Ils étaient tous nerveux. Extrêmement nerveux.
Déjà l'annonce que Dumbledore n'était pas leur allié. Ou ne l'était plus. Qu'il avait finalement été trop loin, comme son amant Grindelwald en son temps.
Puis l'imminence de la bataille. La fin de tout. La fin d'une guerre. La fin d'une époque.
L'éclatement de leur bulle.
Ils étaient impatients et effrayés.
Impatients d'être libres. Ça serait le début d'une nouvelle ère pour eux, une nouvelle dimension à leurs relations. Vivre leur amitié et leurs amours naissants au grand jour, sans aucuns risques.
Ils étaient effrayés. Effrayés à l'idée que tout ce qu'ils avaient vécu ne puisse être qu'une illusion. Un rapprochement initié par la nécessité, des sentiments pour tromper la solitude et oublier la peur de la mort.
Lorsque MacGonagall était arrivée en courant, pâle, les cheveux défaits et bégayante, ils surent.
Elle n'eut même pas le temps de prononcer dans un murmure "C'est le moment" que Hermione était déjà en train d'écrire sur le parchemin enchanté.
"C'est pour aujourd'hui".
Une larme glissa sur la joue soudain pâle d'Hermione. Derrière elle, Ron s'approcha et l'enlaça. Il déposa un léger baiser sur sa joue, capturant la larme qui coulait.
- Ça va aller, Hermione.
Elle lui offrit un sourire triste et ils échangèrent un baiser.
Neville à l'arrivée du professeur s'était reculé pour s'approcher des fenêtres. Le regard perdu au loin, il se demanda s'il serait réellement utile.
Il s'était entraîné avec ses camarades. Il maîtrisait beaucoup de sorts mais il n'était pas capable de se battre. Il ne le pensait pas. Trop lent.
Il sentit des bras entourer sa taille. Un baiser léger se posa dans sa nuque et Neville sourit, malgré lui.
Pansy se pencha contre lui, cherchant du réconfort.
- Pansy... Sois prudente ok ?
Elle gloussa et Neville ne put s'empêcher de sourire plus largement au son de son rire. Moqueur, légèrement grinçant.
- Toi aussi, mon chou.
Neville grimaça.
- Je vais faire attention de ne gêner personne.
Elle le serra un peu plus fort et à la tension dans son corps, il devina qu'elle était en colère.
- Ne sois pas stupide - siffla-t-elle. Tu es aussi bon que n'importe lequel d'entre nous. Il faut juste que tu cesses de douter de toi-même...
Une vague de tristesse submergea Neville alors qu'il se demanda s'ils allaient tous s'en sortir.
Blaise serrait les mâchoires en écoutant et regardant autour de lui. Il était inquiet pour ses amis. Terriblement inquiet. Il s'était pris d'affection pour eux tous.
Hermione et sa façon de se réfugier dans les livres.
Ron si nonchalant. Brillant stratège mais... Si peu sûr de lui au final. Comme Neville.
Neville qui ne se rendait pas compte à quel point il était génial en Botanique. Et comme il pouvait être un combattant impitoyable pour protéger ceux qu'il aimait.
Pansy. Pansy si Serpentard, qui cachait bien son jeu. Si forte et si fragile à la fois. Une dure à cuire en apparence, pétrie d'incertitudes.
Théo qui se pensait lâche mais qui s'était montré bien plus courageux qu'eux tous en défiant ouvertement son père pour les beaux yeux de l'élue de son cœur.
Luna... Luna loufoca. D'apparence cinglée, mais probablement la plus lucide d'entre eux. Il avait bien noté ses regards inquiets, alors qu'elle pensait que personne ne l'observait.
Millicent qui avait risqué sa vie et celle de ses parents mais qui avait tenu bon. Discrète et timide. Mais Millicent s'était épanouie. Elle avait révélé tout son potentiel. Elle s'était elle même trouvée.
Eddie... Eddie qui n'aurait jamais du être là. Mais Eddie avait vu en premier le potentiel de Millie. C'était lui qui l'avait aidée à se transformer.
Ginny... Ginny, douce Ginny. La plus cruelle d'entre eux à ses yeux. Elle était à la fois sa rédemption et sa chute.
Et Harry et Drago. Les absents. Les pièces maîtresses de leur petit groupe. Inséparables. Indissociables.
Ginny regardait Blaise d'un œil inquiet, se sentant coupable. Elle savait qu'elle était la cause de sa tristesse. Il ne devait probablement même pas penser au fait que d'ici peu, ils risqueraient tous leurs vies.
Tant que les choses n'avaient été qu'un jeu entre eux, tout allait bien. Mais quand elle avait changé les règles entre eux, en lui disant qu'elle cessait d'attendre Harry, la situation lui avait échappé. Elle avait bêtement cru que rien ne pouvait atteindre Blaise, si séducteur, si sûr de lui.
Au lieu de quoi, elle avait découvert qu'elle avait le pouvoir de le détruire.
Elle aurait pu se sentir puissante, mais elle avait peur. Parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir attirer l'attention de Harry, pour voir si un jour il la regarderait. Elle n'était même pas sûre de le vouloir encore comme elle l'avait voulu au début. Parce qu'au final, il y avait Blaise, et elle se sentait bien dans ses bras.
Mais Harry était comme une drogue, dangereux et addictif. Elle ne pouvait pas juste l'ignorer.
Alors, elle s'approcha de Blaise et noua ses doigts aux siens. Il sursauta, cherchant à se dégager mais elle raffermit sa prise, essayant de masquer que son mouvement de recul lui avait douloureusement serré le cœur.
Théo échangea un sourire avec Luna. Il n'avait pas de doutes et il n'avait pas peur. Il avait choisi en toute connaissance de cause où il serait, et il n'avait pas regretté un seul instant d'avoir rejoint Harry Potter et ses amis.
D'autant plus qu'il était près de Luna, et qu'ils étaient les yeux dans les yeux, ignorant le monde autour d'eux.
Ils allaient bientôt se battre pour survivre et Théo savait avec une certitude tranquille qu'il irait jusqu'à donner sa vie pour que sa jolie Serdaigle puisse voir le soleil se lever encore et encore.
Et elle lui rendait son regard plein d'amour. Il s'étaient trouvés, et ils allaient montrer à tout le monde qu'ensemble ils seraient indestructibles.
Luna se blottit contre lui et déposa un baiser dans son cou, là où pulsait sa carotide. Il resserra son étreinte, bien décidé à ne plus la lâcher. Ni maintenant, ni plus tard.
Eddie se sentait groggy. Il les avait rejoint parce qu'il y avait Millicent. Cette drôle de fille un peu bourrue qu'il avait découverte par hasard. Il ne savait pas pourquoi il avait été attiré en premier lieu, mais il avait aimé être inclus dans leur groupe sans que personne ne remette sa présence en cause.
Il avait découvert ses camarades autrement.
Lui qui les connaissait depuis si peu de temps, lui qui n'avait jamais été pris dans aucune de leurs querelles, il avait compris une chose : Harry Potter allait battre Voldemort.
Ce n'était pas un vœux, ou un espoir. C'était une certitude.
Il y aurait peut être des morts au sein de leur groupe, même s'il espérait que tout le monde s'en sortirait. Mais au final, ils obtiendraient ce pour quoi ils se battaient.
Voldemort n'avait aucune chance, tout comme Lucius - tout Ministre qu'il fut - avait été maintenu en échec par une bande de gosses.
Ils avaient une chose essentielle : ils s'aimaient tous. Ils avaient trouvé une raison de se battre, pour eux et pour celui ou celle qui faisait battre leur cœur. Mais aussi pour leurs amis.
Il allait prendre sa baguette et rejoindre le champ de bataille, prendre place entre Millicent et Ron. Entre deux maisons autrefois rivales.
Et ils seraient tous prêt à se sacrifier pour que survivent les autres.
Eddie se retourna brusquement, et enlaça Millicent, l'embrassant vraiment comme il en rêvait pour la première fois. Elle eut un instant de surprise mais elle répondit à son baiser en posant les mains sur ses épaules.
Lorsqu'ils s'écartèrent, il nota ses joues rouges et ses yeux brillants, et il se fit une fois de plus la réflexion que la jeune fille était magnifique pour qui savait la regarder.
Il lui offrit un clin d'œil.
- Pour que tu me reviennes quand tout sera terminé.
Il entendit des gloussements autour d'eux. Mais pas de moqueries. Juste des rires affectueux, parce que leurs amis étaient heureux pour eux.
D'autres baisers furent échangés, puis des regards entre eux tous. Des regards lourds de sens. Qui hurlaient d'être prudents. De se battre. De ne pas se laisser aller.
Et les uns après les autres, ils sortirent dans les couloirs de Poudlard, se dirigeant vers le lieu où allait se jouer leur avenir.
L'Avenir.