Ne pleure pas

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Après qu'elle eut appris la mort de ses parents, Pansy s'était laissé une journée à pleurer puis elle avait soigneusement enfermé son chagrin dans son cœur.

Il lui arrivait d'être triste, ou en colère, mais quelque soit son état d'esprit, elle ne pleurait pas.

Elle avait grandi en entendant autour d'elle que pleurer ou montrer trop d'émotions était une faiblesse, elle avait donc décidé de ne plus montrer aucune faiblesse.

Contrairement à beaucoup de Sang-pur Mangemorts, ses parents l'avaient désirée et aimée. Elle n'était pas juste une héritière destinée à perpétuer leur lignée, elle était avant tout leur fille.

Elle avait grandi entourée d'amour et d'affection.

Pansy n'avait jamais imaginé que Voldemort puisse être mauvais. Mais quand elle avait compris que ses parents étaient une exception, que ses camarades étaient loin d'être aussi privilégiés qu'elle et que les Mangemorts étaient réellement des assassins, la jeune fille avait commencé à réfléchir.

A la première occasion, elle avait parlé de ses doutes et de ses soupçons à ses parents. La discussion qui avait suivi avait été étrange pour Pansy. Son père avait semblé mal à l'aise tandis que sa mère avait immédiatement fondu en larmes. Après des heures à en parler, les Parkinson avaient décidé que suivre Harry Potter ne pouvait qu'être bénéfique.

Pansy avait été heureuse à cet instant, de se rendre compte de la confiance qui régnait entre eux et du fait qu'elle pouvait aborder n'importe quel sujet avec ses parents. Le lendemain matin, son père, l'air grave avait annoncé qu'il avait des péchés à expier, et qu'il compter se proposer en tant qu'espion. Pansy avait été horrifiée que son père adoré puisse risquer sa vie, mais l'homme avait été intraitable : du moment que sa femme et sa fille soient en sécurité, il ne reculerait devant rien pour prouver qu'il n'était pas un monstre.

Les vacances avaient pris fin, et Pansy avait attendu jour après jour le message qui lui indiquerait que sa mère était en sécurité et que son père jouait son rôle d'espion.

Au lieu de quoi, un matin, un hibou inconnu avait apporté une lettre officielle du Ministère.

Elle avait aussitôt eu un mauvais pressentiment et lorsqu'elle avait ouvert le parchemin pour y découvrir la signature de Lucius Malefoy, elle avait eu l'impression que son cœur lui était arraché.

Le père de son meilleur ami lui annonçait froidement que ses parents avaient été tués pendant une attaque. Et son monde s'était effondré.

La jeune fille avait dissimulé la lettre dans ses affaires - craignant que Drago ne la trouve et ne se sente coupable de voir le nom de son père sur le parchemin - avant d'errer dans les couloirs déserts de Poudlard jusqu'à se laisser tomber dans un coin reculé et sombre.

Ça avait été la dernière fois où elle avait pleuré.

Elle avait peu à peu transformé tout son chagrin en colère et en désir de vengeance. Elle avait travaillé dur pour prouver qu'elle pouvait se battre, et Tonks - bénie soit-elle - l'avait aidé. L'Auror métamorphomage semblait être la seule à avoir compris son besoin d'agir pour ne pas se laisser submerger par ses sentiments.

Tonks, adorablement maladroite mais Auror aguerrie, l'avait prise sous son aile, et l'avait aidé à aller mieux après la perte de ses parents.

Pansy avait été la confidente de la jeune femme, l'écoutant rêver de son loup-garou. Elle lui avait conseillé de ne pas se laisser écarter et de prendre les choses en main. Tonks avait rougi, souri, puis était partie en courant.

Deux jours plus tard, Pansy se plantait face à Neville et l'invitait à danser, bien décidée à appliquer ses propres conseils.

La Serpentard avait été la première surprise de l'attirance qu'elle éprouvait pour Neville Londubas. Elle avait appris à le connaître, découvrant un garçon gentil et blagueur. Les années de moqueries où elle l'avait trouvé stupide s'effaçaient comme par magie.

Elle n'arrivait pas à savoir à quel moment elle avait commencé à le regarder différemment. Neville n'avait pas changé de comportement lui : il était toujours aussi gentil, toujours de bons services.

Après l'annonce de la mort de ses parents, il ne lui avait rien dit. Il lui avait souri d'un air désolé et lui avait glissé dans la main un paquet de chocogrenouilles. Elle adorait ces friandises et le geste du garçon timide avait été comme un baume sur son cœur meurtri.

Par la suite, elle s'était rendue compte qu'il venait lui parler botanique à chaque fois qu'elle broyait du noir. Il ne demandait rien, il s'asseyait à ses côtés, son livre à la main et lui parlait de la matière qu'il adorait. Elle finissait invariablement par sourire, parce que Neville parlait avec tant de passion qu'il réussissait à rendre les aventures de ses végétaux palpitants.

Au fil des jours, puis des semaines, il y avait eu des petits gestes qui avaient renforcé son admiration pour le Gryffondor.

Ils avaient commencé à discuter tous les deux, de plus en plus. Ils s'étaient installé ensemble en potion, sous le regard effaré de Severus Rogue.

Pansy avait trouvé en Hermione une amie qui avait le même goût qu'elle pour mener son monde à la baguette : les deux jeunes filles avaient donc pris en main les séances de révisions, décidées à faire en sorte que tous leurs amis aient les meilleures notes possible.

Pansy avait noté le regard effrayé de Ron sur Hermione, et avait craint de voir le même regard chez Neville. Mais lorsqu'elle avait rencontré le regard du Gryffondor, elle avait senti une étrange chaleur l'envahir. Neville n'avait ni l'air apeuré ni horrifié par son ton directif et ses tendances tyranniques : il la regardait avec une admiration sans bornes.

Le poids qui pesait sur le cœur de Pansy s'était peu à peu allégé, et même si la jeune fille ne renonçait pas à ses projets de vengeance, elle ne se sentait plus en permanence en colère. Neville l'apaisait.

Lorsque Pansy vit Remus Lupin recevoir un hibou et blêmir avant de partir en courant, elle avait été saisie d'un mauvais pressentiment. En s'approchant du professeur Rogue qui était en train de parler à Remus avant son départ en courant, elle avait entendu le commentaire du professeur de potions à destination de Dumbledore : "Nymphadora est blessée".

Le monde de Pansy s'était à nouveau effondré.

Elle était partie dans un état second, seule, et s'était retrouvée dans un couloir sombre. Elle s'était laissée aller contre le mur et ses larmes avaient commencé à couler.

Neville était arrivé.

- Ne pleure pas.

Et il l'avait enlacé.

Pansy s'était accroché à lui de toutes ses forces, profitant du réconfort qu'il lui offrait. Lorsqu'elle se fut calmée, Neville essuya tendrement ses larmes.

- Tonks ira bien, Pansy. C'était juste une blessure légère.

Pansy offrit un sourire tremblant à Neville, avant de presser ses lèvres contre les siennes. Le sourire lumineux du Gryffondor lui fit battre le cœur et pour la première fois depuis des semaines, elle se sentit à nouveau vivante et aimée. 

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant