Bonus 12 : Sirius et Emmeline

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Alors qu'il était à Poudlard, Sirius Black avait été un séducteur. Il plaisait aux filles, et il ne s'était jamais gêné pour en profiter.

Dans leur bande d'amis, Remus était bien trop timide et inquiet à cause de son petit problème de fourrure. James était déjà fou amoureux de la belle Lily et n'avait d'yeux que pour elle. Et Peter le traître était trop maladroit et empoté pour espérer attirer le regard des demoiselles.

Restait Sirius. Avec ses cheveux noirs un peu trop long, ses yeux gris et son rictus amusé vissé aux lèvres, il faisait tourner les têtes.

Il avait hérité des meilleurs gènes des Black, et il était unanimement considéré comme un bel homme.

En sortant de Poudlard, ils avaient été happés par la guerre qui faisait rage.

Malgré ses airs insouciants, Sirius avait pris sa décision de longue date et il avait rejoint l'ordre en même temps que James et Lily. Remus était à leurs côtés bien évidemment.

Peter aussi avait été là, recueillant les informations pour les livrer à son véritable maître...

C'était lors des réunions de l'ordre qu'il l'avait rencontrée.

Une sorcière douée, brillante, à l'esprit affûté.

Elle n'était pas une de ces femmes dont la beauté était frappante. Elle était même quelconque au premier abord.

Brune aux yeux noisette, de longs cheveux à peine ondulés qui lui battaient les reins, grande et mince, Emmeline Vance ne s'habillait que de couleurs sombres.

Pourtant, elle avait fasciné Sirius.

Lui qui ouvrait ses bras aux jeunes filles coquettes et aux séductrices tapageuses, il avait bloqué sur cette femme si différente.

Elle dégageait une assurance tranquille, et ses gestes dénotaient de sa confiance en elle. Pourtant, elle n'était pas prétentieuse.

Lui, grand séducteur, arrogant, il n'avait pas osé lui parler. Il l'avait saluée puis était resté en retrait, la buvant du regard.

Ils s'étaient battus côte à côte lors d'un raid. Et Sirius ce jour-là avait été légèrement blessé à la cuisse. Ce n'était qu'une égratignure et il n'y avait pas porté attention.

Parce que c'était également le jour où il était tombé fou amoureux d'Emmeline.

Il l'avait regardé se battre avec passion, lançant les sorts dans un ballet gracieux et mortel. Elle n'avait jamais détourné le regard de son objectif, se donnant corps et âme.

Puis, quand tout avait été fini, elle avait noté le sang sur sa cuisse et l'avait soutenu pour l'aider à rentrer.

Ce soir-là, alors que Sirius recevait les soins de première urgence de la main même de celle qu'il adorait dans le secret de son cœur, ils avaient parlé et avaient fait connaissance.

Ils avaient entamé une liaison, que Emmeline voulait garder secrète. Elle avait décidé qu'elle voulait que la guerre cesse avant de prendre ce type de décision.

Lorsque Sirius avait trouvé James et Lily morts dans leur maison, et qu'il avait compris que Peter était un traître, il était devenu fou. Fou de rage, fou de chagrin. Fou d'inquiétude pour son filleul, si jeune et si fragile.

Il avait pourchassé Peter sans réfléchir, poussé par sa folie, les yeux brouillés de larmes et un cri de souffrance bloqué dans sa poitrine.

Lorsqu'ils s'étaient retrouvés face à face, il avait voulu le tuer. Mais il l'avait regardé, se sentant trahi, se demandant depuis quand les Maraudeurs hébergeaient un traître.

Peter avait levé sa baguette contre lui, et sans hésiter une seule seconde avait tué en lui laissant un doigt. Un unique doigt pour accuser Sirius.

Face à cette ultime trahison, Sirius avait craqué. Recouvert du sang des moldus tués par le traître, le visage de ses amis morts dansant devant ses yeux, Sirius s'était effondré et s'était mis à rire.

Un rire effrayant, fou, alors que son esprit refusait d'accepter la réalité.

Emmeline était arrivée et avait fait partie de ceux qui l'avaient arrêté.

Le regard de pure haine qu'elle lui avait lancé avait brisé son cœur en miettes, et il s'était laissé conduire à Azkaban, riant du destin ignoble qui avait piétiné ses rêves et ses espoirs.

Lorsque les Détraqueurs étaient venus la première fois près de lui, ils n'avaient trouvé aucune joie à aspirer.

Puis Sirius avait trouvé une raison de vivre : La vengeance. Pendant les années suivantes, alors qu'il survivait à prenant sa forme animagus pour tromper la vigilance des créatures infernales, il se raccrochait à son envie de se venger.

Il rêvait chaque nuit des tortures qu'il infligerait à Peter avant de le tuer. Lentement.

Il avait cru devenir fou en voyant son filleul, portrait craché de son père, en première page du journal. Pas parce qu'il l'avait oublié. Non, il n'aurait jamais oublié Harry...

Mais parce qu'à côté de l'enfant, il y avait Peter. Libre. Prêt à terminer son odieux travail pour son Maître démoniaque.

Il était devenu fou à nouveau, ne pensant qu'à s'échapper. Aurait-il été menotté au mur qu'il aurait rongé son poignet pour s'en défaire...

Puis il avait rencontré Harry. Il l'avait aidé, et le jeune homme s'était aussitôt attaché à lui. Il lui avait fait confiance.

Remus aussi était revenu dans sa vie. Il s'était excusé d'avoir douté. De l'avoir oublié pour ne plus souffrir.

Malgré le témoignage d'Albus et de Harry, Sirius était resté coupable, tant que Peter ne serait pas retrouvé et arrêté.

Malgré tout, il avait été caché dans son ancienne maison, et il avait rejoint l'ordre.

Et un soir, alors qu'il descendait de sa chambre, il était tombé face à Emmeline.

Elle avait vieilli. Un peu. Mais ça lui allait parfaitement bien.

Elle avait pris des rides, dues aux soucis, à l'inquiétude permanente.

Mais elle n'avait pas changé. Toujours aussi fière. Toujours cette lueur irrésistible dans le regard.

Sirius s'était immobilisé, et l'avait observé, attendant. Elle avait levé les yeux vers lui, et quelque chose avait vacillé dans son regard noisette.

Elle avait esquissé l'amorce d'un pas vers lui, puis une larme avait roulé sur sa joue.

Sirius aussitôt avait comblé la distance entre eux pour la prendre dans ses bras, la serrer contre lui, le nez enfoui dans ses cheveux.

Il avait retrouvé avec bonheur son odeur et sa chaleur.

Il l'avait consolée, et l'avait empêché de s'excuser.

Qu'importe le temps perdu, l'avenir s'offrait à eux. Il n'était pas trop tard pour se mettre à vivre. De nouveau.

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