Sois prudent

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La journée avait commencé comme toutes les autres.

Harry et Drago avaient leur routine maintenant. L'un comme l'autre appréciait leur vie en solitaire, juste tous les deux. Si les premiers jours, ils avaient eu peur de se disputer ou de se sentir gênés, ils s'étaient rapidement rendu compte que leurs craintes avaient été injustifiées.

La gêne avait rapidement disparu et ils s'étaient aperçu qu'ils aimaient cette promiscuité. Parfois, Harry se demandait comment ils avaient pu être ennemis, alors qu'ils s'entendaient aussi bien.

Dobby avait apporté le petit déjeuner comme à son habitude. Il leur avait appris qu'il y avait beaucoup de visiteurs qui défilaient à Poudlard.

Hermione les ayant prévenu la veille des derniers rebondissements au sein de l'Ordre, ils n'avaient pas vraiment fait attention. Ils se sentaient détachés de ce qui se passait à Poudlard, isolés comme ils l'étaient dans leur bulle. Mais Dumbledore écarté, il semblait logique que l'Ordre ait envie de le surveiller de plus près.

Comme à leur habitude, sitôt les reliefs du petit déjeuner débarrassés, ils s'étaient installés côte à côte sur le sofa de la pièce principale où ils avaient élu domicile. Les matinées, ils lisaient leurs livres de cours, n'oubliant pas qu'ils auraient un jour leurs ASPIC à passer, une fois la guerre terminée. C'était une façon de se raccrocher à la normalité, d'oublier ce qui les attendait.

Harry lisait et relisait son livre de Défense contre les forces du Mal, apprenant un maximum de sortilèges de défense ou d'attaque. Plus les jours passaient, et plus il essayait de retenir un maximum de sorts, espérant être prêt pour le moment où il ferait face à Voldemort.

Drago pour sa part ne disait rien. Il passait un moment à lire son livre de potions ou de métamorphose, puis au bout d'un moment il demandait à Harry de l'aide pour réviser les sorts de défense.

Ils s'entraînaient ensemble jusqu'au repas du midi, jusqu'à ce que Dobby leur apporte à manger. Puis, ils passaient du temps à discuter, évitant soigneusement le sujet de la guerre.

Mais ce jour là, un message était apparu sur le parchemin enchanté. Quelques mots qui avait bouleversé leur quotidien et qui les avait ramené au présent, hors de leur parenthèse enchantée.

"C'est pour aujourd'hui"

Il n'y avait pas besoin de plus que ces quelques mots. Il n'y avait pas besoin de précisions.

La bataille aurait lieu le jour même. Ils étaient arrivés à la fin de l'aventure.

Harry se contenta de garder les yeux fixés sur les quelques mots tandis que Drago hoquetait et inspirait bruyamment.

Le Serpentard attrapa le bras de Harry pour se coller contre lui. Puis, il enfouit le visage dans le cou de Harry et murmura doucement, tout contre lui :

- On peut encore partir, on peut encore fuir loin d'ici...

Harry enlaça Drago et eut une brève hésitation. Pour la première fois depuis qu'il savait qu'il devrait faire face à Voldemort, il envisagea sérieusement la possibilité de tourner le dos au monde magique. D'oublier son devoir, d'oublier qu'il était l'espoir des sorciers. D'attraper la main de Drago Malefoy, celui qui fut son ennemi, celui qui était devenu son ami, et de partir loin de toute cette folie.

Il soupira et se rendit compte qu'ils ne seraient jamais libres s'ils fuyaient.

Il réalisa que Lucius Malefoy ne cesserait jamais de pourchasser son fils.

Il resserra son étreinte puis il inspira doucement, emplissant ses poumons de l'odeur unique et légèrement épicée de Drago.

- Tu sais que c'est impossible.

Drago émit un son entre le rire et le sanglot.

- Je savais que tu dirais ça. Foutu héros...

Il s'écartèrent doucement et restèrent quelques instants les yeux dans les yeux.

Harry posa ses paumes sur les joues de Drago et l'embrassa doucement. Il s'écarta et posa son front contre celui de son ami, avant de chuchoter :

- Sois prudent.

Les joues rouges, Drago lui sourit.

- Toi aussi... Idiot de Gryffondor, nous aurions pu partir sur une plage au soleil !

Harry se mit à rire, ses yeux pétillant, sans quitter le blond des yeux, comme s'il essayait de graver son image dans sa mémoire.

- Le soleil t'irait sûrement très mal au teint...

Ils s'écartèrent, en soupirant. Drago ferma les yeux un instant, puis les rouvrit, plein d'une détermination nouvelle.

- Comment procède-t-on ?

Harry enlaça ses doigts à ceux de Drago.

- On va se rapprocher de l'orée de la forêt pour être aux premières loges. Tu seras sous la cape d'invisibilité.

- Quoi ? Et toi ?

- Malefoy ! Tu cours plus de risques que moi pour l'instant. Tant que tu ne seras pas avec les autres, tu restes planqué.

Ils se défièrent du regard, aucun d'eux ne voulant céder. Mais ce fut Harry qui l'emporta pour cette bataille. Drago n'avait pas oublié les cauchemars de Harry, et sa plus grande crainte, celle de le voir se faire tuer sous ses yeux. Le moins qu'il puisse faire, c'était faire en sorte de lui épargner ça.

- Ok, Potter. Je me planque et je rejoins Sirius. Et toi ?

Harry eut un sourire triste.

- Je trouve Voldemort, et je fais ce pourquoi j'ai été entraîné.

Ils restèrent silencieux quelques instants, essayant de ne pas penser à ce qui allait se passait dans les heures à venir.

Harry refusait de penser qu'il allait devenir d'ici peu un meurtrier avec la bénédiction de tous les sorciers.

Une bourrasque soudaine secoua les branches des arbres autour de la cabane, les faisant sursauter. Drago grogna et se mit à faire des allées et venues.

- Tu n'as pas intérêt à te faire tuer, Potter.

Harry eut un sourire triste.

- La prophétie...

Drago secoua la tête violemment, ses yeux gris lançant des éclairs de rage.

- C'est des conneries.

Harry s'approcha et immobilisa le Serpentard en posant ses mains sur ses épaules.

- Drago... S'il te plaît.

L'emploi inhabituel de son prénom figea le jeune homme et ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Il détailla Harry et nota la tristesse qui emplissait ses yeux.

- Drago. Je te promet d'essayer de m'en sortir.

Drago acquiesça lentement, acceptant la promesse. Il décida de s'en contenter pour le moment, ne voulant pas se brouiller avec Harry juste avant un moment important.

Le Serpentard déglutit, puis d'une voix mal assurée prononça les paroles les plus difficiles qui soient.

- Allons-y.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant