Ça ne me dérange pas

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Théo était installé dans le parc de Poudlard, face à la forêt interdite, emmitouflé dans sa cape d'hiver, regardant attentivement Luna qui évoluait face à lui.

La jeune fille, vêtue de son uniforme seulement malgré le froid mordant, les joues rouges à cause du vent piquant, ses longs cheveux tombant dans son dos librement, semblait être en train de caresser un animal invisible.

Le jeune homme souriait, détaillant son amie perdue dans son monde, rêveuse.

D'ailleurs Luna avait probablement oublié sa présence, concentrée sur l'animal qu'elle voyait, lui parlant doucement. Son babillage était incompréhensible hormis peut-être pour elle.

Blaise arriva et voyant ses deux amis, leva un sourcil interrogateur avant de s'approcher.

- Théo.

- Blaise.

Les deux garçons n'avaient pas vraiment été proches avant de se retrouver ensemble dans le camp de Harry Potter. Leur amitié était encore fraîche, avant ils n'avaient été que de simples camarades. Ils faisaient doucement connaissance, légèrement méfiants bien que de plus en plus à l'aise l'un avec l'autre.

- Tu as conscience qu'elle a l'air totalement folle pour ceux qui passent ?

- Ça ne me dérange pas.

Blaise eut un léger rire amusé, secouant la tête.

- Elle fait quoi ?

- Elle caresse un sombral.

Blaise fronça les sourcils.

- C'est une créature imaginaire ?

Théo tourna la tête vers lui, et secoua la tête en signe de négation.

- Non. Moi aussi je les vois. Et Harry également.

- Vraiment ?

- Ce sont les animaux qui tirent les diligences de Poudlard.

Blaise fronça les sourcils.

- Les diligences ? Elles ne se déplacent pas grâce à la magie ?

- Non. Elles sont tirées par des Sombrals.

Le silence retomba entre les deux garçons pour un moment, et Théo reprit son observation de Luna.

Blaise, sourcils toujours froncés semblait plongé en pleine réflexion.

- Théo ? Pourquoi je ne les vois pas ?

Théo eut un instant d'hésitation, mais Luna, qui arrivait avec sa démarche sautillante, répondit pour lui.

- Parce que tu n'as pas connu la mort de près.

Blaise hésita.

- Pardon ?

- Les personnes qui voient les sombrals sont ceux qui ont vu la mort de quelqu'un. J'étais là quand ma mère est morte, et depuis, je les vois.

Blaise ouvrit la bouche, surpris, tandis que Luna attrapait une pomme au sol et repartait vers l'orée de la forêt, perdue à nouveau dans son univers. Blaise ne savait pas s'il devait être plus choqué par la réponse de Luna ou par sa façon désinvolte de parler de ce qui avait du être le pire moment de sa vie.

- Elle... Elle est sérieuse ?

Théo eut un léger rire.

- Totalement sérieuse.

- Et tu les vois ?

- Je les vois.

Blaise hésita, puis posa finalement la question qui lui brûlait les lèvres.

- Tu as vu la mort de qui ?

Thé soupira, et sans détourner son regard de Luna qui tendait la pomme au sombral, répondit d'un ton monocorde.

- Ma mère est morte.

Blaise lui posa la main sur l'épaule, à la fois pour lui montrer son soutien, lui faire comprendre qu'il était désolé et qu'il regrettait d'avoir posé une question aussi indiscrète.

Le métisse allait partir quand Théo, du même ton monocorde, ajouta un commentaire qui lui glaça les sangs.

- Je suppose que d'ici la fin de cette guerre nous serons nombreux à voir les sombrals...

Blaise parti, Théo reprit son observation de Luna. Elle riait alors que le sombral mangeait la pomme, la langue de l'animal lui chatouillant la paume de la main.

Souriante, elle revint vers lui et il ne put s'empêcher de sourire face à la vision enchanteresse qu'elle offrait.

Il se leva et prit la cape de la jeune fille, qu'il avait tenu tout ce temps sur ses genoux. Il enveloppa Luna dans le vêtement qui avait pris la tiédeur de son corps et elle frissonna légèrement.

Il la gronda légèrement.

- Tu vas attraper froid !

Le rire joyeux de Luna lui répondit et il ne put s'empêcher de sourire face au son cristallin.

Luna lui attrapa la main et leurs doigts se nouèrent. Elle l'entraîna en courant vers le lac, ses cheveux dorés flottant derrière elle.

Théo sentit son coeur se serrer en la regardant. Il avait conscience d'être privilégié à pouvoir passer du temps avec elle, et il en appréciait chaque moment.

Il regrettait le temps où il faisait partie de ceux qui riaient d'elle en l'appelant Loufoca. Elle était bien évidemment hors norme, un peu folle, parfois trop rêveuse. Elle vivait dans son monde, et ne se préoccupait pas de ce qu'on pouvait dire d'elle...

Maintenant, quand il la regardait, il lui prenait l'envie de la protéger de tout et de tout le monde. Il voulait la voir rire et l'écoutait lui parler des animaux fantastiques qui semblaient tout droit sortis de son imagination...

Elle s'arrêta pour lui montrer le calamar géant du lac qui s'étirait mais il ne tourna pas la tête, restant à la regarder.

Il l'attira à lui et l'enlaça, la serrant contre lui.

Le rire ravi de Luna répondit à son geste et il enfouit son visage dans sa longue chevelure.

Il inspira profondément. Luna avait une odeur qui lui était propre. Elle sentait le printemps et les fraises bien mûres. Ses cheveux étaient doux et il leva la main pour l'enfouir dans cette masse soyeuse.

Luna répondit à son étreinte.

- Tu sens bon.

Théo se mit à rire.

- Toi aussi Luna.

Sur un coup de tête, il la souleva contre lui et la fit tournoyer. Totalement confiante, elle laissa sa tête aller en arrière, yeux fermés et large sourire. Théo mêla son rire au sien et pensa un bref instant qu'auprès de la jeune fille, il n'était pas le même. Avec elle, il se sentait plus insouciant. plus libre. Plus joyeux.

Il la reposa et ils restèrent un moment yeux dans les yeux.

Il attrapa son visage fin entre ses mains et Luna se laissa faire souriante. Puis, il se pencha vers elle pour l'embrasser, pour le plus grand plaisir de la jolie Serdaigle.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant