Bonus 39 : Lucius et Severus

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Entendant la cheminée ronfler soudainement, signalant l'arrivée de Lucius, Narcissa se redressa d'un coup, et lui chuchota "Bonne chance".

Severus se tendit aussitôt, mais s'obligea à dissimuler son tourment en bon occlumens.

Impassible il regarda entrer celui qui avait été son ami. Lucius était encore bel homme et il le savait. Il paradait, sa canne dissimulant sa baguette en main. Ses longs cheveux platine - les mêmes que ceux de Drago pensa stupidement Severus - étaient noués en catogan, et ses yeux gris étaient assombris par la colère.

Voyant Severus, il esquissa un léger sourire.

- Severus. Tu es décidé ?

- C'est hors de question Lucius. Le Maître sera furieux si je perds ma place d'espion.

Lucius balaya l'objection d'un geste sec de la main.

- J'en fais mon affaire. Je suis Ministre, souviens toi. Je peux imposer mes propres espions partout.

Severus pinça les lèvres. Il savait que Lucius était têtu : quand il voulait quelque chose, il mettait tout en oeuvre pour l'obtenir, quelques en soient les conséquences. Cependant, sur ce terrain, Severus n'était pas en reste. Ils se connaissaient depuis Poudlard, et Severus ne serait pas devenu son ami s'il n'avait pas su lui tenir tête.

Lucius détestait toute marque de faiblesse.

- De plus, je te rappelle Lucius, que tu as fait de moi le parrain de ton fils. C'est un engagement sacré, sur ma Magie. Souhaites-tu réellement me voir rompre mes promesses ?

- Cette petite vermine est un traître !

Severus ricana, nullement déconcerté par l'explosion de colère de Lucius.

- Il reste ton fils, Lucius. Et le Maître n'oubliera pas. N'est-ce-pas ? J'ai dans l'idée que tu prends toi-même l'initiative de le vouloir mort, de peur que votre ressemblance ne vous porte préjudice...

Lucius se détourna, et marcha à grands pas vers un meuble qu'il ouvrit brusquement. Il en sortit une bouteille de Whisky pur feu et s'en servit un verre généreux.

Severus voyait les épaules tendues et il savait que l'homme était fou de rage. Mais il comptait bien le poussait un peu à bout, pour qu'il se souvienne qu'il n'était pas son larbin.

Leur relation avait toujours été étrange. Au début, Lucius s'était posé comme un mentor pour le jeune Severus. Il l'avait pris sous son aile, mais il l'avait traité comme un apprenti.

Il l'avait conduit à prendre la marque, et Severus avait suivi, intimidé par ce magnifique jeune homme riche. Déjà à l'époque, Lucius était puissant. Le nom des Malefoy ouvrait toutes les portes.

En devenant peu à peu un des Mangemorts favoris de Voldemort, il s'était libéré de l'ascendant de Lucius. Il l'avait repoussé, se posant en égal. Il était Maître des Potions, et il était un sorcier puissant.

A sa grande surprise, Lucius avait plié. Il avait accepté ce nouveau rapport de forces entre eux.

Lorsque Drago était né, Lucius l'avait nommé parrain, et Severus l'avait remercié. Mais au fond de lui, il avait été ému, et il avait juré d'honorer son serment de protéger le nourrisson.

En grandissant, Drago s'était révélé surprenant. Semblable à Lucius, mais tellement différent.

Severus avait espéré que son filleul puisse grandir sans le spectre du retour de Voldemort, mais ses prières n'avaient pas été exaucées...

Depuis qu'il était devenu Ministre, Lucius appelait Severus à n'importe quel moment, essayant de reprendre l'ascendant sur son ami.

Mais Severus n'était plus un jeune homme impressionnable. Il avait des armes pour se battre et il savait s'en servir. Il avait fait du chemin, et il comptait bien le montrer à l'homme froid et cruel qu'était devenu Lucius.

Il eut un instant de nostalgie en pensant à l'époque où ils étaient encore des adolescents. Lucius montrait des prédispositions certaines pour le pouvoir, mais il n'était pas cruel. Il avait encore des rêves plein la tête. Au lieu de quoi, il avait fait de Narcissa une poupée de glace, se montrant le parfait fils d'Abraxas.

C'était peut être cela, la malédiction des Malefoy. Engendrer des hommes tellement assoiffés de pouvoir qu'ils en perdaient leurs âmes.

Lorsque Lucius se retourna face à lui, la colère brillait dans ses yeux mais il avait repris contenance.

- Tu joues un jeu dangereux Severus. Si tu n'étais pas mon ami, je penserai que tu me menaces...

- Lucius, j'obéis uniquement aux ordres du Maître. Si tu veux me donner des ordres, défie-le et prends le contrôle des Mangemorts. Sinon... Et bien, débrouilles toi pour le convaincre d'ordonner ce que tu souhaites.

Lucius plissa les yeux.

- Je ne manquerai pas de faire partager notre conversation au Maître, Severus. J'ai comme dans l'idée qu'il te fera bien moins confiance.

Severus sentit son cœur battre à grands coups dans sa poitrine. Il risquait sa vie.

En un éclair, il revit le jour où Drago et Potter avaient fait exploser tellement de chaudrons qu'il les avait mis dehors. Il se rappela avec une douloureuse acuité le geste de recul de Drago quand il avait marché vers eux, et le réflexe de Potter de s'interposer, ses yeux verts plantés dans les siens, sans aucune crainte.

Et les mots qu'il avait lancé à Dumbledore lui revinrent en mémoire. "Drago ne sera pas un sacrifice acceptable".

La liberté valait peut être quelques sacrifices, mais sa liberté, sa vie, ne valait pas le sang de Drago.

- Comme tu le souhaites. Le Maître verra bien que je lui suis fidèle. A lui et à lui seul. Et non pas au nouveau Ministre de la magie.

Lucius lança son verre contre le mur.

- Tu es un idiot, Severus. En tant que Ministre j'aurais pu considérablement améliorer ta vie minable. Mais tu préfères suivre ton attachement idiot à un gosse qui n'est pas le tien. Tu devrais te préparer, mon ami. Drago sera bientôt puni à la hauteur de sa trahison, et rien ne m'arrêtera.

Severus serra les poings et espéra que son geste passerait inaperçu. Pas un muscle de son visage ne tressaillit.

- Fais comme tu le souhaites. Mais tiens moi à l'écart de tes manigances mon ami. Maintenant si tu n'as plus rien à me dire, je vais retourner à Poudlard.

Lucius le fusilla du regard puis renifla d'un air méprisant.

- Je commence à me demander quel Maître tu sers...

Severus s'autorisa un mince sourire narquois.

- A bientôt, mon ami.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant