100 façons de dire "Je t'aime"

Ça pourrait te plaire

La fin des vacances approchait. Bientôt, ils seraient tous de retour à Poudlard.

Harry soupira en regardant par la fenêtre. Quitter une prison pour une autre...

Lui qui avait été si heureux de passer ses vacances Square Grimmaud, lui qui aimait tant Poudlard qu'il considérait le château comme son foyer, en venait à détester ces endroits. Il se sentait prisonnier et étouffé, constamment sous la surveillance de l'ordre.

Il connaissait les risques, et il savait qu'il était une cible de choix pour Voldemort. Mais il ne pouvait pas accepter de voir le peu de libertés qu'il avait sur sa propre vie diminuer encore.

Lorsqu'il s'en était plaint, son professeur de potions était présent. Et Severus Rogue l'avait regardé avec un mépris non dissimulé.

"- Encore une fois Monsieur Potter, vous ne pensez qu'à votre petite personne. Ne vous est-il pas venu à l'idée que tous ces gens mobilisés pour vous protéger de votre propre égoïsme auraient mieux à faire ? A moins que vous ne soyez trop stupide pour comprendre les enjeux de cette guerre ?"

Harry l'avait regardé, les yeux pleins de larmes contenues.

Il n'avait rien répondu, se contentant de quitter la pièce d'un pas rageur.

Il les connaissait les enjeux, il savait pertinemment que si Voldemort venait à réussir, le monde serait bien plus sombre. Il y aurait des morts par milliers et beaucoup de gens seraient torturés, ou réduits à l'esclavage.

Il savait que les membres de l'ordre prenaient des risques pour le protéger, lui. Il savait aussi qu'ils mettaient tous leur vie entre parenthèses pour le suivre.

Mais depuis qu'il avait perdu ses parents, il était devenu un instrument pour le monde sorcier. Il avait largement payé son dû, et enduré sans se plaindre toutes ces années.

Il voulait être un peu égoïste, profiter un peu de sa vie même avec toutes ces menaces pesant sur lui. Il savait qu'il devrait se sacrifier pour vaincre. Il avait conscience qu'il ne survivrait pas à la fin de la guerre.

Personne n'en parlait, mais le fait était là, présent dans tous les silences gênés et dans tous les regards qui l'évitaient.

Drago ne faisait jamais rien comme les autres. Il avait rejoint Harry dans sa chambre et avait verrouillé d'un sort. Celui qui avait été son ennemi le fixait de ses yeux gris, l'air interrogateur.

- Depuis quand tu le sais ?

Harry leva un sourcil, perplexe.

- Depuis quand je sais quoi ?

- Que tu es destiné à mourir.

Harry eut un rire sans joie.

- Tu sais que tu es le premier à être aussi direct ?

- Tu préfères que je fasse des métaphores en prenant un air torturé ?

- Pas vraiment.

Drago fixait Harry attendant. Au bout de quelques secondes, il insista.

- Alors ?

- Depuis que je sais pour la prophétie. Peut être que je m'en doutais avant parce que je n'ai pas vraiment été surpris.

- Et ça ne te fait rien ?

Harry haussa les épaules en détournant le regard. Comment expliquer qu'il s'était fait à l'idée finalement ? Qu'il s'était fait à l'idée que sa survie tant d'années auparavant n'avait été qu'un sursis, et que sa mort était en quelques sortes une façon de mettre un point final à cette guerre ?

- Merde Potter ! Tu n'as plus envie de te battre ?

- Si bien sûr. Mais la prophétie...

Drago se contenta de le fixer de ses yeux couleur d'orage. Harry détourna le regard.

Ils restèrent silencieux un instant, puis Drago reprit.

- Tu voulais faire quoi ?

- Pardon ?

- Potter... Qu'est ce que tu voulais faire quand tu t'es plains d'être prisonnier ?

- Oh. ça. Je ne sais pas. Juste sortir un peu d'ici. Changer d'air, me changer les idées.

- Si je te proposais de te changer les idées, tu voudrais faire quoi ?

- j'adorerais aller dans un cinéma.

- Cinéma ?

- C'est moldu. Ça pourrait te plaire.

- Tiens toi prêt, on va faire une petite virée tous les deux.

Harry étouffa un rire.

- Tu veux qu'on finisse ligotés dans la cave par Rogue en personne ?

- Tu as peur Potter ?

- Pas vraiment. Pourquoi tu risquerai d'avoir des problèmes pour moi ?

- Tu m'as aidé. Il est temps que je te renvoie la politesse...

- Ok. Me tenir prêt pour quoi ?

Au même moment des bruits d'explosion et un remue-ménage soudain perturba le calme de la maison.

- Pour ça, Potter. Viens.

Drago attrapa la main d'Harry et le tira à sa suite. Ils dévalèrent les escaliers en courant. Devant la porte d'entrée, Hermione les attendait, un léger sourire aux lèvres. Elle tendit à Drago la cape d'invisibilité d'Harry tout en faisant un clin d'œil à son ami.

Les deux garçons sortirent discrètement de la maison et se dissimulèrent sous la cape d'invisibilité. Ils restèrent dissimulés jusqu'à arriver en plein Londres moldu. Ils profitèrent d'une ruelle déserte pour plier la cape et la cacher. Ils échangèrent un regard et Harry, yeux pétillants et sourire aux lèvres, remercia Drago chaleureusement.

Il partirent à pas lents explorer les alentours, jusqu'à arriver devant un cinéma. Drago eut une moue dubitative mais se laissa finalement convaincre, amusé par l'enthousiasme d'Harry.

Près de deux heures plus tard, ils émergèrent de la salle obscure.

Drago clignait frénétiquement des yeux, un peu perturbé. Il n'avait pas encore décidé s'il avait apprécié l'expérience ou si cette débauche d'images et de sons était trop pour lui.

Harry pour sa part était ravi.

Il se sentait beaucoup mieux, comme si cette parenthèse hors de la guerre avait suffi à lui redonnait espoir en l'avenir, foi en ses capacités. Pendant quelques heures, il s'était senti comme un adolescent normal, allant au cinéma avec son ami. Il n'était plus Harry Potter, le plus célèbre sorcier depuis Dumbledore, Survivant de Voldemort, destiné à tuer le Seigneur des ténèbres...

Les membres de l'ordre allaient être furieux contre eux. Ils allaient probablement avoir des problèmes.

Il sourit à Drago et le blond lui rendit son sourire.

Mais ça en valait la peine, sans aucune hésitation.