J'ai fait ça pour toi

729 106 1
                                    

Millicent Bullstrode avait toujours eu l'habitude d'être seule. Serpentard et sang pur, elle était tombée dans la pire maison possible pour elle... La jeune fille était complexée par son physique et elle était régulièrement mise à l'écart.

Elle ne s'en plaignait pas : elle avait l'habitude d'être seule. Elle voyait les autres filles de son âge minauder et regarder les garçons en battant des cils. Elle devinait qu'elle ne serait jamais l'une d'entre elle.

Millicent avait toujours eu comme mécanisme de défense l'attaque. Elle se considérait comme monstrueuse et dans son esprit, elle devait calquer ses actes sur son aspect physique.

Quand Drago Malefoy avait rejoint Harry Potter, elle avait observé son camarade de maison, perplexe. Si elle se montrait agressive, Drago avait fait de l'ironie et de la méchanceté tout un art.

Pourtant, il avait changé.

Le second à rejoindre l'Elu avait été Blaise Zabini. Zabini avait toujours été bien trop joyeux et sociable pour la maison Serpentard, aussi son changement d'allégeance n'avait pas réellement été une surprise.

Lorsque Pansy était venue la voir un soir pour lui parler, Millicent l'avait écoutée avec attention.

Pansy était ce qui pouvait se rapprocher le plus d'une amie.

Elles avaient en commun leur maison, mais également le fait d'appartenir à une famille aimante.

Quand Pansy avait chuchoté la possibilité de rejoindre Potter, Millicent avait hoqueté, stupéfaite.

La jeune fille avait pris le temps de réfléchir soigneusement et avait acquiescé, se demandant si les choses allaient changer.

Et les choses avaient changé. Les Parkinson et les Bullstrode étaient passé dans le camp opposé.

Millicent pensait que rien ne changerait pour elle. Mais elle avait été incluse à leur petit groupe, et tout le monde la traitait avec respect. Elle s'était adoucie, tout en restant méfiante : elle s'attendait toujours à être rejetée, comme avant. Parce qu'elle était laide et pataude. Elle n'était pas la plus intelligente et sa famille n'avait pas tant d'argent que ça. Elle n'avait rien à offrir.

Quand Pansy avait disparu, Millicent avait été surprise de voir que les Gryffondor n'avaient pas hésité pour voler à son secours. Elle avait vu Harry Potter consoler son amie et lui promettre qu'elle ne serait pas seule.

Au fond, quelque chose s'était brisé en Millicent et elle s'était sentie moins en colère contre le monde qui l'entourait. Elle se surprenait à rêver et à sourire, choses qu'elle n'aurait jamais imaginé avant.

Ses camarades de maison, eux qui n'avaient jamais prêté attention à elle avant, prenaient soin d'elle, autant qu'elle prenait soin d'eux. Ils formaient presque une famille, se soutenant et se protégeant mutuellement.

Ils étaient devenus des parias dans leur maison, et ils se serraient les coudes.

Malgré tout ce qu'elle avait imaginé, Millicent n'avait pas pris en compte la réaction des élèves des autres maisons.

Les Serpentard étaient toujours tenus à l'écart des autres maisons. Ils restaient entre eux, et les autres maisons les traitaient au mieux avec indifférence au pire avec un dédain mêlé de crainte.

Depuis qu'ils étaient vus en compagnie des Gryffondors, les regards posés sur eux étaient interrogatifs, curieux, mais il n'y avait plus ce dédain permanent.

Ce jour là, Millicent avait retrouvé une boucle d'oreille que Luna avait perdu et sans réfléchir, elle avait été la voir pour la lui rendre.

Elle avait fait comme toujours, elle n'avais pas fait attention aux autres personnes l'entourant, se concentrant sur Luna et son sourire amical. Elle lui avait tendu le bijou en souriant et elle avait eu un léger rire quand Luna avait sauté de joie.

Puis la jeune fille était repartie rejoindre Pansy.

Lorsqu'un Serdaigle s'était approchée d'elle à la bibliothèque, elle n'avait même pas pensé à se montrer désagréable comme elle en avait eu l'habitude - dans une autre vie.

Elle avait levé les yeux vers lui et avait attendu de savoir ce qu'il voulait.

Le jeune homme lui avait tendu un parchemin.

- J'ai fait ça pour toi.

Puis il était parti sans une explication de plus.

A la table voisine, les jumelles Patil gloussèrent et Padma se pencha vers elle.

- C'est Eddie Carmichael. Il est... gentil mais maladroit.

Millicent hocha la tête un peu perdue et déroula lentement le rouleau de papier épais.

A l'intérieur, il y avait un dessin et elle rougit immédiatement stupéfaite.

Elle était représentée assise dans le parc de Poudlard, adossée à un arbre, un livre ouvert sur les genoux et l'air rêveur. Il lui fallu quelques instant pour comprendre que la jeune fille dessinée était bien elle parce qu'elle était... Jolie.

Il n'avait pas modifié sa carrure ou ses kilos en trop, mais son visage était doux et le sourire qu'elle affichait lui donnait un air différent.

Elle ne comprenait pas pourquoi Eddie avait pris le temps de la dessiner de cette façon, mais elle tomba immédiatement amoureuse du dessin.

Lorsque les jumelles Patil se penchèrent vers elle, curieuses, elle referma rapidement le parchemin et se leva précipitamment.

- Je... heu... Je dois y aller.

Pour la première fois de sa vie, Millicent pris la fuite.

Elle parcourut les couloirs de Poudlard jusqu'à trouver Pansy, qui était avec Neville. Elle s'empourpra à nouveau, gênée de déranger son amie, mais elle s'avança quand même et lui tendit le parchemin sans un mot.

Son amie attrapa le rouleau avec un haussement de sourcil interrogatif et hoqueta de stupeur face au dessin. Neville se pencha par dessus l'épaule de la Serpentard et siffla entre ses dents.

- Et bien, Millie, tu as un admirateur !

Pansy eut un léger rire et leva les yeux vers son amie.

- Il semblerait que quelqu'un soit enfin décidé à te voir telle que tu es...

- Mais...

- Qui est-ce ?

Millicent repris le parchemin et caressa doucement le dessin avant de le replier soigneusement.

- Un Serdaigle. Padma Patil m'a dit qu'il s'appelait Eddie. Eddie Carmichael.

Neville lui sourit.

- Un excellent élève. Tu devrais essayer de faire connaissance avec lui...

Millicent hocha la tête d'un air perdu avant de repartir en direction de la bibliothèque où elle avait laissé son sac. Elle souriait en serrant le parchemin contre sa poitrine.

Elle s'immobilisa en croisant le regard d'Eddie, plus loin dans le couloir et le jeune homme, voyant qu'elle tenait son dessin contre elle, lui offrit un sourire lumineux.

Les jambes flageolantes, Millicent lui rendit son sourire et articula un "merci" silencieux.

Leurs regards se séparèrent presque à regrets et chacun partit dans une direction, le cœur plus léger, impatient de découvrir ce que l'avenir leur réservait.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant