Joyeux anniversaire

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Depuis près d'une semaine, Ron Weasley était entré dans un état d'excitation suprême. Son anniversaire approchait à grands pas, et il ne pouvait pas s'empêcher d'en parler sans arrêt et à tout le monde.

A son grand désespoir, aucun de ses amis - anciens ou nouveaux - ne réagissait. Il avait beau faire des allusions tout sauf subtiles, personne ne mordait à l'hameçon.

Hermione lui avait même fait une réflexion comme quoi l'heure du repas arriverait bien assez tôt et qu'il devrait se calmer...

Que sa - presque - petite amie puisse croire qu'il faisait tout ça juste pour le repas du soir - toujours bien trop long à arriver selon lui - l'avait laissé bouche bée et légèrement vexé.

Harry s'était mis à rire, et lui avait rappelé que le match de Quiddich ne serait que la semaine suivante.

Ron avait eu l'impression que le monde s'écroulait autour de lui : ils l'avaient tous oublié.

Aussi, deux jours avant son anniversaire, il décida de ne plus en parler et son excitation retomba, complètement douchée.

Il prétexta avoir mal au ventre pour s'isoler un peu et faire un peu - beaucoup - la tête.

Ron ne s'en doutait absolument pas mais ses amis ne l'avaient pas oublié. Ils avaient tous décidé de laisser penser au jeune homme que personne ne se souvenait de son anniversaire. En secret, ils préparaient une petite fête pour lui et le caractère emporté de Ron les aidait grandement.

Ils se relayaient pour donner le change, pendant qu'ils préparaient les cadeaux d'anniversaire.

Ginny était ravie du tour joué à son frère et se montra particulièrement souriante. Quand à Hermione, elle garda un léger sourire amusé tout au long des préparatifs.

La jeune fille voyait Ron les sourcils froncés, dévisager tous ses amis avec un air perplexe. Après tout, c'était la première année que tout le monde l'oubliait. Tout le monde en même temps.

Elle l'entendit poser des questions à Madame Pomfresh sur les sortilèges d'oubli et comment les reconnaître. Elle le vit passer du temps à la bibliothèque, recherchant laborieusement tout ce qui pouvait causer une perte de mémoire partielle sur un groupe de sorciers.

Hermione devait reconnaître que son ami avait appris à mener des recherches et à trouver des hypothèses parfaitement logiques. Elle le découvrit assidu et capable d'un sérieux à toute épreuve. Et la jeune fille devait avouer que cette facette de Ron qu'elle ne connaissait pas l'attirait énormément.

Hermione pensa un instant à tout avouer à Ron, elle se sentait soudainement légèrement coupable de lui laisser croire que personne ne pensait à lui et de le laisser faire toutes ces recherches.

Elle s'en ouvrit à Harry, mais son ami la convainquit de tenir quelques heures encore, lui promettant que Ron oublierait tout en se rendant compte qu'ils avaient tous pensé à lui et qu'ils lui offraient une magnifique surprise d'anniversaire.

Ron les trouva ainsi en arrivant dans la salle commune des Griffondor : assis côte à côte, penchés l'un vers l'autre, chuchotant, Harry ayant passé un bras sur les épaules d'Hermione.

En temps normal, Ron se serait avancé et aurait probablement fait une réflexion maladroite sur le rapprochement de ses deux amis. Mais il était énervé de se sentir aussi seul, fatigué après avoir feuilleté des centaines de pages poussiéreuses à la bibliothèque, et vexé de voir Hermione dans les bras de Harry. Aussi, il les fusilla du regard tandis que sa jalousie flambait.

Il croisa le regard amusé de Ginny et il eut soudainement envie d'étrangler sa petite sœur. Il se demanda sérieusement si ses parents lui pardonneraient un coup de folie - il pourrait peut être prétexter avoir agi dans un état second... Ou peut être sous Imperium d'un Mangemort Serpentard.

Il haussa les épaules, décidant d'ignorer sa peste de sœur.

Ron gagna le dortoir et décida de se coucher sans attendre.

Quand Harry vint se coucher un peu plus tard, Ron ne dormait pas. Harry s'approcha et souhaita à son ami une bonne nuit.

Le rouquin ne répondit pas, restant tendu et raide comme un piquet dans son lit.

Il passa une très mauvaise nuit, agitée et pleine de cauchemars.

Il rêva qu'il entrait dans la Grande Salle pour son petit déjeuner, seul, et que tout le monde était déjà attablé. Ils levaient tous les yeux sur lui, éclataient de rire en le voyant tandis qu'Hermione et Harry s'embrassaient entre deux éclats de rire. Ginny lui apportait un miroir et il se rendait compte qu'il était nu.

Il rêva que ses parents l'appelaient pour lui annoncer qu'il n'avait désormais plus de date d'anniversaire. Dans son rêve, il se mettait à pleurer et partait errer dans Poudlard, à la recherche de son anniversaire perdu. Il finissait par rejoindre Mimi Geignarde pour pleurer à ses côtés dans les toilettes pour fille.

Il rêva qu'il sortait de la salle commune des Gryffondor et que Bellatrix Lestrange arrivait en riant comme la démente qu'elle était. Elle lui lançait un Avada et il tombait raide mort aux pieds de ses amis. Bellatrix fuyait tandis que ses amis se rendaient compte d'un seul coup qu'ils avaient oublié son anniversaire et pleuraient dans les bras les uns des autres, au dessus de son corps sans vie.

Lorsqu'il se réveilla au matin de son anniversaire, il eut l'impression qu'il n'avait pas dormi. Le souvenir de ses rêves idiots et surréalistes le fit grogner d'agacement et il se leva lentement, se rendant à la douche d'un pas traînant.

Habituellement, il prenait la peine de s'habiller mieux le jour de son anniversaire, mais ce matin là, il décida que ça n'en valait pas la peine et préféra se vêtir comme au quotidien.

Il décida également qu'il était presque qu'un adulte maintenant, assez vieux pour ne pas se comporter comme un gosse. Il parlerait à ses amis comme chaque jour, et après les cours, il prendrait son balai et irait s'offrir un moment de liberté dans le ciel de Poudlard en guise de cadeau d'anniversaire.

Une fois son programme de la journée décidé, il se sentit soudainement mieux et descendit dans la salle commune de bien meilleure humeur, chantonnant presque.

Si ses amis furent surpris de sa bonne humeur retrouvée, personne ne dit rien, bien que Hermione le dévisagea un peu plus longtemps qu'à son habitude.

Le petit déjeuner puis la journée se passèrent comme un jour ordinaire. Ron - même s'il était parfois dans ses pensées - avait retrouvé sa bonne humeur habituelle.

Au repas du soir, il allait se diriger vers la grande salle quand Blaise vint le voir.

- Ron ? Dis-moi, tu peux m'accompagner à la salle sur demande ? J'aurais besoin de te parler au sujet de Ginny...

Ron hésita un instant, caressant l'idée de planter Blaise au milieu du couloir pour aller manger mais soupira et le suivit en essayant de savoir quel était le problème. Sans succès.

Arrivé devant la salle sur demande, Ron avait les sourcils froncés et espérait qu'il ne venait pas de foncer tête baissée dans un piège, parce que c'était précisément ce que lui hurlait son instinct.

Il poussa la porte et eut la surprise de trouver une salle plongée dans le noir. Avant qu'il ne puisse faire demi tour ou dire quoi que ce soit, Blaise le poussa dans la salle en le suivant.

La lumière revint, l'aveuglant et il entendit un cri.

-Joyeux anniversaire !

Ron regarda autour de lui, yeux écarquillés.

Tous ses amis étaient réunis autour de lui, se pressant pour lui souhaiter son anniversaire. L'anniversaire qu'ils avaient oublié.

Violemment ému, il ouvrit et referma la bouche à plusieurs reprises. Quand Harry le prit dans ses bras, il lui rendit son étreinte la gorge nouée, incapable de répondre.

Quand Hermione s'approcha et l'enlaça, il sentit ses yeux s'humidifier. La seule pensée cohérente qu'il eut fut qu'elle ne devait pas le voir pleurer. Alors, il s'écarta légèrement d'elle et l'embrassa pour lui cacher son émotion.

Hermione hésita un instant puis lui rendit son baiser alors qu'autour d'eux des applaudissements éclataient.

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