elle était la petite sœur de son meilleur ami, rien de plus. Il lui avait offert toute l'attention dont elle avait besoin, en plus de leur amitié naissante.

Blaise avait su qu'il était irrémédiablement perdu le jour où elle avait jeté un chauve-furie sur un idiot qui s'était moqué d'elle. Il avait senti son cœur battre à coups redoublés.

Il s'était retenu de lui dire qu'il venait de tomber amoureux d'elle. Qu'il pensait qu'elle était la femme de sa vie.

Lorsque Ginny était venue s'installer près de lui pour lui donner l'occasion de la séduire, l'espoir qui l'avait envahi avait déferlé sur lui comme une lame de fond. Il avait dû avoir l'air stupide de sourire bêtement à ses mots si anodins. "J'en ai assez d'attendre".

Lorsqu'ils avaient échangé leur premier baiser, il s'était senti le plus heureux des hommes. Il ne s'était même pas rendu compte que Harry et Drago quittaient la pièce, parce qu'il ne voyait qu'elle.

Et depuis, il avait passé chaque instant à la choyer et à l'entourer de toute la tendresse qu'il ressentait pour elle.

Il avait cru qu'elle ressentait elle-aussi quelque chose de spécial pour lui. Il aimait leur complicité, les fous-rires qu'ils avaient parfois. Leurs plaisanteries. Leurs paris incessants.

Il aimait sentir la jeune fille contre lui, dans ses bras. Elle semblait minuscule à côté de lui, si fragile, et il avait l'illusion qu'il pouvait la protéger. Mais elle était forte, parfois plus que lui.

C'était aussi ce qu'il aimait chez elle, cette force enrobée de douceur.

Naïvement, il avait cru que ce serait suffisant, mais les regards de Ginny sur Harry en cet instant ne laissaient pas place au doute. Elle n'avait pas vraiment cessé d'attendre, elle en avait juste donné l'illusion.

Et lui, se retrouvait là, assis seul, à la regarder avec douleur et jalousie, pendant qu'elle était à l'autre bout de la pièce les yeux sur Harry.

Elle semblait en colère contre Drago et Blaise devinait pourquoi : elle en voulait à son meilleur ami d'être plus proche qu'elle du garçon qu'elle aimait depuis sa plus tendre enfance.

Drago avait réussi à attirer le regard de Harry là où elle avait échoué.

Blaise grimaça quand il la vit soupirer. A aucun moment, Ginny n'avait quitté Harry du regard. Elle ne voyait que lui, et n'avait pas jeté un seul regard vers lui, son petit ami. Elle observait chaque geste du brun, analysait chacune de ses expressions.

Le jeune homme vit Hermione s'approcher de Ginny d'un air mécontent. Il devinait sans peine ce qu'elle allait faire, mais il aurait préféré qu'elle n'intervienne pas. Hermione était loyale, la Gryffondor par excellence.

Il voulait que Ginny le regarde d'elle même, pas qu'elle obéisse à un conseil. Il ne voulait pas qu'elle ne se sente obligée, ou qu'il soit choisi parce que l'autre était indisponible.

Il savait qu'il ne faisait pas le poids face à Harry. Et il aurait préféré pouvoir détester Harry. Les choses auraient été moins douloureuses. Il aurait pu insulter et mépriser son rival.

Il aurait pu le provoquer en duel, pour les beaux yeux d'une rousse volcanique qui ne savait pas ce qu'elle voulait.

Mais Harry était un ami.

Il capta l'espace d'un instant le regard de Ginny.

Mais elle détourna les yeux aussitôt et il sentit son cœur se briser.

Il s'était toujours moqué de ceux qui étaient amoureux, avant. De leurs faiblesses. De cet air torturé qu'ils avaient lorsque l'être aimé les quittait ou les trahissait.

Sa mère lui avait appris dès le plus jeune âge que l'amour n'existait pas. Pas le grand amour des contes en tout cas.

Il avait vu toute son enfance un défilé d'hommes passer dans les bras de sa mère.

Quand il lui posait des questions sur l'amour, sa mère éclatait de rire et le serrait dans ses bras. Elle lui avouait qu'elle était bien plus heureuse comme ça, libre et indépendante. Que tout ses amants prenaient soin d'elle, mais qu'elle préférait réserver son cœur pour son fils.

Blaise avait cru qu'il serait comme elle. Qu'il papillonnerait, de fille en fille. Qu'il ne se fixerait jamais, jusqu'à ce qu'il ait un enfant, auquel il offrirait tout son amour. Comme sa mère l'avait fait.

Jusqu'à ce qu'il rencontre Ginny. Qu'elle ne l'ensorcelle, qu'elle ne le charme avec son sourire et sa malice.

Et il se trouvait maintenant dans la situation de ceux qu'il avait méprisé. Horriblement triste, le cœur brisé. Désespéré.

Une part de lui même avait envie de rendre coup pour coup. De se montrer dur et inflexible. Mais il savait qu'il ne pourrait jamais la blesser, parce qu'elle était trop importante.

Avec un soupir, Blaise se laissa aller en arrière, fermant les yeux et essayant d'ignorer la présence de Ginny dans la même pièce que lui. Se demandant s'il aurait la force de l'attendre encore, ou s'il devrait une fois pour toute oublier cette rouquine un peu trop toxique pour son cœur.

Mais au fond de lui il savait quel serait son choix. Il attendrait de savoir ce qu'elle ferait.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant