J'attendrai

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Blaise Zabini était un hédoniste. Il n'était pas courageux loin de là. Il aimait trop les plaisirs de la vie pour entrer dans une guerre qui lui faisait peur.

Mais il tenait trop à sa liberté pour prendre le risque de la perdre.

La peur l'avait fait accomplir son premier acte de courage : demander de l'aide.

Drago lui avait promis que Potter l'aiderait, et le Survivant l'avait aidé. Au début, il se faisait le plus discret possible. Puis son tempérament joyeux et amical avait pris le dessus et il s'était lié avec cette bande improbable de Gryffondor.

Drago pouvait bien lever les yeux au ciel et le regarder en riant, Blaise savait que son ami s'était attaché lui aussi.

Il avait découvert l'univers du Survivant et il avait été surpris de se rendre compte que rien de ce qu'il avait pu entendre à son sujet n'était vrai. Il n'était ni imbu de sa personne ni fou. Il n'était pas mégalo ni avide de pouvoir. Au lieu de ça, c'était un garçon amical, un peu naïf, plein de bonne volonté. Mais il était doté d'un fort caractère et de courage à revendre. Il était prêt à s'impliquer pour sauver un maximum de gens, même des personnes qui ne faisaient pas partie de ses amis.

Blaise avait vite compris que Harry n'aimait pas être sur le devant de la scène. Cependant, il était un meneur né, sans même s'en rendre compte. Qu'il soit un héros ou non, tout le monde l'écoutait quand il parlait.

Il était doué pour encourager ses amis ou les rassurer. Quand il avait promis sa protection, Blaise l'avait cru et s'était senti rassuré. Ce n'est qu'en plein milieu de la nuit, après lui avoir parlé, qu'il s'était brusquement réveillé en pensant qu'il avait mis sa vie entre les mains d'un gamin de son âge. Et pourtant, à aucun moment il n'avait douté de lui ou avait eu envie de revenir en arrière.

Il avait aussi appris à connaître Hermione et son intelligence redoutable. Il l'avait pensée rigide et ennuyeuse, en tant que Miss Je-sais-tout. Il avait entendu tellement de moqueries de ses camarades de maison, sur le « singe savant » du Survivant, toujours dans les livres. Mais Hermione était tellement plus que ça.

Ron complétait parfaitement le trio. Il ne manquait pas de qualités et était un parfait stratège.

Contrairement à son ennemi, Harry avait su s'entourer en mettant à profit les forces de ses alliés. Et ses amis lui étaient fidèles sans qu'il ait besoin de le demander.

Autour de leur trio, il avait rencontré l'inimitable Neville connu pour sa maladresse, mais bien moins pour son génie en botanique. Puis il y avait Ginny Weasley.

La première fois qu'il l'avait vue, ils s'étaient ignorés. Il voyait en elle la petite sœur de Ron, groupie du survivant. Il était persuadé qu'elle les suivait à la trace sans avoir de talent particulier.

Jusqu'au jour où il avait entendu Goyle l'insulter.

Le spectacle avait été jouissif. Les yeux de Ginny avaient lancé des éclairs et deux taches rouges étaient apparues sur ses pommettes, trahissant sa colère.

Lorsque le gros garçon avait éclaté de rire persuadé d'être drôle, Ginny avait levé sa baguette en un geste élégant et lui avait lancé un sort.

C'est ce jour-là qu'il avait découvert la spécialité de Ginny Weasley : le sort de chauve-furie.

Il avait commencé à la regarder différemment. Après tout, elle savait se défendre et semblait ne pas avoir froid aux yeux.

Elle s'était attaquée à Goyle sans frémir, confiante en ses capacités.

Après cet épisode, Blaise — curieux — avait fait en sorte de se retrouver près de la jeune fille le plus souvent possible. Petit à petit, ils avaient commencé à parler tous les deux.

Un peu par hasard, ils avaient découvert qu'ils aimaient parier. C'était à ce moment que leur petit jeu avait commencé. Et probablement qu'ils étaient devenus proches.

Blaise se souvenait encore quand il avait été surpris en train d'enlacer Ginny par le propre père de la jeune fille lors de ses premières vacances à square Grimmaud... Il avait cru que la rouquine prendrait ses distances. Mais elle avait bien trop de caractère pour se laisser dicter sa conduite et l'incident était source de plaisanteries entre eux.

Ils avaient donc commencé à parier sur leurs amis, sur les couples qui étaient en train de se former tout doucement, les amitiés, les rapprochements. Sur la façon dont les choses évoluaient.

Leurs paris ne concernaient que des choses légères ou futiles. Rien de trop dramatique.

Ils s'étaient bien trouvés tous les deux. Suffisamment pour en devenir petit à petit inséparables.

Parfois, Ginny lui parlait de son enfance, bercée par les aventures de Harry Potter et son rêve de petite fille d'épouser un jour le Survivant.

Elle était tombée amoureuse d'une légende, mais le vrai Harry avait été une surprise totale. Elle devait avouer qu'elle ne l'imaginait pas tout à fait ainsi, et elle en était tombée amoureuse une seconde fois.

Pourtant, elle se rendait bien compte que Harry ne la regardait pas avec le romantisme qu'elle aurait aimé. Elle restait la petite sœur de Ron aux yeux du Survivant.

Elle avait avoué à Blaise avoir parfois envie de jeter un maléfice de Chauve-furie sur Harry pour qu'il se rende compte de son existence et du fait qu'elle n'était pas sans défense. Ce jour-là, le métis avait eu un fou rire qu'il n'avait réussi à calmer qu'au bout de longues heures — et une menace ou deux de tester en personne le fameux chauve-furie...

Elle lui répétait régulièrement qu'un jour, Harry se rendrait compte qu'elle avait toujours été à ses côtés. Blaise lui répondait alors « Et s'il lui faut des années pour le voir ? ».

Ginny souriait doucement, une lueur rêveuse dans le regard et répondait toujours « J'attendrai ».

Puis ils changeaient de conversation, pour revenir sur des sujets moins sensibles.

Un matin, Ginny était entrée dans la Grande Salle d'un pas décidé. Au lieu de se rendre à sa place habituelle table des Gryffondor, elle s'était assise à côté de Blaise, à l'écart des autres Serpentard.

Elle l'avait salué, puis l'avait regardé dans les yeux.

— J'en ai assez d'attendre.

Blaise avait souri et elle avait répondu à son sourire, joyeusement. Elle s'était levée et avait rejoint sa maison tranquillement.

Blaise, toujours souriant, avait continué son petit déjeuner, écartant les questions d'un Drago particulièrement curieux d'un haussement d'épaules.

100 façons de dire "Je t'aime"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant