100 façons de dire "Je t'aime"

J'ai fait des réservations

Harry prenait son petit déjeuner dans la Grande Salle à la table de Gryffondor, comme tous les matins. Il remuait distraitement son bol de chocolat au lait, les yeux dans le vague, encore fatigué d'avoir si peu dormi.

A ses côtés, Hermione lui lançait des œillades assassines, un "je t'avais prévenu" sur le bout de la langue s'il faisait mine de se plaindre. Ron mangeait de bon appétit en faisant la conversation pour trois, indifférent à l'humeur d'Hermione ou à la fatigue de Harry.

Le Gryffondor ne bougeait pas, persuadé que s'il tournait la tête, il tomberait sur le regard noir de Severus Rogue, et il préférait autant l'éviter...

Il rêvassait, repensant à sa situation avec Drago. Il ne pouvait pas nier qu'ils s'entendaient bien tous les deux. Devenir amis avait été bien plus facile que tout ce qu'il aurait pu imaginer, et il avait découvert qu'il appréciait réellement le blond.

Drago n'était pas un ange, loin de là, mais il s'accommodait parfaitement de son ironie mordante et de ses réponses souvent acides.

Rapidement, la présence de Drago lui était devenue essentielle. Il aimait toujours Ron comme un frère, mais parfois, il avait le sentiment qu'il ne devait pas tout lui révéler. Plus comme avant. Ron était trop inquiet et n'hésitait pas à tout raconter à Hermione.

Hermione était adorable, elle était sa meilleure amie, mais elle avait parfois un côté autoritaire qui l'agaçait. Sans comptait qu'elle semblait décider à le materner comme s'il était une petite chose fragile qui risquait de casser à la première contrariété...

Avec Drago, il ne ressentait pas ce malaise. Il savait que le Serpentard ne s'apitoierait pas sur son sort et ne le plaindrait pas avec pitié. Il savait qu'il pouvait parler de tout avec lui.

Les choses avaient changé légèrement quand il avait appris que la tête du jeune homme était mise à prix. Il était celui qui s'inquiétait, qui avait peur de ce qu'il pouvait advenir. Il voulait le protéger malgré lui.

Et puis, il y avait eu le baiser. Ce n'était pas un baiser passionné, pas tout à fait. C'était plus la pression de leurs lèvres, tout en étant collés l'un à l'autre. Ils s'étaient embrassés, et ça n'avait pas été un accident ou un coup de tête. Ils ne s'étaient écartés ni l'un ni l'autre. Le geste avait été parfaitement volontaire.

Harry ne pouvait pas vraiment prétendre que c'était une erreur, ou quelque chose que les amis pouvaient faire pour se réconforter.

Lorsque les lèvres de Drago s'étaient posées sur les siennes, il avait fermé les yeux et avait senti son cœur accélérer jusqu'à battre la chamade.

Il s'était serré contre lui, et avait senti la chaleur de son corps. Une nuée de papillons s'était déployée dans son estomac.

Quand ils s'étaient écartés, il était resté contre Drago, et l'avait fixé, émeraudes contre agates.

Ils n'en n'avaient pas parlé. Ni sur le moment, ni plus tard. Drago lui avait caressé la joue en un geste délicat, et il avait eu l'impression que le sang dans ses veines se mettait à bouillir. Ils étaient restés un moment blottis l'un contre l'autre, pour au final se détacher à regrets et partir chacun de son côté.

Ils avaient continué comme avant, se voyant aussi souvent, se retrouvant seuls la nuit, dans leur couloir. Parfois, un silence entre eux s'épaississait, plein de non-dits, et ils échangeaient un regard brûlant. Rien de plus.

Souvent, leurs doigts s'effleuraient. Ils marchaient épaule contre épaule. Tout était prétexte à se toucher. De plus en plus souvent.

Ils savaient tous les deux qu'ils allaient devoir en parler, parce qu'il leur faudrait avancer, et décider comment ils allaient se comporter maintenant. Ils avaient entrouvert une porte qu'ils espéraient tous les deux franchir, mais sans savoir comment s'y prendre. C'était une nouvelle possibilité dans leur relation, possibilité qu'ils n'avaient jamais envisagé.

Harry réprima à grand peine un bâillement et but une gorgée de chocolat, encore endormi. Fort heureusement c'était un samedi et ils n'avaient pas cours. Il n'aurait pas à lutter pour ne pas s'endormir en classe, et avec un peu de chance, il échapperait à la surveillance d'Hermione - qui avait dans l'idée de le faire réviser - pour retourner s'allonger un peu.

Il sursauta violemment quand Drago s'assit à ses côtés, tout sourire. Le blond ricana d'un air moqueur et Harry eut envie brusquement de le frapper pour avoir l'air aussi reposé alors qu'ils avaient été ensemble une partie de la nuit.

- Bonjour Potter ! Bien dormi ?

Harry grogna une vague réponse et le sourire de Drago s'élargit.

- Moi ? Comme un bébé.

Harry reposa son bol avant d'avoir l'idée de le vider sur la tête de Drago et soupira.

- Malefoy ? Que me vaut le plaisir ?

- Un entraînement, toi et moi. Ça te dit ?

Harry tourna la tête pour le regarder. Il se perdit un instant dans les yeux argent et il sourit malgré lui. Il haussa les épaules, et Drago se pencha vers lui.

- J'ai fait des réservations.

Harry haussa un sourcil intrigué. Ainsi donc, Drago avait prit le temps de réserver le terrain de Quiddich pour eux deux.

- OK. J'ai terminé de toutes façons.

Les deux garçons se levèrent et Harry salua ses amis avant de partir à grands pas, espérant qu'ils ne seraient pas rappelés ou interceptés.

Quelques minutes plus tard, ils étaient enroulés dans leurs capes et marchaient d'un bon pas vers les vestiaires de Quiddich.

- Merde ! Il fait vraiment froid !

Harry lança un regard amusé à Drago.

- Nous sommes à la fin de l'hiver... C'est logique. J'avais plutôt prévu de retourner sous la couette.

Drago rougit brusquement et Harry se mordit la lèvre. Puis, il inspira profondément, essayant de rassembler son courage de Gryffondor, ainsi que l'assurance des Maraudeurs dont Sirius et Remus lui parlaient si souvent. Il attrapa Drago par le bras et le tira derrière un bosquet d'arbre, au bord du chemin.

Le regard surpris de Drago le fit sourire et il posa ses mains glacées sur les joues du Serpentard, le faisant glapir.

Il eut un rire nerveux, et avant de s'enfuir à toutes jambes, il ferma les yeux et embrassa Drago.

Si leur premier baiser était resté maladroit, le second se montra beaucoup plus entreprenant.

Harry sentit la langue de Drago caresser ses lèvres closes et il les écarta doucement.

Il sentit les mains de Drago agripper ses hanches et lorsque leurs langues entrèrent en contact, il se colla contre le blond en passant une main dans ses cheveux.

Il se séparèrent à bout de souffle et se blottirent l'un contre l'autre, souriant tous les deux comme des idiots.

- T'es sûr que tu veux aller voler, Malefoy ? Il fait vraiment glacial...

- Et bien je suppose qu'on pourrait juste faire un tour et rentrer se réchauffer. Qu'en penses-tu ?

Harry lui sourit et enlaça leurs doigts pour entraîner Drago jusqu'au local à balais. Rien de tel qu'un peu de vent glacial pour se réveiller après tout...