Est-ce-que ça va ?

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Hermione était une fille intelligente. C'était en tous cas ce que tout le monde lui disait.

Elle avait lu tellement de livres qu'elle n'en avait plus le compte, elle avait posé tant de questions pour accumuler un maximum de connaissances et pourtant, elle se trouvait aussi démunie que ses camarades face à ses interrogations.

Elle voyait autour d'elle les couples se former petit à petit. Certains comme Blaise et Ginny ne se cachaient plus de leurs sentiments et affichaient leur bonheur sans complexes. D'autres... D'autres comme Harry et Drago ne voyaient pas eux mêmes l'évidence.

Hermione voyait autour d'elle les couples se former et elle voyait même l'évidence avant les principaux concernés. Elle observait sans un mot, accumulant les indices avant de deviner sans peine ce qui allait se passer.

Pourtant, elle se montrait désespéramment ignorante en ce qui la concernait elle. Elle avait accepté ses propres sentiments, son cœur qui battait, ses mains soudain moite et sa nervosité.

Mais lui. Lui, elle ne parvenait pas à le déchiffrer.

Et ça la rendait folle. Littéralement.

Elle arrivait à lire un regard de Drago Malefoy, le maître de l'impassibilité, sans aucune difficulté. Elle pouvait deviner ce que Théodore Nott pensait alors que tout le monde le connaissait si mal.

Mais elle était incapable de deviner les intentions de Ronald Weasley, son meilleur ami.

Quelques fois, il la regardait avec tant d'intensité qu'elle sentait une nuée de papillons se déployer dans son estomac. D'autres fois, il semblait totalement indifférent, imperméable à elle comme lorsqu'il la considérait comme son second meilleur pote.

Il soufflait le chaud et le froid, la rendant dingue. Et pourtant, il ne semblait pas le faire exprès.

Il était juste Ron, maladroit et obtus.

Hermione se frotta les tempes en laissant échapper un léger gémissement, yeux fermés.

- Hermione ? Est-ce que ça va ?

La jeune fille ouvrit les yeux pour regarder Ron, surprise.

- Quoi ?

Ron rougit et se passa la main dans les cheveux.

- Tu as l'air d'avoir mal de tête.

Les yeux ronds, Hermione dévisagea un long moment Ron. Elle cligna des yeux lentement, essayant de se demander ce qui se passait.

- Heu... un peu.

- Tu devrais te reposer.

Hermione cligna à nouveau des yeux, perplexe.

Ron se passa une fois de plus la main dans les cheveux, lui sourit et monta dans son dortoir.

Elle entendit un rire étouffé et se rendit compte que Harry l'observait en riant.

Son ami s'approcha d'elle et s'installa.

- Tu as l'air perdue.

Hermione observa Harry avec attention, puis soupira.

- Un peu.

Le survivant soupira et allongea ses jambes devant lui.

- Les choses ont changé, n'est-ce-pas ?

Hermione hésita un instant, se demandant si Harry attendait une réponse ou si c'était juste une constatation philosophique. Puis, voyant que Harry restait silencieux, elle soupira doucement.

- Tu regrettes que les choses aient changé ?

- Bien sûr que non. Mais... Tout va si vite.

Hermione se mit à rire.

- Regarde nous... Un groupe de lions et de serpents en parfaite harmonie... Aurais-tu pu croire que nous puissions être si... proches ?

Harry, sérieux, leva les yeux vers elle.

- Et bien, maintenant que tu en parles... Il y a un léger détail que j'ai omis me concernant.

Hermione hésita un instant en regardant Harry, se sentant soudain inquiète.

- Harry ? Tu es inquiétant là...

Sa remarque ramena un sourire espiègle sur le visage de Harry.

- Selon le choipeau je suis Gryffondor...

- Vraiment ? Quelle surprise ! Ça doit être pour ça que tu as été réparti à... Gryffondor !

Harry lui tira la langue avant de terminer sa phrase.

- Et Serpentard en même temps.

Cette fois-ci Hermione resta muette d'étonnement. Harry évitait son regard, restant fixée sur la flambée dans la cheminée.

- C'est une plaisanterie, n'est-ce -pas Harry ?

Une voix derrière eux la fit sursauter avec un léger glapissement.

- Bien sûr qu'il plaisante.

- Ron ! Tu m'as fait peur !

Ron l'ignora totalement, les yeux fixés sur son meilleur ami.

- Dis-lui que c'est une blague, mon pote.

Harry eut un sourire triste.

- Et bien... Ce n'est pas une blague.

Ron se laissa tomber à côté d'Hermione, stupéfait. La jeune fille gloussa nerveusement en observant tour à tour ses deux amis. D'un côté Harry, légèrement inquiet, attendant leurs réactions. De l'autre Ron, figé par la surprise.

Ron passa son bras sur les épaules d'Hermione et l'attira contre lui à la surprise de la principale concernée. Hermione se raidit légèrement avant de se laisser aller dans l'étreinte rassurante de Ron. Les paroles de Harry prirent tout leur sens.

Les choses changeaient. Hier ils étaient des enfants, découvrant un nouveau monde et l'amitié. Aujourd'hui, ils entraient doucement dans l'âge adulte, et leurs sentiments se dévoilaient doucement, transformant l'amitié en autre chose.

Hermione posa doucement sa tête sur l'épaule de Ron et attrapa à tâtons la main de Harry pour la serrer dans la sienne.

Ron enfouit son visage dans les cheveux fous d'Hermione, puis se mit à rire.

- Harry Potter, Serpentard... Ça ne m'étonne même pas de toi, mon pote...

Hermione gloussa à nouveau, se sentant soudainement parfaitement à l'aise entre ses deux amis.

- Harry ? Pourquoi as-tu attendu aussi longtemps pour nous le dire ?

Le brun haussa les épaules d'un air nonchalant.

- J'attendais le bon moment, je suppose. J'avais peur de votre réaction.

Hermione fut prise d'un fou rire, et elle sentit les bras de Ron se resserrer sur elle.

- Je crois que tu n'as plus rien à craindre de nos réactions, maintenant que nos maisons sont... intimement liées.

Ron s'étouffa soudainement aux mots d'Hermione, comme s'il se souvenait que sa propre sœur, sa petite sœur, était l'une des Gryffondor à se lier intimement avec un Serpentard.

Harry éclata de rire et salua ses deux amis avant de quitter la salle commune des Gryffondor. Hermione le regarda partir un sourire aux lèvres, persuadée qu'il allait rejoindre Drago malgré toute l'énergie qu'il mettait à le cacher.

Puis la jeune fille soupira d'aise, blottie dans les bras de Ron, convaincue d'être parfaitement à sa place.

Ron garda la jeune fille contre lui tout en lui déposant un léger baiser sur la tempe.

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