Garez-vous ! Laissez-moi conduire un peu

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Les choses étaient résolument étranges. C'était jour de rentrée. L'été se terminait doucement, et l'automne commençait tout juste à déployer ses ors.

Dans la voiture vieillissante d'Arthur, Harry s'entassait à l'arrière avec Ron, Ginny, Hermione et, de façon plus surprenante, Drago Malefoy.

Ils étaient entassés les uns contre les autres, si serrés qu'il n'était pas possible d'éviter le contact. Le silence était lourd, que ce soit à l'arrière ou à l'avant, où Arthur était au volant et plus curieusement Severus Rogue sur le siège passager.

Harry sourit en voyant les deux adultes s'ignorer avec soin. Rogue était crispé sur son siège et son masque d'impassibilité se fissurait par moments, quand la conduite d'Arthur se faisait... expérimentale.

Il regarda du coin de l'œil Malefoy. Il lui avait laissé la place entre la portière et lui-même, pensant qu'il serait plus à l'aise qu'entre deux Gryffondor. Malgré tout le blond à ses côtés était raide.

Il avait un air impassible que Harry savait être de façade.

Les choses étaient en train de changer. Les choses étaient surréalistes.

Harry avait en quelque sorte obligé Malefoy à accepter son aide. Il l'avait coincé un soir dans un couloir de Poudlard, alors que le Serpentard faisait sa ronde de préfet. Ils s'étaient battus, violemment. Puis épuisés, ils s'étaient assis face à face. Et avaient parlé. Longtemps.

Le petit matin les avaient trouvé, face à face toujours, silencieux. Ils n'étaient pas devenus miraculeusement les meilleurs amis, mais Drago avait fini par avouer qu'il n'adhérait pas aux idéaux stupides de Voldemort et de ses parents.

Harry lui avait tendu la main. Le Serpentard avait hésité, mais... un drôle d'espoir était né au fond de lui.

Harry, satisfait, n'avait pas attendu. Il avait immédiatement été mettre Dumbledore au courant. L'après-midi même, Drago était dans le bureau de son parrain, qui lui avoua qu'il était un espion depuis des années. Ce fut sûrement ça qui le convainquit en fait.

Et après un été Square Grimmaud, en compagnie d'Harry le plus souvent, il se retrouvait dans une voiture moldue, en compagnie de ceux qu'il avait toujours détesté. Ces fichus Gryffondor pleins de bons sentiments, prêts à se sacrifier en un geste héroïque.

Mais le jeune homme devait avouer que son été n'avait pas été si mauvais après tout. Sa mère lui manquait un peu, mais il s'en accommodait. Narcissa n'avait jamais été une mère très démonstrative et Molly Weasley - à sa grande horreur - avait décidé de le prendre sous son aile. La cohabitation avec Harry s'était révélée surprenante. Ils s'étaient battus, hurlé dessus, mais pas autant que ce qu'ils auraient pu penser l'un et l'autre. Ils en étaient venus à établir un genre de trêve prudente.

Drago croisa le regard amusé d'Harry alors que la voiture pilait brutalement une fois de plus, alors qu'un cycliste coupait la route.

Severus sursauta et verdit légèrement, crispant ses mains un peu plus sur le siège.

Les deux anciens ennemis - et pas tout à fait amis - échangèrent à nouveau un regard. Cette fois-ci, l'impassibilité de Drago laissa place à un léger rictus. Le rictus s'élargit en sourire et Harry laissa échapper un léger ricanement quand Severus hurla soudain un "Stop !' retentissant.

Hermione plongée dans un livre malgré les secousses et l'espace exigu sursauta, pinça les lèvres et referma le lourd volume en haussant un sourcil curieux.

Ron en entendant le ricanement de son meilleur ami lui donna un léger coup de coude dans les côtes.

Arthur, au cri de son passager, avait appuyé sur l'accélérateur par réflexe. Le maître des potions eut une grimace horrifiée avant de s'exclamer :

- Garez-vous ! Laissez-moi conduire un peu...

Arthur pila, déboîta et se stationna sur le côté de la chaussée pour se tourner vers son passager, l'œil rond.

- Vous savez conduire ?

Le maître des potions marmonna une phrase inintelligible et Arthur soupira avant de descendre pour laisser la place à Severus Rogue sous l'œil horrifié de Drago et d'Harry.

Les deux garçons avaient entendu les quelques mots marmonnés d'un air colérique.

"Non. Mais ça doit pas être bien compliqué"

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant