Ce n'est pas lourd. Je suis plus fort que j'en ai l'air

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Neville était né et avait grandi dans le monde sorcier. Il avait été élevé par sa grand-mère et Augusta Londubat avait toujours terrorisé son petit-fils. La femme était austère et avait des idées particulièrement arrêtée sur le genre de petit-fils qu'elle aurait aimé avoir. Malheureusement, Neville ne correspondait pas tout à fait aux critères de perfection de la vieille dame.

Il avait grandi avec le traumatisme de voir ses parents si brillants réduits à des légumes à Sainte-Mangouste. Il avait toujours cru qu'il ne serait jamais un bon sorcier. Sa grand-mère l'avait souvent regardé avec déception et il s'était convaincu qu'il ne pourrait jamais égaler ses parents. Alice et Franck étaient unanimement aimés. Lui... Il attirait la pitié des autres. Il ne suivrait pas les pas de ses parents dans la fonction prestigieuse d'Auror : il n'en aurait jamais les compétences.

Pourtant, il était plutôt heureux. Il s'accommodait d'être moyen en tout. Il avait pris l'habitude.

Jusqu'à ce qu'il participe à son premier cours de botanique et qu'il ne rencontre Madame Chourave.

La professeure l'avait fascinée et il s'était aussitôt senti à l'aise avec elle. Professeur et élève s'était entendus tout de suite.

Quand à la botanique... Il avait été pris de passion. Une passion intense et exclusive telle qu'il sut qu'il avait trouvé sa voie.

Ses camarades pouvaient se moquer de lui, de son incapacité à passer un cours de potions sans faire exploser son chaudron, de sa peut maladive du professeur Rogue, de ses notes passables en métamorphose ou en sortilèges, il était le meilleur en botanique. Il savait d'instinct reconnaître les plantes et connaissait leurs usages ou leurs effets.

Lui si trouillard était capable de dompter les plantes magiques les plus dangereuses sans inquiétude et avec une aisance incroyable.

Maintenant, le garçon pataud et peu sûr de lui s'était épanoui. Il manquait toujours terriblement de confiance en lui-même, il était toujours aussi mauvais en cours de Potions et il avait toujours aussi peur du professeur Rogue.

Mais pourtant tout était différent.

Il avait des amis. De bons amis. Il s'entendait parfaitement avec ses camarades de maisons et avait appris à comprendre les Serpentard qui s'étaient rapprochés de Harry. Il n'avait même pas hésité : son courage de Gryffondor ne lui avait pas fait défaut pour une fois.

Il n'était plus la cible de moqueries, ses compétences en botanique étaient maintenant admises par tous.

Et il y avait Pansy.

Pansy Parkinson. Serpentard. Peste à ses heures perdues.

Lorsqu'elle avait suivi Drago Malefoy auprès d'Harry, il l'avait observée de loin et évitée.

Il n'oubliait pas les moqueries de ces deux-là le concernant... Sans compter que c'était la tante de Drago qui était la responsable de l'état de ses parents. Harry lui avait juré que Drago avait changé, et il avait hoché la tête peu convaincu, avant de s'en rendre compte par lui même. Mais Pansy Parkinson... Jamais il n'aurait pensé qu'elle puisse un jour changer.

Puis il l'avait vue s'effondrer à la mort de ses parents. Et il avait entrevu le vrai visage de la jeune fille sous le masque dur des Serpentard... Elle semblait si fragile qu'il avait senti son cœur se serrer.

Il n'aurait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus farfelus qu'il pourrait un jour qualifier Pansy Parkinson d'amie. Et pourtant c'était le cas. Elle l'avait invité à danser et il avait découvert une facette qu'il ne soupçonnait pas chez elle...

Il se surprenait à apprécier l'ironie mordante de la jeune fille. Il se surprenait à avoir envie de la protéger et de la consoler.

Il avait appris à remarquer quand elle n'allait pas bien, et il n'hésitait pas à venir la voir pour lui changer les idées, sans donner de raison.

Il lui parlait d'une nouvelle plante, l'attirait dans les serres pour lui montrer une espèce rare d'orchidée ou lui demandait de l'aide pour ne pas faire exploser son chaudron en potions.

Pansy ne disait rien, ne le remerciait jamais directement. Mais ses yeux lui montraient toute la gratitude du monde.

Et puis un matin en se levant, Neville avait soudain eu une révélation.

Il était amoureux.

Amoureux fou de Pansy Parkinson, de son ironie, de sa fragilité qu'elle cachait sous un vernis d'indifférence.

Il aimait une Serpentard, une fille de Mangemorts repentis. Une membre active de l'ordre du Phénix, décidée à se battre jusqu'à la mort, animée d'envie de vengeance.

Il avait réfléchi. Longtemps.

Puis il avait demandé à voir Remus Lupin et lui avait demandé de l'aide pour être formé lui aussi.

Ses parents aussi méritaient d'être vengés, mais s'il s'impliquait autant, ce n'était pas par esprit de vengeance. C'était pour protéger la fille qu'il aimait.

Pansy n'était pas prête à l'entendre. Il savait qu'elle avait besoin d'amis et de soutien, et c'était ce qu'il lui offrait. Pour l'instant.

Perdu dans ses pensées, Neville transportait des sacs d'engrais de la cave de Square Grimmaud à une pièce qu'il avait mise en place.

Quand Severus Rogue avait parlé du manque perpétuel de potions et d'ingrédients, il avait posé des questions à Sirius. Et il s'était rendu compte qu'il pouvait rendre service à l'ordre.

Il lui avait suffi de demander l'aide d'Arthur Weasley et de Sirius et ils avaient créé une serre à l'intérieur de la maison.

C'était un paradis végétal qui leur assurait un approvisionnement constant en ingrédients pour les potions de soins et de premiers secours.

Cette initiative lui avait valu un hochement de tête appréciateur du professeur Rogue en personne et des félicitations chaleureuses de Dumbledore. Sans compter le sourire fier de Pansy quand elle avait vu le résultat.

Il sursauta en se trouvant face à la jeune fille qui occupait ses pensées.

- Pansy !

- Besoin d'aide ?

Elle lui désigna les lourds sacs d'engrais qu'il transportait.

- Ça va. Ce n'est pas lourd. Je suis plus fort que j'en ai l'air.

Pansy se mit à rire, amusée. Il n'y avait aucune moquerie dans son rire, et il ne put s'empêcher de lui sourire en retour.

- Je n'en doute pas Neville. J'ai juste envie de t'aider...

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant