J'espère que ça te plaira

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Luna était habituellement décrite comme loufoque. Elle avait été surnommée dès sa première année Loufoca, et elle n'avait jamais été dérangée par ce surnom moqueur. Elle vivait très bien avec, et ne s'en formalisait pas.

Elle savait qu'elle n'était pas comme ses camarades.

Elle se moquait de l'avis des autres. Elle vivait dans son mode onirique, et elle avait tout à fait conscience qu'elle pouvait paraître folle lorsqu'elle s'emballait en donnant vie aux créatures qu'elle avait découvert dans les contes que sa mère lui lisait.

Mais ses camarades oubliaient bien trop souvent qu'elle était une Serdaigle, la maison de l'esprit.

Sous ses airs fantasques se cachait un esprit aiguisé.

Et elle avait très rapidement compris que personne ne se méfiait de Loufoca, parce qu'elle était différente. S'ils avaient su qu'elle entendait tout, et comprenait rapidement, ils se seraient montrés plus prudents.

Elle s'était vite rendue compte que les gens ne se méfiaient pas de ceux qu'ils pensaient fous. C'était une leçon que lui avait apprise son père. Si le Chicaneur continuait d'exister malgré les calomnies, ce n'était pas pour rien : souvent son père publiait des informations exclusives, qu'il avait découvertes en laissant traîner ses oreilles.

Luna avait tout appris de lui, et la Serdaigle était passée maître dans l'art de tromper son monde.

Et elle avait pu personnellement tester la théorie dans les couloirs de Poudlard : lorsqu'elle s'avançait en sautillant, ses cheveux emmêlés et un air rêveur sur le visage, les conversations ne s'interrompaient même pas. Elle devenait invisible.

Face à elle, les gestes n'étaient pas interrompus. Les regards étaient échangés. Les sourires ou les grimaces n'étaient jamais dissimulés.

Le père de Luna était un fervent opposant de Voldemort, et il soutenait Harry Potter. Luna n'avait pas eu à beaucoup réfléchir pour prendre une décision : elle avait déjà décidé qu'elle appréciait le Gryffondor, et qu'il méritait toute l'aide qu'elle pourrait lui apporter. C'était exactement ce qu'elle avait dit à son père.

En dehors de sa gentillesse et de ses qualités, elle appréciait Harry pour une autre raison : son imprévisibilité. Elle savait qu'il était plein de surprise et qu'il ne suivait jamais les mêmes chemins que tout le monde.

Et le jeune homme ne l'avait pas déçue en arrivant un matin, devenu subitement ami avec Drago Malefoy.

Luna n'avait jamais apprécié les Malefoy. Drago était moqueur et prétentieux. Son père était détestable au possible. Pourtant, quand Harry lui avait fait confiance, Luna ne s'était pas posé de questions.

Là où beaucoup parlaient d'une naïveté incroyable, Luna ne voyait qu'un signe de la confiance qu'elle plaçait en Harry.

Lorsque les Serpentard avaient commencé à rejoindre Harry, elle avait souri. Elle savait pertinemment que Harry n'avait eu aucune intention cachée en aidant Drago, mais avec le ralliement des plus célèbres Serpentard de son âge, il était soudain devenu un fin stratège.

Lorsque Luna avait rencontré Théodore Nott, elle l'avait observé attentivement, sans pour autant réussir à se faire une opinion sur le jeune homme.

Elle avait souvent senti son regard sur elle, et elle avait du s'avouer que ça lui plaisait, d'être l'objet de ses attentions.

Il ne lui parlait pas, ne faisait aucun geste en sa direction, se contentant de la regarder.

Ils s'étaient tourné autour, sans pour autant s'approcher. Luna avait commencé à le saluer en le croisant dans les couloirs de Poudlard. Théo ne répondait que rarement. Au départ, il se contentait de lui retourner un signe de tête, tout en restant sérieux.

Puis un jour, il lui avait offert un sourire et la jeune fille avait été subjuguée.

L'intervention de Crabbe et Goyle avait précipité les choses entre eux et malgré sa peur, Luna avait été heureuse de découvrir que Théo tenait à elle. Ils s'étaient rapprochés et étaient devenus complices.

Jusqu'à ce que Théo ne l'embrasse.

Ils n'étaient pas du style à avoir de grandes discussions sur leurs sentiments.

Luna prenait les choses comme elles venaient, sans se poser trop de questions. Théodore lui n'était pas vraiment bavard. Luna le suspectait d'être timide et de le dissimuler sous une carapace d'indifférence, mais elle n'avait pas réellement réussi à le déterminer.

Depuis qu'ils étaient enfermés tous ensemble, et que Théo était en sécurité, il s'ouvrait plus. Elle le regardait renaître, émerveillée de le voir sourire pour un rien, ou rougir quand il surprenait son regard sur lui.

Une nuit, elle entra à pas de loups dans le dortoir des garçons, croisa les regards narquois de Drago et de Harry qui ne dormaient pas mais discutaient, installés côte à côte dans le même lit, et ouvrit délicatement les rideaux du lit de Théo.

Elle se glissa en silence à ses côtés et le réveilla doucement.

Lorsqu'il la vit penchée au dessus de lui, il écarquilla les yeux et rougit violemment, faisant glousser la jeune fille. Elle prit sa main et le tira à sa suite, rosissant quand elle nota qu'il ne portait qu'un pantalon de pyjama.

Son torse pâle semblait briller sous la pâle lueur de la lune, et elle eut du mal à détacher son regard de lui.

Elle l'entraîna dans la salle commune et Théo ne la quittait pas des yeux, attendant une explication sur ce réveil nocturne.

Avec un large sourire pour masquer ses joues rouges, elle l'entraîna jusqu'à la fenêtre.

- J'espère que ça te plaira...

Théo leva un sourcil interrogateur mais se figea lorsqu'il regarda par la fenêtre. Il hésita un instant, puis se colla presque au carreau glacé, frissonnant.

Luna sourit, ravie de l'intérêt du jeune homme. Elle se colla contre lui pour lui transmettre un peu de chaleur, rougissant encore plus au contact de la peau nue de Théo.

Sans dire un mot, elle l'observa.

Il regardait l'extérieur d'un air émerveillé, avec un regard d'enfant qui a des rêves pleins la tête.

Là-bas, à l'orée de la forêt interdite, près du lac, une colonie de vers luisants avaient élu domicile. Leur lueur brillait doucement et se reflétait sur l'eau du lac. Leurs mouvements incessants formaient des motifs complexes, presque magiques.

De temps en temps, l'ombre d'un hibou ou d'une chauve-souris passait, affolant les insectes, et leur ballet s'accélérait avant de ralentir à nouveau.

Le spectacle était magnifique, et étrangement apaisant.

Au bout d'un long moment, Théo détacha son regard des petits points lumineux pour regarder Luna avec adoration. La jeune fille lui retourna son sourire et posa ses mains sur son torse, frissonnant d'émotion au contact de la peau douce et chaude du jeune homme, avant de se hisser sur la pointe des pieds pour joindre ses lèvres à celles de Théo.

Sous la lueur blafarde de la lune, Luna décida que Théodore Nott était officiellement son petit ami, et se jura farouchement de le protéger lorsque viendrait le moment de se battre.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant