Je t'aiderai à étudier

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Ron Weasley avait depuis toujours un gros problème de confiance en soi. Dernier fils d'une famille nombreuse, il avait l'impression d'être perdu parmi ses frères tous plus âgés.

Il n'avait pas l'humour et l'inventivité des jumeaux, le sérieux de Percy, le charme de Bill ou l'intrépidité de Charlie.

D'ailleurs, il ne pourrait jamais rivaliser avec Charlie, son modèle, qui n'était rien de moins qu'éleveur de Dragons...

En amitié, il passait toujours au second plan, éclipsé par l'intelligence brillante d'Hermione et la célébrité de Harry.

Il n'était pas un élève brillant, il s'en sortait honorablement, mais devait avouer qu'il était légèrement trop paresseux pour espérer mieux.

Il était connu pour sa gourmandise, et pour suivre aveuglément Harry au devant du danger.

Bien entendu, il avait reçu des compliments sur son courage pour avoir osé suivre le Survivant. Mais au fond de lui, il savait qu'il ne s'agissait pas vraiment de courage. Il avait juste suivi, sans se poser de questions...

Il restait pourtant encore et toujours fidèle à Harry. Il lui arrivait de s'éloigner un peu, par jalousie, mais il ne pourrait jamais le trahir. L'amitié entre eux avait été immédiate, et Ron savait qu'ils pourraient tout se dire.

Malgré tout, il lui avait fallu longtemps avant d'avouer à son ami son mal être. Il avait commencé à parler après que Charlie ait risqué sa vie pour capturer un spécimen unique de dragon, une espèce encore méconnue qui devrait être étudiée.

Le monde sorcier chantait les louanges de ce rouquin qui n'avait pas froid au yeux, l'aîné de la fratrie Weasley.

Après avoir été rassuré sur la santé de son frère, il s'était mis en colère, et avait violemment pris à partie Harry.

- Tu peux me dire ce qu'il me reste à moi, hein ? Charlie a ses dragons et sa nouvelle célébrité. Bill a son travail de briseur de sorts et les gobelins sont enchantés de ses services. Percy... Percy a le Ministère et toutes ces distinctions qu'il collectionne. Fred et George ont leurs inventions, et ils ont déjà acquis une certaine renommée avant même d'être diplômés !

- Ron...

- Oh bien sûr. Je suis l'ami du grand Harry Potter. Harry tu es comme mon frère, mais parfois ta célébrité est écrasante.

Harry avait vu rouge. Il avait bousculé son ami en lui demandant s'il préférerait que ce soit SA vie privée qui soit disséquée par Skeeter. Le rouquin avait eu le bon goût de paraître embarrassé.

- Ron, je n'allais pas te dire que tu avais mon amitié même si c'est le cas. J'allais te dire que tu es un stratège de génie. Tu excelles aux échecs. Sans toi, il m'aurait été impossible de survivre à mes premières années à Poudlard.

Ron était devenu écarlate puis s'était jeté dans les bras de Harry en s'excusant de s'être montré un parfait idiot.

Harry avait conscience de ne pas toujours être très doué en relations humaines, il avait souvent du mal à comprendre les sentiments des personnes qui l'entouraient.

Son enfance malheureuse chez les Dursley lui avait laissé des traces, et il ne voyait parfois pas l'évidence juste sous son nez.

Heureux de se trouver un ami, il n'avait pas remarqué le mal être de Ron. Il avait été reconnaissant au jeune homme de l'accepter malgré les dangers qui pesaient sur lui, sans se rendre compte de l'insécurité du rouquin.

Après les aveux de Ron, il avait fait attention à leur amitié, qui lui était bien trop précieuse pour qu'elle ne soit brisée pour des broutilles. Mais en connaissant la faiblesse de son ami, il avait aussi trouvé comment le manipuler pour l'amener à faire ce qu'il voulait.

Il avait bien trop de scrupules à utiliser ce type de comportement. Mais il s'était toujours dit que savoir ce genre de choses pourrait probablement l'aider un jour à sauver la vie du jeune homme.

Or il se trouvait face à un cas de conscience. Il savait exactement quoi faire pour que Ron se rapproche d'Hermione, mais il ne s'agissait pas vraiment d'une question de vie ou de mort.

D'un autre côté, il s'agissait d'un pari avec Drago et il savait sans aucun doute que si le Serpentard avait l'occasion de tricher, il n'hésiterait pas.

Harry soupira, sa conscience douloureusement tiraillée, puis observa ses amis. Il surprit un regard plein d'adoration de Ron en direction de Hermione. Aussitôt, il décida que ce n'était certes pas une question de vie ou de mort. Mais c'était une question d'avenir. L'avenir de ses meilleurs amis, leur descendance éventuelle. Sans aucun doute, il serait le parrain de leur futur enfant... Autant commencer dès maintenant à agir en bon parrain ! Tout reposait peut-être sur ses épaules de Survivant.

Il ignora la petite voix de sa conscience qui essayait d'objecter en opposant l'argument ultime : et puis il y avait ce défi...

D'un pas décidé, il se leva et s'approcha d'Hermione. Il posa les mains sur les épaules de la jeune fille pour se pencher vers elle, lisant ce qu'elle écrivait.

- Tu révises quoi, Hermione ?

Inconsciente de ce qui se passait - le comportement soudain trop tactile de Harry et le regard surpris et légèrement jaloux de Ron - la lionne répondit d'un ton absent qu'elle étudiait certains sortilèges de défense.

- Mais... Hermione, tu es la plus douée d'entre nous !

- C'est gentil, Harry. Mais j'ai certains sortilèges qui me posent soucis.

Harry avait noté avec satisfaction la rougeur qui avait gagné les joues de son amie. Il savait qu'elle ne l'envisagerait jamais comme potentiel petit ami parce qu'elle n'avait d'yeux que pour Ron, mais elle appréciait les compliments. Ron, lui, n'avait pas conscience d'être le seul présent dans le cœur de sa belle...

- Si tu as besoin... Je t'aiderai à étudier. Tu en fais tellement pour moi.

Hermione se tourna à demi pour lui lancer un regard soupçonneux, avant de sourire d'un air hésitant. Harry bénissait son côté Serpentard et l'héritage des Maraudeurs qui lui permettaient de prendre un air innocent à volonté.

Il vit Ron plisser les paupières, et Harry en profita pour déposer un léger baiser sur la joue de son amie.

Il n'eut pas besoin de plus. Le caractère emporté de Ron et sa jalousie firent le reste.

Ronald Weasley se leva brusquement, comme un diable sautant hors de sa boîte faisant sursauter Hermione et Ginny qui était à côté. Il rougit mais demanda à Hermione de l'accompagner à la Bibliothèque.

Hermione fronça les sourcils et son regard passa de Harry à Ron, essayant probablement de trouver ce qui se passait.

Quand Ron insista en lui disant qu'il avait totalement oublié de lui montrer un livre qui pourrait l'intéresser, Hermione se leva à son tour, subitement intéressée.

Harry croisa les bras et sourit d'un air satisfait en regardant ses deux meilleurs amis quitter la salle commune des Griffondor ensemble. Il espérait juste que Ron ne se laisserait pas distraire, après tout, il avait un pari à gagner !

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant