Goûtez en un peu.

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S'il y avait une chose qui ne changeait pas, c'étaient bien les cours de potion.

Quelles que soient les nouvelles amitiés, quels que soient les changements, le professeur Rogue ne changeait pas sa façon de procéder. Il était toujours honteusement partial, aussi bien en faveur des Serpentard qu'en défaveur des Gryffondor.

Bien que Drago ne se mette toujours en binôme avec Harry depuis le début de l'année et que Neville soit aidé par Pansy, Rogue continuait de mépriser ouvertement les deux Gryffondor.

Parfois, Drago fusillait son parrain du regard et le professeur le regardait d'un air inexpressif le défiant de protester à haute voix.

Depuis que Pansy avait pris Neville sous son aile, plus un seul chaudron n'avait explosé. Parfois, Harry observait à la dérobée son professeur de potions alors qu'il inspectait soigneusement le travail de Neville, et il avait l'impression que Rogue était déçu d'avoir perdu son pire élève.

Il faisait le même constat en voyant la crispation dans les épaules de son professeur alors qu'il venait inspecter sa propre potion.

Que Drago l'aide semblait le rendre... amer.

A force de se fréquenter, Hermione avait appris des Serpentard à modérer son enthousiasme dans la classe de potions. Rogue n'avait donc plus vraiment de prétextes à lui ôter des points. Et la jeune fille se débrouillait suffisamment en potions pour que Rogue ne puisse que marmonner un "Bien" agacé. Sans compter que la jeune fille savait parfaitement maîtriser Ron pour qu'il ne s'emporte pas et ne provoque pas de catastrophes.

Ils auraient tous été surpris des pensées de Severus Rogue.

Loin d'être en colère du soudain rapprochement des deux maisons ennemies, l'austère directeur des serpents en était ravi. Il s'en réjouissait d'autant plus que son filleul était pour l'instant sain et sauf, et que cet idiot de Potter au grand cœur avait juré de le protéger.

Harry Potter, le fils de l'insupportable James Potter, était bien différent de son père. Loin d'être aussi arrogant et vaniteux, il avait l'âme d'un pur Gryffondor, prêt à se jeter au devant du danger pour protéger la veuve et l'orphelin. Drago n'était pas vraiment une frêle damoiselle en détresse mais il manquait parfois de confiance en lui-même aussi surprenant que cela puisse paraître. Et surtout, Drago avait jusqu'à maintenant été incapable de tenir tête à ses parents.

Le professeur de Potions était de mauvaise humeur parce qu'il était encore et toujours obligé de jouer un rôle dans sa propre classe, de peur qu'un Mangemort en herbe ne parle au Seigneur des ténèbres de sa soudaine amitié avec l'Élu.

Il devait donc rester l'homme revêche que tout le monde connaissait pour que son rôle d'espion reste un secret. Il en allait de sa propre survie et de sa mission.

Il observa un instant la tête brune de Potter et la tête blonde de Drago penchées l'une vers l'autre, et l'air concentré des deux garçons qui travaillaient ensemble. Il dut se faire violence pour ne pas sourire d'un air attendri.

Au lieu de quoi, il invectiva Lavande Brown qui lisait Sorcière Hebdo en croyant être discrète. La jeune fille sursauta et il eut le plaisir de lui retirer des points. Le regard désapprobateur de Drago le fit soupirer.

Il repassa dans les rangées de la salle de classe observa avec attention chaque chaudron. Sans surprises, celui de Granger était parfait. Comme celui de Drago. Potter, Weasley et Londubat s'en sortaient honorablement. Bien plus qu'il n'aurait pu le penser.

Il observa Neville Londubas à la dérobée et se demanda si le garçon timide et peureux aurait été ainsi si ses parents avaient été en bonne santé.

Il grimaça en repensant à Augusta Londubas, et se dit que son petit-fils avait probablement un léger manque de confiance en lui à cause de sa personnalité écrasante. Même lui trouvait la vieille dame impressionnante et il côtoyait presque au quotidien le seigneur des ténèbres.

Il soupira brièvement en pensant qu'il était en train de se ramollir, puis se plaça aux côtés de Neville qui se recroquevilla légèrement sur sa chaise.

Il haussa un sourcil surpris en voyant Pansy Parkison passer la main sous la table et attraper la main de Neville. Le garçon lui offrit un sourire doux et un éclair de tendresse passa dans les yeux de la Serpentard.

Severus Rogue resta un moment silencieux, surpris par ce qu'il venait de voir.

Puis il se reprit et se redressa se composant un masque méprisant à souhait.

- Monsieur Londubas. Pensez-vous que votre potion est correcte ?

Neville rougit, puis blêmit, et commença à bégayer.

- Monsieur Londubas ?

- O...Oui professeur.

Severus leva les yeux au ciel, agacé.

- Donc, vous estimez avoir été capable de brasser cette potion de vitalité correctement ?

Neville hésita un long moment, jeta un bref regard en direction de Pansy, puis inspira comme pour se donner du courage.

- Oui professeur. Je... Je pense.

Severus sourit. Il savait parfaitement que ses élèves voyaient un rictus cruel sur son visage ingrat. Il avait mis des années à perfectionner cette expression, dont il était particulièrement fier.

Neville se tassa sur son siège et il capta le regard inquiet de Potter.

- Parfait Monsieur Londubas. Nous allons voir si vous avez été attentif. Goûtez-en un peu.

Neville avala nerveusement sa salive.

- Monsieur ?

- Vous n'êtes pas sourd, n'est-ce pas Monsieur Londubas.

- No...Non.

Severus vit Potter s'agiter et Drago le retenir pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. Granger s'avança sur son siège en se penchant pour observer l'air tendu, mais calme. Pansy se redressa et resta immobile, attendant la suite.

Neville prit une louche et prit un peu du liquide orange dans son chaudron. Il hésita, mais l'air inflexible de son professeur le convainquit de boire le breuvage.

Neville ferma aussitôt les yeux et manqua l'air satisfait de Severus Rogue.

- Bien. Il semblerait Monsieur Londubas que votre potion était correcte. Cinq points pour Gryffondor.

Severus Rogue se sentit satisfait en voyant le sourire émerveillé de Neville Londubas. Sans que personne ne s'en soit rendu compte, il avait donné un peu de confiance au garçon en se montrant parfaitement désagréable.

Bien entendu, il n'irait pas révéler que les ingrédients utilisés étaient parfaitement inoffensifs et que même une potion ratée n'aurait pas entraîné de danger.

Après tout... la fin justifiait les moyens, non ?

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant