CHAPITRE IX - LE REQUIN, L'OURS ET LE SERPENT

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- Ta mignonnerie n'y changera rien, l'oiseau ! cria-t-elle, à présent rouge comme une tomate, tandis qu'il s'envolait en vitesse, paniqué.

Malgré son attitude froide et fermée, elle avait donc un faible pour les petits animaux. Alors que cette pensée amusait Arthur, Jun s'approcha, et planta dans la table à côté de lui son couteau, dont la lame s'enfonça de quelques centimètres dans le bois. Elle lui glissa ensuite à l'oreille :

- Second ou pas, cette cuisine est mon domaine, je n'ai pas d'ordre à y recevoir. C'est clair, blondinet ?

Il l'observa attentivement : ses yeux et cheveux, d'un noir intense, contrastaient avec sa peau blanche comme la neige. Comme elle avait tendance à marmonner, il n'avait jamais vu ses dents, qui étaient pointues et qu'il devinait tranchantes. A vrai dire, elle l'intimidait, car il avait l'impression d'être face à un véritable requin. Elle reprit son couteau et retourna à son plan de travail.

- Tu n'as qu'à éplucher les carottes, si tu ne sais pas quoi faire.

Arthur sourit en silence. Il retira sa veste, saisit un économe, et se plaça à côté de la jeune femme. Sans même lui jeter un regard, elle murmura, à demi-mot :

- Merci pour hier. Vous n'étiez pas obligés de tous prendre ma défense.

Le sourire du jeune homme se fit plus grand encore. Il savait à quel point ce remerciement coûtait à sa camarade, et voyait en lui la première fissure de sa carapace qui bientôt cèderait. Il décida de ne pas en rajouter, et commença à éplucher les carottes pour le repas du midi.

...

Ils déjeunèrent tous ensemble un délicieux bœuf aux carottes. Jamais Arthur n'avait mangé un plat aussi savoureux. La viande, tendre et délicatement relevée, était cuite à point, tandis que les carottes, tranchées finement, fondaient sur la langue. Il était fier d'avoir contribué à cette franche réussite, et sentit une complicité naissante dans le regard satisfait qu'il échangea avec Jun. Jorge et Haru n'eurent pas la chance d'y goûter tout de suite, car ils devaient rester à leur poste pour assurer la sécurité du groupe. A la fin du repas, Myr les félicita en s'essuya la commissure des lèvres avec sa serviette. Puis, il considéra le problème des roulements : le timonier et la vigie ne pouvaient pas rester en poste à longueur de journée, et devaient être remplacés de temps en temps. Ainsi, Jorge assurerait son poste de six heures à quatorze heures, puis de dix-huit heures à minuit, et serait remplacé par Zell ou Myr, successivement. Haru, quant à elle, serait en poste de six heures à quinze heures puis de vingt heures à minuit. Elle serait ensuite remplacée par Arthur ou Jun. Grâce à ce système, chaque membre de l'équipage travaillerait entre huit et douze heures par jour, et s'assurerait un temps de repos minimal.

Après le repas, Myr fit sortir Arthur et Zell de la cuisine, car il souhaitait s'entretenir quelques temps avec Jun. Ils rejoignirent Jorge, à la barre, et le découvrir plus concentré qu'ils ne l'avaient jamais vu.

- Tu t'en sors ? lui demanda Zell en lui tapant dans le dos.

Le grand bonhomme afficha un sourire radieux :

- Evidemment ! J'adore naviguer, pour moi ça n'a rien d'un calvaire, c'est une passion.

- Où as-tu pris cette habitude ? Je croyais que tu avais grandi au G2, lui répliqua Arthur, curieux.

- Non, non. Je ne suis arrivé au G2 qu'à mes treize ans. Je suis né à Kokoo, sur West Blue, mais je suis parti vivre à Bongok, chez mon oncle, lorsque mes parents sont morts. C'était un pêcheur de crevettes, mon oncle, et je l'aidais à diriger son bateau pendant qu'il balançait le filet en mer. C'est à mes quatorze ans que j'ai décidé de rejoindre la Marine, mais une fois qu'on a pris l'habitude de naviguer, ça ne s'oublie pas ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça m'avait manqué !

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IWhere stories live. Discover now