Bonus 41 : Severus et Narcissa

634 88 14
                                    

Severus arriva à Heathrow avec une heure d'avance sur l'horaire prévu.

Lui l'homme calme et impassible était extrêmement nerveux. Il s'était rendu à des batailles, il avait espionné au péril de sa vie, et il n'avait jamais été aussi fébrile...

Et là, il venait chercher Narcissa, la femme de son ancien meilleur ami.

Depuis l'instant où elle avait laissé tomber le masque, Severus était pris dans un maelstrom d'émotions.

Narcissa s'était toujours tenue à l'écart des Mangemorts, observant une neutralité prudente. Severus ne l'avait jamais entendu dire quoi que ce soit qui puisse prouver qu'elle était contre les idées de Voldemort. Mais elle n'avait jamais critiqué non plus.

Elle s'était montré digne de son surnom : la Reine des Glaces. Imprenable. Imperturbable.

Severus avait fait le deuil de son amie, des années auparavant.

Lorsqu'il avait pris la marque, il venait de perdre Lily, mais également Narcissa.

Puis Lily était morte, et Severus avait détesté Narcissa pour son indifférence, sa neutralité. Il avait fermé son cœur, déterminé à ne plus souffrir.

Durant des années, il avait pensé que Narcissa suivrait Lucius jusqu'à la mort. Il avait été écœuré de voir qu'elle ne protestait pas aux menaces de mort contre Drago.

Il avait réellement pensé qu'elle s'en moquait.

Il y avait ensuite eu cette conversation surréaliste avec Narcissa. Il avait cru un instant que c'était un piège... ou un rêve.

Il avait entrevu son amie sous le masque de glace, et son cœur s'était réchauffé. Il avait eu soudainement le fol espoir que peut être, elle accepterait de le suivre.

C'était un mince espoir, presque improbable, un rêve qu'il avait eu longtemps auparavant.

Mais Narcissa avait su depuis le départ qu'il était un espion. Et elle l'avait protégé, elle n'avait rien dit. Pas un mot, jamais.

Narcissa avait donné des informations précieuses qui avaient pu sauver de nombreuses vies. Elle avait semblé sincèrement inquiète pour Drago.

Bien sûr au sein de l'Ordre, certains doutaient de sa sincérité et étaient persuadés que c'était un piège. Que ce ne serait pas Narcissa qui le rejoindrait ici, à Heathrow, mais une troupe de Mangemorts prêts à le livrer à Voldemort.

Severus avait écarté leurs objections d'un geste de la main. Mais tout au fond de lui, ils avaient allumé l'étincelle du doute. Il ne voulait pas y croire, mais il ne pourrait étouffer ce doute que lorsqu'il verrait Narcissa face à lui.

Il soupira et regarda autour de lui. Les moldus le dévisageaient, et l'homme s'empêcha de ricaner. Ce n'était pas tous les jours qu'ils voyaient un homme vêtu d'une lourde robe noire. Il aurait pu s'habiller à la mode moldue, remplacer la robe par une chemise, mais il n'aimait pas les vêtements près de son corps.

Il leva la tête et d'un coup, elle fut là. Narcissa.

Sublime comme à son habitude. Tête haute.

Elle s'avança vers lui, et avec une légère hésitation, il la rejoignit et la prit dans ses bras.

Loin de le repousser, la femme se blottit contre lui et il la serra dans ses bras.

- Severus, tu es là.

Le Maître des potions eut un léger rire incrédule.

- Bien sûr. Je suis venu pour toi. Nous sommes amis, tu te souviens ?

Narcissa leva la tête vers lui et l'observa attentivement, avec un léger sourire. Puis, elle acquiesça et déposa un rapide baiser sur ses lèvres.

- Oui. Nous sommes amis.

Ils avaient quitté l'aéroport en silence, Narcissa agrippée au bras de Severus.

Severus l'avait conduit Square Grimmaud, et Narcissa avait eu un rire incrédule en entrant dans la maison qu'elle avait connu enfant. La maison des Black.

Ils ne s'étaient pas lâchés, et Sirius leur avait jeté un regard amusé. Mais pour une fois, Severus ne réagit pas aux provocations de son vieil ennemi - plus si ennemi que ça.

Alors qu'il ne venait que rarement au Square, les jours suivants Severus y fut presque en permanence. Il passait son temps avec Narcissa, lui tenant compagnie, venant corriger les devoirs de ses élèves près d'elle.

Et elle prenait un livre, calmement, et se blottissait devant la cheminée, près de lui.

Ils restaient des heures ainsi, en silence, profitant de la présence l'un de l'autre.

Parfois, quand ils pensaient que l'autre ne regardait pas, ils levaient le nez et l'observaient.

Severus fronçait légèrement les sourcils, puis soupirait avant de raturer ses copies de rouges.

Narcissa souriait doucement, un peu hésitante, puis tournait la page.

Leur manège aurait pu durer éternellement. Mais Sirius les surprit un jour, et eut un sourire amusé en notant leur manège.

Et en bon Gryffondor, Sirius décida qu'il devait intervenir.

Il entra donc dans la bibliothèque où sa cousine et son vieux rival se tenaient.

- Ah ma chère cousine. Tu vas bien ?

Narcissa posa son livre et sourit doucement.

- Très bien Sirius. Et toi ?

- Pour tout te dire, je m'inquiète de ta sécurité.

Sirius ignora le grognement agacé de Rogue, masquant un léger sourire. Narcissa avait la tête penchée sur le côté, attendant la suite, et l'ancien Gryffondor intercepta un léger échange de regard.

Avec un sourire rusé, Sirius continua. Il était un pur Gryffondor, mais il avait grandi dans un nid de serpent... lui donnant l'occasion d'apprendre certains de leurs tours.

- Il faudrait qu'un membre de l'ordre ne se fasse passer pour ton mari, pour te protéger en permanence...

Narcissa plissa les yeux un bref instant, puis jeta un bref regard en direction de Severus.

- Je ne pense pas être en danger ici, au sein même de l'Ordre.

- Pas ici, mais lorsque nous te conduirons vers l'endroit où tu pourras te cacher. Il faudrait commencer à t'habituer à ton... nouveau mari.

Narcissa pinça les lèvres en observant son cousin. Sans qu'elle ne puisse s'en empêcher, ses yeux dévièrent sur Severus et elle ressentit une sorte de satisfaction sauvage à le découvrir brûlant littéralement de jalousie.

Elle ancra ses yeux clairs dans les billes d'Onyx de Severus et avec un sourire malicieux, elle demanda :

- Et qui sera mon mari dans ta vision des choses, cher cousin ?

Avant que Sirius n'ait pu répondre, Severus s'était levé, faisant tomber une pile de parchemin sans s'en soucier.

- Ça sera moi. Maintenant, sale cabot, sors d'ici.

Sirius adressa un clin d'œil à sa cousine, et sortit de la pièce fier de lui. Maintenant, à eux de se débrouiller, il avait fait en sorte de leur fournir l'occasion de se dévoiler...

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant