100 façons de dire "Je t'aime"

On va trouver une solution

Harry rentrait à la salle commune des Gryffondor quand il aperçut Théodore Nott dans l'ombre d'un renfoncement au détour d'un couloir.

Harry hésita un bref instant puis se dirigea vers le Serpentard à pas lents.

Théo était un solitaire, renfermé sur lui-même et taciturne. Personne ne savait vraiment qui était le jeune homme. Il ne parlait à personne et même les camarades de sa propre maison ne le fréquentaient pas vraiment.

Jusqu'à la rencontre organisée par Drago au cours de leur petite fête, Harry était persuadé que Théodore était un Mangemort en puissance. Il n'aurait même pas été étonné de découvrir qu'il portait déjà la marque.

C'est en parlant avec le jeune homme qu'il comprit que les apparences pouvaient être trompeuses.

Théodore s'était révélé être d'une compagnie agréable. Il était calme et parlait peu.

Cependant, il observait avec attention tout ce qui l'entourait.

Lorsqu'ils avaient discuté ensemble, Harry avait trouvé Théo sympathique. Il avait un humour grinçant - qui semblait être la marque de fabrique des Serpentard - mais était dénué d'arrogance.

Théodore s'était immédiatement montré honnête en lui disant qu'il ne voulait pas devenir Mangemort et qu'il n'avait aucune affinité avec les idéaux de Voldemort. Mais il avait peur. Il avait peur de son père, qui se montrait souvent brutal depuis la mort de sa mère. Nott Senior était un fidèle de Voldemort, et avait pour ambition de gravir la hiérarchie des Mangemorts quelqu'en soit le prix.

Harry avait suivi à la lettre les conseils de Drago et ne lui avait rien demandé ni proposé. Il voulait que Théo lui fasse confiance et il ne voulait pas qu'il se sente obligé de faire un choix.

A sa grande surprise, il avait remarqué l'air fasciné de Théo face à Luna. Et son amie ne semblait pas insensible au charme du Serpentard puisqu'elle était restée près de lui toute la soirée.

Drago lui avait souri d'un air entendu et Harry avait secoué la tête face à la jubilation tout sauf discrète du blond.

Lorsque quelques jours plus tard Ginny était venu le voir inquiète de ne pas trouver Luna, il avait couru dans son dortoir pour prendre la carte des Maraudeurs.

Lorsqu'il avait vu les noms de Luna et de Théo à côté de ceux de Crabbe et Goyle, il avait eu un mauvais pressentiment. L'air paniqué de Drago confirma ses craintes et tous les deux ne prirent pas le temps de se concerter pour se précipiter dans la salle indiquée par le parchemin.

Ils avaient trouvé Luna et Théo malmenés par les deux gorilles de Serpentard. Théo, loin de prendre peur, les avait remercié de leur intervention avant de prendre la décision de les aider.

Harry lui avait offert de l'héberger Square Grimmaud en cas de problèmes. Théo avait été surpris de se voir offrir protection sans contrepartie, et même s'il restait méfiant, il se montrait beaucoup plus amical. D'autant plus quand Luna était dans les parages. Théo avait pris l'habitude de rejoindre leur groupe d'amis, de plus en plus souvent, et de plus en plus spontanément.

Harry se sentait frustré de ne pas réussir à mettre totalement en confiance le Serpentard. Drago lui avait plusieurs fois assuré que Théo lui faisait confiance, qu'il était juste renfermé de nature.

En le voyant seul après le couvre feu, Harry décida que c'était un excellent moment pour avoir une conversation avec le jeune homme.

- Théodore ? Tu as un problème ?

Le jeune homme leva des yeux rougis vers Harry, un air perdu sur le visage.

- Mon père veut me retirer de Poudlard.

Harry se figea, stupéfait. Il comprenait parfaitement les implications de ce que Théo venait de lui dire. Nott senior ne cachait plus ses intentions de forcer son fils à prendre la marque, même contre son gré.

- Refuse. Nous ne te laisserons pas tomber.

Des larmes brillèrent un instant dans le regard du Serpentard, si brièvement qu'Harry crut avoir rêvé.

- Harry... Tu ne comprends pas. Mon père menace de s'en prendre à Luna. Crabbe et Goyle lui ont parlé de notre... amitié.

- On va trouver une solution. Je te le promets.

Théo eut un soupir tremblant.

- Tu ne peux rien, Harry. Je ne vais pas vous mettre tous en danger pour échapper à...

- Théo. Tu fais partie de nos amis maintenant. Luna t'aime beaucoup et elle m'en voudrait si... Si je ne t'aidais pas. Avec ou sans toi, nous sommes en danger. Voldemort a d'ores et déjà mis nos têtes à prix.

Théo inspira brusquement.

- Tu vas vraiment m'aider ?

- Bien sûr !

- Pourquoi ?

Harry s'adossa au mur aux côtés de Théodore réfléchit un long moment. Puis en hésitant, il se lança dans son explication.

- Depuis toujours, je suis considéré comme l'Élu, le seul à pouvoir tuer Voldemort. Personne ne m'a jamais demandé mon avis, et je n'ai jamais eu à choisir mon camp. J'ai de la chance d'être tombé du ... "bon" côté. Drago m'a fait comprendre malgré lui que je n'étais pas le seul à être bloqué dans une situation et que beaucoup étaient bien plus mal lotis que moi.

Théo l'interrompit en soufflant quelques mots.

- Et c'est pour ça que tu veux nous donner le choix ?

Harry haussa les épaules avant de hocher la tête.

- ça me semble plus juste non ?

Théo sembla osciller entre l'incrédulité et l'admiration.

- Tu comptes vraiment gagner cette guerre en jouant à la loyale ?

- Et bien oui en fait. J'espère que ça fera la différence. Et puis Voldemort se bat pour le pouvoir. Nous pour la liberté et la justice...

Ils restèrent silencieux un long moment, Harry perdu dans ses pensées et Théo réfléchissant à ce qu'il venait d'entendre.

Théodore avait été habitué depuis toujours à devoir obéir aux injonctions de son père. Il avait vite appris qu'il ne pouvait pas refuser, mais il avait trouvé une parade en restant passif.

Cette rébellion silencieuse avait pris fin lorsqu'il avait défendu Luna, ou peut être lorsqu'il avait posé les yeux sur elle.

Il connaissait les opinions de son père et se doutait qu'il devrait un jour en payer le prix.

Mais Harry lui avait tendu la main et avait patiemment attendu qu'il ne se décide, lui offrant pour la première fois le droit de choisir. Théo avait hésité mais il venait finalement de saisir cette main amicale pour se jeter dans le vide de l'inconnu...