Lucius Malefoy, actuel Ministre de la Magie après un coup d'état magistral, arriva à Poudlard comme en terrain conquis.
Il poussa les lourdes portes du château d'un geste ample, et pénétra dans le hall comme s'il était chez lui. Et il était chez lui, puisqu'il était Ministre.
Il grimaça en voyant arriver Rusard en trottinant, écœuré qu'un Cracmol puisse côtoyer les jeunes sorciers d'aussi près.
L'instant d'après, Dumbledore apparaissait, un sourire avenant sur le visage. Mais Lucius ne s'y trompa pas : l'homme avait beau se montrer accueillant, sa présence n'était pas la bienvenue.
Il se laissa entraîner jusqu'au bureau de Dumbledore.
Il exigea de voir son fils. Dumbledore resta calme.
- Et bien mon cher Lucius, Drago a cours, et il ne me semble pas judicieux de déranger son cursus.
L'homme se leva nerveusement et commença à aller et venir.
- Si j'exige de voir mon fils, Albus, vous ne pouvez pas m'en empêcher !
Dumbledore eut un petit rire.
- Les enfants qui me sont confiés attendent de moi protection et sécurité.
- Albus, dois-je vous rappeler que Drago est MON fils ?
Dumbledore gloussa.
- C'est étrange, Lucius. Les menaces de mort envers Drago provenant de votre personne n'envoient pas réellement un message clair. Vous ne croyez pas ?
Lucius était furieux et il allait et venait, en faisant de grands gestes.
En venant ici, il s'était attendu à ce que Drago lui soit immédiatement livré, parce qu'il était son père, et donc son tuteur légal.
- Peu importe, la loi...
Dumbledore l'interrompit à nouveau.
- La loi sorcière place la protection des enfants avant tout. Si les parents sont défaillants en mettant les enfants en danger, l'autorité est transférée vers un tiers. C'est ce qui s'est passé avec Drago.
Lucius grogna, agacé.
- Il est recherché en tant que criminel.
- Mais il est mineur.
Dumbledore souriait, savourant sa victoire.
Lucius bouillait littéralement, les joues empourprées, allant et venant rapidement en faisant de grands gestes.
Mais Drago était pour l'instant hors de portée.
Lucius se reprit.
- Bien. En tant que Ministre de la Magie, j'exige d'inspecter la maison Serpentard. Ce sera le Directeur de cette maison qui fera le nécessaire.
Dumbledore se figea, essayant de ne pas montrer son inquiétude. Puis il se reprit et masqua son trouble derrière un grand sourire avenant.
- Bien entendu, Lucius. Je vais faire appeler Severus.
- Non. J'irais le rejoindre. Après tout, ce n'est pas comme si je ne connaissais pas le chemin, n'est-ce-pas ?
Sur ces mots susurrés mielleusement, Lucius sortit vivement du bureau directorial.
Il parcourut à grands pas les couloirs de Poudlard, où il avait été lui-même étudiant quelques années auparavant, ignorant qu'en ce moment même, deux paires d'yeux suivaient attentivement ses mouvements sur la carte des Maraudeurs.
Devant l'entrée de la maison Serpentard, il vit Severus Rogue le rejoindre, le visage fermé, ses capes noires flottant autour de lui.
- Severus.
- Lucius. Que me vaut le plaisir ?
Les deux hommes se toisèrent un instant en silence.
- Je viens inspecter la maison Serpentard. Et ramener Drago dans le droit chemin.
Severus pinça les lèvres.
- A cette heure, il doit être en classe.
Lucius eut un rire amusé.
- Oh je suppose que ce bon vieux Dumbledore a fait le nécessaire pour le mettre à l'abri. Crois-moi il n'est pas en classe.
Severus pinça les lèvres sans répondre, observant son vis à vis.
Lucius leva un sourcil impatient.
- Et bien, Severus ? Tu ouvres ou pas ?
- Je... Lucius, je ne suis pas sensé faire ça. Je ne veux pas risquer la colère du Maître si jamais je me faisais sanctionner pour t'avoir laissé entrer ici...
- A qui es-tu fidèle Severus ? Ne t'en fais pas, le vieux fou est au courant. N'oublies pas qu'en tant que Ministre, j'ai l'accès au moindre recoin ce cette école.
Severus, lèvres pincées, hocha la tête.
- Suis-moi Lucius.
Ils entrèrent dans la maison Serpentard.
Lucius regarda autour de lui avec un demi-sourire et resta immobile un instant dans la salle commune. Il n'y avait aucun élève, comme si tout le monde s'était donné le mot.
Puis avec un soupir, il s'éclaircit la voix.
- Le dortoir de Drago ?
Severus pinça les lèvres un peu plus.
- Par ici Lucius.
Ils entrèrent dans le dortoir, et Lucius fronça les sourcils face à Crabbe qui regardait un magasine sur son lit.
Puis il regarda autour de lui en faisant une moue dégoûtée face au désordre des garçons de la chambrée : vêtements sale au sol, malles grandes ouvertes, lits encombrés de livres, bureaux disparaissant sous les parchemins.
- Où est mon fils ?
Severus resta silencieux et Crabbe, s'apercevant de la présence de son directeur de maison et de Lucius Malefoy se redressa brusquement, pâlissant légèrement.
- Il n'est pas là, Monsieur.
Lucius se tourna vers lui, les sourcils froncés.
- Pas là ? Et où est-il ?
Crabbe haussa les épaules d'un air nonchalant.
- Chai pas.
Severus se gratta la gorge, mécontent de la façon de parler de l'adolescent. Lucius lui jeta un regard polaire.
- Est-il possible d'avoir plus de précisions, Monsieur Crabbe, où est-ce hors de votre portée ?
Le gros garçon s'empourpra légèrement et eut soudain l'air mal à l'aise. Il se leva et se dandina. Lorsqu'il reprit la parole, sa voix était bien moins assurée.
- Il a quitté le cours avec Potter. Je suppose qu'ils sont encore ensemble quelque part.
Lucius serra les poings, énervé.
- Incapable ! Vous étiez censé l'amener ici et le retenir !
Lucius jeta un bref regard vers Severus, qui n'avait pas sourcillé devant la révélation du coup monté orchestré par l'homme.
Crabbe bégaya lamentablement.
- Mais... Mais il est parti pendant le cours, et nous étions avec la vieille McGo. Elle avantage toujours les Gryffondor.
Lucius renifla, méprisant.
- Je me suis toujours demandé comment vous aviez pu être réparti dans la maison de la ruse, Monsieur Crabbe.
Lucius donna un coup de canne dans un des lits avant de faire demi-tour pour partir à grands pas, furieux.