CHAPITRE LXII - LE SECRET DE JUN

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Le septième et avant dernier combat était un duel de cuisiniers auquel Jun aurait voulu prendre part : le lieutenant Vilot, de l'équipe B, affrontait le lieutenant Omar, de l'équipe C. A l'inverse du combat opposant Kaju Da et Charlie Blue, les deux adversaires n'avaient pas attendu une seconde pour se jeter l'un sur l'autre.

Vilot était un jeune homme rapide et extrêmement agile, et l'on devinait sous sa casquette un regard perçant. Dès les premières minutes, il avait révélé son plus grand atout : tout comme Hana, la tête pensante de son équipe, il possédait un fruit du démon. Alors qu'il bondissait dans les airs, ses jambes s'étaient allongées, sa peau avait pris une teinte verdâtre et sa langue s'était étirée hors de sa bouche.

- Le fruit du batracien, le modèle rainette, qui plus est ! s'était écriée Jun.

- La vache... Tu connais tous les fruits du démon, toi ? avait demandé Zell en la toisant du coin de l'œil.

- Les rainettes sont des grenouilles plutôt rares, là d'où je viens. Les cuisiniers se battent pour en acheter sur les marchés, et seuls les chasseurs les plus aguerris parviennent à les attraper dans les marais. N'importe quel cuisinier reconnait ce genre de pouvoirs au premier coup d'œil !

- C'est donc un Zoan, comme Jorge, commenta Arthur. Je ne savais pas qu'il se déclinait en plusieurs formes.

- Eh si ! confirma Jun. Jorge a mangé le fruit de l'ours, mais j'ignore de quel modèle il s'agit. Peut-être l'ours brun, ou l'ours noir...

Tandis que Vilot bondissait dans les airs pour esquiver les attaques de son adversaire, Jun poursuivait la description de l'animal : la détente et l'agilité du batracien lui permettaient de faire des bonds prodigieux, et sa langue pouvait s'étirer sur plusieurs mètres pour attraper des proies. Au-delà de ça, la rainette ne possédant pas de venin, ses capacités défensives étaient plutôt limitées.

Omar, face à lui, n'en menait pas large. Bien qu'il fut beaucoup plus grand et costaud, il était dépassé en termes de rapidité, ce qui permettait à Vilot de prendre l'avantage. Déjà, sur sa peau tannée, on voyait poindre de grosses gouttes de sueur.

Le jeune cuisinier maniait un taiaha, une longue masse couverte d'os et de plumes, sans doute très dangereuse : mais pour blesser son adversaire, fallait-il encore pouvoir le toucher. Alors qu'il se jetait vers l'avant, l'arme à la main, Vilot bondit de nouveau dans les airs et projeta sa longue langue.

- Javelot lingual ! s'écria-t-il.

Pour se défendre, Omar brandit sa masse comme un bouclier,  l'appendice de Vilot la frappa plutôt que lui et s'enroula tout autour.

- Ah ! Voilà ta langue bloquée, sale bête ! ricana Omar en tirant sur sa masse pour attirer son adversaire à lui.

Le sourire de Vilot n'en fut que plus grand. Il tourbillonna dans les airs et son adversaire, qui pensait avoir le dessus, fut tiré jusqu'à lui en un instant.

- Quelle force ! s'écria Haru depuis la loge. La langue de cette grenouille doit être particulièrement musclée !

Plutôt que de lâcher son arme, Omar se laissa entraîner vers son adversaire, comme aspiré par celui-ci. Vilot leva alors sa longue patte athlétique au-dessus de sa tête et cria :

- Frog Axe Kick !

Son pied visqueux s'écrasa contre le crâne de Omar et le projeta contre le sol de l'arène où il demeura inerte. Les infirmiers accoururent et parurent, pour la première fois, s'inquiéter : le pronostic vital d'Omar n'était pas engagé, mais Vilot n'y était pas allé de main morte. Pourtant, sans même s'excuser, il quitta l'arène sous un tonnerre d'applaudissements.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant